Support de rail pour voie sans ballast
La présente invention concerne un support de rail ferroviaire pour voie sur dalle, c'est-à-dire sans ballast. De telles voies sont utilisées notamment dans les tunnels.
De manière générale et connue en soi, un support de rail ferroviaire est composé d'un bloc de béton ou blochet dont la partie supérieure est pourvue de moyens de fixation du rail. La forme de la partie inférieure du bloc de béton est, quant à elle, conçue de façon à s'adapter à la forme d'une enveloppe en élastomère aussi appelée chausson. Il est fréquent de disposer entre la face inférieure du bloc de béton et le fond de l'enveloppe, une semelle en élastomère dont la surface est sensiblement égale à la surface de la face inférieure du bloc. Cette semelle possède une élasticité adaptée à la nature du trafic sur la ligne pour atténuer les vibrations émises lors du passage d'un train et conférer à la voie une souplesse en compression dans le sens vertical. Une telle souplesse peut aussi être obtenue au moyen de reliefs du type cannelures, présents sur le fond de l'enveloppe.
La pose en voie de ce système s'effectue en différentes phases successives : la première phase est la phase de fixation du rail sur le support d'une part et l'encastrement de l'enveloppe sur le support d'autre part. La seconde phase est la phase de positionnement de l'assemblage formé par le rail, le support et l'enveloppe pour obtenir le tracé de voie souhaité. La troisième phase est la phase de scellement de la voie par bétonnage qui fige définitivement la position de la voie.
L'utilisation de ce type de support peut être jugée techniquement satisfaisante mais présente certains inconvénients.
D'abord, les dimensions extérieures des blocs en béton peuvent varier sensiblement d'un bloc à l'autre, notamment à cause du phénomène de retrait qui se produit lorsque le béton sèche et durcit. Cette variation pose problème lorsqu'on souhaite remplacer un support défectueux ou endommagé, suite à un déraillement par exemple, par un autre support. En effet, il se peut que dans ce cas les dimensions du nouveau support ne permettent pas d'entrer correctement dans l'empreinte laissée dans la cavité de la dalle par l'ancien support.
Actuellement, on remédie à ce type d'inconvénient en fabriquant spécialement des blocs de béton de plus faibles dimensions et
en coulant de la résine dans l'espace laissé entre l'extérieur du bloc et l'intérieur de l'empreinte laissée dans la dalle par l'ancien support.
La seconde raison, d'ordre économique, est que les supports en béton ont un poids tel que le transport sur de grandes distances présente un handicap en terme de coût de tansport ; un palliatif serait de fabriquer les supports à proximité du lieu de pose de la voie mais cela suppose un transfert de savoir-faire et de matériel dont le coût n'est pas toujours compatible avec le chantier considéré, notamment lorsqu'il s'agit de la construction de lignes de métro, en raison de la taille du chantier, ou de celle d'une ligne ferroviaire dans un pays sous équipé.
La présente invention a pour objet de remédier aux insuffisances des solutions existantes évoquées ci-dessus.
Ce but est atteint conformément à l'invention au moyen d'un support de rail ferroviaire pour voie sur dalle comprenant un bloc de matériau moulé dont la partie supérieure est pourvue de moyens de fixation du rail, encastré dans une enveloppe formant chausson comprenant une paroi verticale et un fond, ladite enveloppe étant elle- même logée dans une cavité de ladite dalle, caractérisé en ce que ledit bloc est moulé dans une coque rigide dont la forme et les dimensions extérieures sont adaptées aux dimensions intérieures de l'enveloppe, la face inférieure de l'ensemble constitué par le bloc et la coque rigide, formant blochet, reposant sur le fond dudit chausson.
Le blochet ainsi constitué peut reposer directement sur le fond du chausson éventuellement avec interposition d'une semelle relativement souple, si nécessaire. On garantit ainsi la possibilité de remplacement du blochet par simple substitution.
Cette dernière possibilité, en cas d'endommagement du support, suite à un déraillement par exemple, évite d'avoir recours à des supports de dimensions réduites spécialement moulés pour l'occasion. De plus, la coque rigide étant utilisée comme moule perdu, la fabrication des supports selon l'invention demande un savoir-faire moindre et moins de matériel spécifique. L'obtention de cette coque par découpage à longueur d'un tube d'acier par exemple, simplifie encore la fabrication et permet d'avoir recours à une main d'ceuvre moins qualifiée.
Selon un mode de réalisation préféré de l'invention, une ou plusieurs grilles de renforcement sont solidarisées à la coque rigide et
noyées dans le bloc de matériau moulé. Ceci permet d'éviter la désolidarisation de ces deux derniers éléments dans l'éventualité d'un phénomène de retrait du matériau moulé lors du séchage.
Par ailleurs, il a été constaté que des supports de forme parallèlépipèdique utilisés pour des voies posées en courbe étaient soumis à des contraintes transversales s'exerçant du rail vers l'enveloppe en élastomère, via le bloc de matériau moulé. Afin d'assurer une meilleure répartition de ces contraintes sur l'enveloppe, le support de rail ferroviaire selon un mode préféré de mise en œuvre de l'invention est tel que la section horizontale du contour extérieur de la coque rigide présente une forme curviligne, par exemple circulaire. Dans ce dernier cas, on procède avantageusement à la découpe de la coque dans un tube à section circulaire, métallique, de préférence en acier.
L'invention et ses avantages seront mieux compris à la lecture de la description détaillée d'un mode de réalisation préféré de l'invention. La description qui suit se réfère aux dessins annexés sur lesquels : la figure 1 représente une coupe transversale, du support de rail ferroviaire selon l'invention ; selon la ligne I-I de la figure 2 ; la figure 2 représente une vue de dessus d'un tel support ; la figure 3 est une vue en perspective éclatée de certaines parties d'un support de rail selon un second mode de réalisation conforme à l'invention ; la figure 4 est une vue en coupe de ce second mode de réalisation ; et la figure 5 illustre une autre variante, vue de dessus.
Le support tel que représenté comprend un bloc de matériau moulé 1, du béton dans l'exemple décrit, dont la partie supérieure est pouvue de moyens de fixations 2 du rail 7. Ces moyens de fixations comprennent un tire-fond 3 à filetage externe destiné à venir se fixer par vissage dans un élément femelle, sorte de cheville 4 à filetage interne, une lame ressort 5 en acier et une bande 6 en élastomère présentant des cannelures longitudinales pour permettre une souplesse en compression lors du passage du train. La partie inférieure du rail 7 est maintenue entre la partie supérieur de la cheville 4 et la bande 6 en élastomère par serrage de l'élément mâle 3 dans l'élément femelle 4. La lame ressort 5 sert à
transmettre l'effort de serrage sur le talon 13 du rail 7, tout en répartissant l'effort sur une certaine surface.
Ce support est encastré dans une enveloppe 8, elle-même logée dans une cavité de la dalle 9. Le fond 8a de l'enveloppe 8 présente des cannelures 14 radiales destinées à apporter une souplesse en compression à l'enveloppe pour atténuer les vibrations émises lors du passage d'un train. Le bloc de matériau moulé 1 est entouré d'une coque rigide 10, sorte de moule perdu dans lequel a eu lieu le moulage dudit bloc. L'ensemble forme un blochet qu'il peut être nécessaire de chaNger en cas de détérioration de la voie. Le blochet repose sur le fond du chausson. Une grille de renforcement 11, solidaire de la coque rigide 8 est noyée dans le bloc de matériau moulé 1.
Selon une caractéristique avantageuse de l'invention, l'extrémité de la coque rigide 10 possède un chanfrein 12 facilitant son encastrement dans l'enveloppe 8. Dans l'exemple des figures 1 et 2, la section horizontale du contour extérieur de la coque rigide, représentée sur la figure 2, est circulaire et obtenue par découpage à longueur d'un tube métallique, de préférence en acier. Une section curviligne non circulaire pourrait toutefois convenir. De plus, l'extrémité supérieure de ladite coque rigide 10 présente avantageusement deux échancrures diamétralement opposées permettant le passage du rail 7.
Sur les figures 3 et 4, les éléments de structures analogues à ceux du mode de réalisation des figures 1 et 2 portent les mêmes références numériques et ne seront pas décrits en détail à nouveau.
Comme dans l'exemple précédant, la forme et les dimensions extérieures de la coque rigide 10 sont adaptées aux dimensions intérieures de l'enveloppe 8 et la face inférieure de l'ensemble constitué par le bloc de béton et la coque rigide reposent sur le fond 8b de l'enveloppe 8.
Dans cet exemple, le fond 8b est muni de plots 20 venus de moulage, qui jouent le même rôle que les cannelures 14. Le nombre et les dimensions de ces plots peuvent être adaptés en fonction de l'élasticité que l'on désire donner au fond du chausson, sur lequel repose l'ensemble formant le blochet, constitué par le bloc de béton 1 et la coque rigide 10. L'enveloppe elle-même est classiquement en matériau synthétique, par exemple en élastomère ou analogue, comme dans le cas du mode de réalisation précédent.
De plus, la paroi verticale 22, globalement cylindrique, présente des nervures verticales 24 chanfreinées à leurs extrémités supérieures, ce qui facilite l'introduction et le glissement de la coque rigide 10.
En outre, le bord de l'enveloppe 8 formant chausson comporte un anneau 26 conformé pour recevoir un collier de serrage 28. Cet anneau est raccordé au reste de la paroi verticale par une partie annulaire amincie 30. L'anneau 26 est pourvu extérieurement de segments 32 décalés axialement et circonferentiellement et définissant entre eux le logement du collier de serrage 28. Ce dernier permet d'assurer l'étanchéité entre la paroi extérieure cylindrique de la coque rigide 10 et le chausson, empêchant l'infiltration d'eau entre ces deux éléments. Si, à la suite d'un incident, il est nécessaire de remplacer le blochet, il suffit de démonter le collier et d'extraire ledit blochet verticalement en le faisant coulisser dans le chausson.
Dans l'exemple des figures 3 et 4, la coque rigide 8 est en matière plastique moulée.
Des moyens de clipsage 36 sont venus de moulage avec la coque rigide 10 et fond saillie à l'intérieur de celle-ci. Les extrémités d'une grille de renforcement 11 peuvent s'engager dans ces moyens de clipsage, ce qui permet une mise en place immédiate de ladite grille (aucune soudure n'est nécessaire comme dans l'exemple précédent) avant de couler le béton dans ladite coque rigide formant moule perdu.
Bien entendu, le chausson 8 représenté à la figure 3 peut parfaitement recevoir une coque rigide métallique comme celle décrite en référence aux figures 1 et 2.
Dans les exemples précédents, la coque rigide 10 et le chausson 8 sont globalement cylindriques à section circulaire. Cependant, on a vu qu'une section curviligne non-circulaire était possible, de préférence à toute forme parallélépipèdique, pour assurer une meilleure répartition des contraintes sur l'enveloppe. Parmi les formes simples et avantageuses, on peut choisir une forme ovale. Dans ce cas, les sections horizontales de la coque rigide 10 et du chausson 8 ont un contour ovale, la plus grande dimension du support s'étendant sensiblement perpendiculairement au rail. Cette forme avantageuse est illustrée sur la figure 5.
De même, d'une façon générale, pour faire en sorte que le bloc de béton dans sa coque rigide travaille essentiellement en compression, on peut prévoir que sa dimension transversale soit notablement plus grande que sa hauteur. En pratique, la dimension transversale sera au moins environ le double de la hauteur.