CHAUSSURE A SEMELLE ANTIDERAPANTE
DOMAINE DE L 'INVENTION
[0001] La présente invention est relative aux chaussures équipées d'une semelle destinée à leur conférer un bon contact antidérapant avec une surface de travail qui peut être rendue glissante par des matières étrangères liquides ou solides. Elle vise les chaussures de travail ou les chaussures de sport, par exemple, qui requièrent de bonnes qualités d'adhérence sur des sols naturellement glissants, des revêtements très lisses, naturels ou synthétiques, tels que le matériau Linoléum
(marque déposée), les carrelages vernissés, la pierre polie, les surfaces métalliques, surtout lorsque ces surfaces sont humides ou mouillées par un liquide (eau, huile, sang, etc), voire recouvertes par des flaques de liquide, ou encore polluées par d'autres types d'impuretés, telles que de la boue ou de la glace.
ÉTAT DE LA TECHNIQUE
[0002] Les chutes occasionnées par des glissades involontaires constituent une des causes les plus fréquentes et les plus graves d'accidents, de nos jours. C'est particulièrement vrai pour les accidents du travail et les spécialistes se sont penchés depuis un certain temps sur la recherche de solutions visant à diminuer la fréquence et la gravité de ces accidents. Plusieurs fabricants de chaussures de sécurité, notamment, ont déjà mis sur le marché des chaussures munies d'une semelle conçue pour offrir de bonnes propriétés antidérapantes. Les caractéristiques d'adhérence des chaussures sont également très recherchées dans de nombreux domaines du sport.
[0003] L'état de la technique documenté décrit aussi d'assez nombreuses réalisations visant le même objectif. Le modèle déposé aux Etats-Unis d'Amérique sous le N° US D446912S offre un bon exemple illustré par la figure 1 de dispositions proposées pour renforcer l'adhérence des semelles de chaussures comportant une semelle relativement souple ou flexible dotée de motifs de sculpture qui présentent des arêtes aptes à couper ou casser les films liquides qui peuvent recouvrir le sol d'une surface destinée aux piétons. Ces motifs comportent typiquement notamment des pains de matériau élastomère, par exemple en caoutchouc, juxtaposées dans la surface de la semelle de façon à remplir par exemple toute la partie supportant l'avant du pied et dans certains cas également toute la surface du talon. Ces pains ont une forme carrée et sont
disposés en diagonale c'est-à-dire qu'ils possèdent tous une diagonale dans la direction longitudinale de la semelle. Les pains sont alignés pour former des rangées séparées par des ramures étroites de largeur uniforme qui forment donc un réseau de canaux qui se coupent à angle droit. Chaque pain est en outre divisé en quatre morceaux par deux fentes (ou lamelles selon un usage courant) à angle droit et parallèles aux bords du pain en formant ainsi quatre pavés élémentaires. Ces fentes sont destinées à augmenter la souplesse ou flexibilité transversale de chaque pain de la sculpture donc de la semelle en général et contribuent aussi à la rupture des films de liquide. Préférentiellement, la profondeur de chaque fente est inférieure à celle des rainures et encore plus préférentiellement comprise entre 20% et 80% de la profondeur des ramures.
[0004] Dans le document de brevet US7146752 est décrite une semelle de chaussure qui comporte également des alignements réguliers de pains en élastomère qui se projettent à partir de la surface de base de la semelle en direction du sol. Les pains sont constitués par des motifs en forme d'étoile à quatre branches qui sont orientées sensiblement dans la direction longitudinale, dans un sens, et dans la direction transversale, dans l'autre. Ces pains sont alignés suivant des rangées diagonales sensiblement à 45 degrés par rapport à la direction longitudinale, qui délimitent entre elles des ramures pour l'évacuation des liquides et des matières étrangères déplacées par les pains lors de la progression de la chaussure sur le sol. Pour accroître la pénétration des arêtes en bord de pain dans les matières recouvrant le sol, il est prévu que la distance entre le sommet des pointes à l'extrémité des branches de chaque étoile et la surface de base de la semelle est supérieure la hauteur de la surface centrale de chaque pain au dessus de cette surface de base ; une autre option citée dans le document est que cette surface soit elle-même dotée d'une concavité qui se termine en bordure du pain par une arête dont la section forme un angle aigu.
[0005] Le document de brevet US 7310894 illustre aussi une chaussure antidérapante pour la douche, dont la semelle est trouée par des ouvertures destinées à laisser l'eau circuler à travers la semelle, mais qui comporte aussi des pains de contact séparés par des rainures et divisés en outre par des fentes. Ces fentes ou incisions permettent d'accroître la déformation du matériau du pain lors du contact avec le sol. Dans une réalisation, les pains ont une forme polygonale découpée en secteurs par des fentes d'évacuation rayonnantes à partir du centre du pain vers les sommets du polygone.
[0006] On obtient des résultats appréciables en adhérence avec ces différents types de sculptures selon l'art antérieur. Cependant, les études systématiques menées sur les chaussures antidérapantes par les demandeurs montrent qu'il est encore possible d'accroître le pouvoir antidérapant des semelles en fonction de la variété des risques de glissades et des circonstances parfois difficiles à prévoir susceptibles de les provoquer. Des progrès restent donc à faire.
[0007] La présente invention vise à améliorer la prévention des glissades et limiter les dérapages auxquels peuvent être confrontés les utilisateurs, même équipés de chaussures spéciales, sur des sols glissants. En outre, comme dans tous les cas où l'utilisation d'un objet vise à l'obtention d'un compromis entre des performances, une telle amélioration de la sécurité doit être obtenue en respectant les autres performances, telles que l'usure sur usage, le confort et le respect de l'intégrité des surfaces en contact. L'intégrité des surfaces en contact nécessite notamment que le moins possible de petits objets (tels des petits cailloux) ne puissent être captés et retenus dans les ramures ou creux formés dans le dessin de sculpture de la semelle.
BREF EXPOSÉ DE L 'INVENTION
[0008] A cet effet, l'invention a pour objet une chaussure de sécurité à propriétés antidérapantes renforcées pour les cas d'interfaces entre la semelle et le sol particulièrement glissants, notamment en présence d'une matière étrangère intermédiaire. Cette chaussure comprend une semelle comportant une base en matériau élastomère, cette semelle présentant une face supérieure et une face inférieure, la face supérieure étant destinée à supporter le pied de l'utilisateur de la chaussure.
[0009] Selon l'invention la chaussure comprend une semelle comportant une base en matériau élastomère dont une zone au moins est garnie de pains de contact qui émergent de sa face inférieure de manière à venir en contact avec le sol, et dans laquelle ces pains de contact sont séparés les uns des autres par des rainures délimitant, sur chaque pain de contact, des étraves à angles vifs c'est-à-dire inférieurs à 75 degrés. La face de contact de chaque pain a la forme d'une étoile à au moins cinq branches réparties sur le contour de ladite face de contact ; chaque étrave est séparée de sa voisine sur le pain par un retrait en direction du centre de la forme en étoile. Cette semelle est caractérisée en ce que pour une pluralité de premiers pains de contact de ladite zone, chacun desdits premiers pains de contact présente au moins un couplage étrave-retrait d'une première étrave avec un retrait séparant deux étraves voisines dans le contour d'un deuxième pain de contact voisin du premier pain dans ladite zone. Par couplage étrave-retrait, on entend ici que l'extrémité
d'une étrave d'un premier pain de contact est positionnée au voisinage d'un retrait entre deux étraves d'un deuxième pain voisin et à l'intérieur du cercle circonscrit audit deuxième pain. L'extrémité d'une étrave peut prendre la forme d'une pointe formée par l'intersection entre deux faces ou encore être de forme tronquée.
[0010] Pour la commodité de référence, lorsque deux pains sont dans la condition décrite par la phrase précédente, on dira qu'ils sont en situation de "couplage", par analogie avec le cas d'un engrenage dans lequel une dent d'un premier pignon est engagée dans l'espace défini par le retrait entre deux dents d'un second pignon voisin couplé avec le premier.
[0011] Selon une variante complémentaire, ledit premier pain possède au moins un retrait séparant deux étraves voisines dans le contour du pain, qui délimite un espace de la rainure correspondante dans lequel est engagée une étrave d'un deuxième pain voisin dans ladite zone.
[0012] En outre, selon un mode de réalisation, chaque premier pain présente (i) au moins deux couplages de ses étraves avec des retraits séparant des étraves voisines dans le contour de pains voisins et (ii) au moins deux couplages entre ses retraits entre des étraves voisines dans son contour avec des étraves de pains voisins.
[0013] L'agencement mutuel des motifs en étoile selon l'invention présente aussi l'avantage de conférer à la semelle une bonne résistance à la rétention de corps étrangers tels que des cailloux dans les ramures de la sculpture, grâce à la disposition tête-bêche des bras ou étraves en position de couplage étrave-retrait dans lesdites ramures. Grâce à la souplesse de flexion des étraves, l'éjection des corps étrangers (tels des petits cailloux) est favorisée.
[0014] On conçoit que grâce aux caractéristiques selon l'invention qui viennent d'être définies, on puisse augmenter la densité de distribution des pointes ou extrémités d'étraves dans une zone de semelle, de même que la densité des arêtes en bordure de pain le long des rainures, ce qui est favorable à l'adhérence, tout en diminuant le taux d'entaillement de la sculpture garnissant la semelle dans cette zone. Dans les développements qui suivent on utilise l'expression "taux d'entaillement" d'une sculpture comprenant des pleins de gomme dessinant des motifs à la surface et séparés entre eux par des creux, pour désigner le rapport entre la surface unitaire des creux de la sculpture à la surface unitaire totale de celle-ci dans une vue en plan d'un échantillon de cette sculpture. Plus le taux d'entaillement est faible et plus l'aire de matériau constitutif des pains en contact avec la surface support est grande. Or, plus cette aire de contact est grande et plus la
pression d'appui du matériau est faible, ce qui est un gage d'une meilleure adhérence et d'une meilleure résistance à l'usure de la semelle.
[0015] En outre, conformément à une caractéristique complémentaire de l'invention, on augmente la résistance à la rétention de corps étrangers en orientant les parois latérales délimitant des étraves de manière à ce qu'au lieu d'être strictement perpendiculaires à la base de la semelle, elles soient tournées légèrement vers l'extérieur de la semelle avec un angle de dépouille qui tend à chasser vers l'extérieur de la semelle les corps étrangers qui viennent à leur contact et pourraient avoir tendance à venir se coincer entre deux parois opposées de part et d'autre de la rainure. Selon une disposition améliorée, on prévoit en outre de faire varier cet angle de dépouille le long de l'étrave de chaque pain pour accentuer l'instabilité du coincement et favoriser ainsi l'éjection des corps étrangers. On peut prévoir également de former des bossages servant de chasse-pierre faisant saillie sur le fond de ramure, au carrefour des rainures.
[0016] Dans une forme de réalisation, la zone de la semelle considérée est garnie d'une pluralité de premiers pains, chaque premier pain est entouré d'au moins quatre deuxième pains répartis à sa circonférence, chacun en position de couplage avec le premier pain. Chacun de ces deuxièmes pains est lui-même entouré par un ensemble d'au moins quatre pains, en incluant ledit premier pain, avec lesquels il est en position de couplage. On parvient par conséquent à obtenir une densité élevée de garnissage de la semelle avec des pains de sculpture de manière à obtenir un grand pouvoir d'accrochage et un taux d'entaillement réduit. Les pains de la zone considérée réalisent un recouvrement serré de la semelle avec des pointes propres à entailler les matières interposées entre le sol et la semelle dans une multitude de directions. Grâce à l'arrangement préconisé ce résultat est atteint sans dégrader les autres performances attendues de la chaussure dans l'application recherchée.
[0017] Des résultats très intéressants ont été obtenus notamment avec des chaussures munies d'une semelle dans laquelle chaque premier pain dans la zone comporte six étraves et est entouré par un ensemble d'au moins six deuxièmes pains voisins répartis le long de sa circonférence. De préférence, chacun des pains de cet ensemble est en condition de couplage étrave-retrait réciproque avec le premier pain qu'ils entourent, c'est-à-dire que chaque couplage comprend un engagement d'une étrave du premier pain dans un retrait d'un deuxième pain et une étrave de ce deuxième pain engagée dans un retrait du premier pain. Le demandeur a déterminé que les propriétés géométriques particulières de cette configuration apportaient de nombreux avantages
dans la recherche d'un compromis efficace entre les différentes contraintes auxquelles doit obéir la semelle en fonctionnement.
[0018] L'agencement selon l'invention permet de multiplier les directions dans lesquelles la semelle de la chaussure présente des aspérités ou arêtes susceptibles de pénétrer les substances étrangères interposées entre la semelle et le sol et risquent de causer des pertes d'adhérence. Cette caractéristique se renforce avec le nombre de branches de chaque pain. Selon un perfectionnement, on peut aussi augmenter encore le nombre de directions de pointage des étraves des pains de sculpture avec une disposition selon laquelle les étoiles des pains voisins ont des orientations décalées angulairement les unes par rapport aux autres.
[0019] Selon un autre aspect de l'organisation des pains de sculpture dans la semelle, un premier pain est associé par un couplage étrave-retrait défini précédemment avec un deuxième pain voisin, dans un alignement appartenant à un premier réseau de lignes globalement parallèles dans la semelle. De préférence, en outre, le contour dudit premier pain est associé par un couplage étrave- retrait avec celui d'un autre deuxième pain voisin dans la sculpture, dans un deuxième réseau de lignes globalement parallèles à une direction distincte de celle du premier réseau dans la zone.
[0020] Les pains de deux lignes voisines du premier et/ou du deuxième réseau délimitent des ramures de forme ondulée pour l'évacuation des matières étrangères délogées de l'interface entre les surfaces en contact dans la direction générale de ce premier et/ou deuxième réseau. Avantageusement, la largeur des rainures entre les pains est sensiblement uniforme pour constituer des chenaux facilitant l'écoulement vers l'extérieur de particules glissantes piégées sous la semelle. En raison de l'imbrication entre les étraves qui vient d'être définie, ces rainures peuvent prendre une forme ondulée. On peut, par exemple pour accroître la régularité de la largeur des ramures, utiliser des étraves dont la pointe est coupée ou émoussée ou arrondie, selon le besoin, sachant que la pression créée sur la très petite surface de l'arête au moment où la semelle de l'utilisateur attaque le sol reste considérable.
[0021] Selon une forme de réalisation, on prévoit en outre que chaque pain est divisé par au moins une fente ou lamelle dans l'épaisseur du pain. On peut tracer cette fente de façon qu'elle ait une extrémité située au centre du pain et qu'à son autre extrémité elle aboutisse dans un retrait entre deux étraves dans le contour dudit pain. Elle suit donc un tracé qui représente une distance minimum entre le centre du pain et un des bords du pain entre deux étraves. Dans un pain à six étraves, on peut prévoir trois fentes conformes au tracé indiqué et qui se rejoignent du côté opposé audit bord en un point commun vers le centre du pain selon une configuration rayonnante. De
préférence, lesdites fentes découpent chaque pain en plusieurs secteurs ou pains élémentaires qui peuvent dessiner chacun la forme d'un chevron dans le cas d'une étoile à six branches. Un intérêt de cette disposition est de diminuer la distance nécessaire pour évacuer les particules de matière étrangère intermédiaire à partir de chaque point sous le pain vers un creux dans la structure de la semelle. Les fentes permettent également d'assouplir la semelle perpendiculairement à son épaisseur, d'offrir davantage d'arêtes de cisaillement pour augmenter les surpressions locales et d'assurer l'évacuation des impuretés intermédiaires ainsi libérées. A cet effet, on peut aussi décaler angulairement l'orientation des motifs rayonnants de ces fentes à la surface du pain en passant d'un pavé à son voisin.
[0022] En ce qui concerne maintenant le fonctionnement de la chaussure antidérapante, on comprend qu'une pression d'appui d'une arête d'un pain d'élastomère contre la surface du sol crée une concentration de contraintes de compression dans le matériau de cette arête qui diminue au fur et à mesure que l'on s'éloigne des arêtes du pain. La pression au sol exercée par les extrémités des branches des étoiles les arêtes des pains de sculpture sont propres à pénétrer et amorcer la rupture de tout film liquide ou autre intermédiaire entre la surface des pains et celle du sol. Il en résulte ainsi une reprise de contact local direct entre le matériau du pain et celui du sol. Dans le cas particulier de la glace, les situations de glissement sont provoquées par la création sur la surface de la glace d'un film d'eau, la problématique est en fait la même.
[0023] Chaque étrave, en s'écrasant progressivement favorise la propagation de l'effort de rupture du film intermédiaire d'impuretés liquides ou autres à partir de l'extrémité des étraves.
Préférentiellement, une étrave présentant un angle aigu aura une meilleure efficacité dans la rupture du film liquide. En outre, du fait que chaque arête n'est jamais strictement parallèle à la surface du sol au moment où le pain attaque le sol il se forme toujours une concentration de contrainte au point d'attaque qui facilite la rupture du film pour mettre en contact le matériau du pain avec le sol.
[0024] Une fois le film intermédiaire poinçonné, les arêtes de l'étrave continuent de le découper en chassant vers les parties creuses (ramures et éventuellement lamelles) les impuretés liquides ou autres présentes entre la surface du sol et celle du pain. La composante de l'effort exercé par la semelle dans le plan du sol développe un accroissement de pression sur l'arête qui chasse le liquide ou autre pollution de surface (mélange poussière et liquide) à la manière d'un essuie glace. Le contact sec qui s'établit en conséquence produit alors une forte augmentation de l'adhérence locale.
[0025] L'extension d'un contact sec sous les pains de la semelle est favorable à une bonne répartition et un bon étalement des efforts sous la semelle. L'amélioration de l'adhérence diminue fortement les glissements. Ceci entraîne une diminution de l'abrasion et donc améliore la durée sur usage. La forme de pain en étoile préconisée permet aussi d'organiser les pains de façon à régler le taux d'entaillement surfacique (rapport de la surface des creux de la sculpture à la surface totale de celle ci), en vue d'augmenter la surface de contact entre le matériau et le sol. Comme rappelé ci-dessus, une surface de contact sec aussi grande que possible est favorable pour l'adhérence et la résistance à l'usure.
[0026] Dans la mise en œuvre de l'invention, l'angle au sommet de chaque étrave est au moins égal à 40 degrés. De même, le nombre des branches formant étraves de chaque étoile est de préférence au moins égal à six.
[0027] On a observé que l'invention permettait d'obtenir un comportement anti dérapant de très bonne qualité entre le sol et la semelle d'une chaussure grâce notamment à la diminution de la rétention des cailloux. L'agencement de sculpture à la surface de cette semelle permet de pénétrer et chasser de façon efficace des substances destructrices du coefficient d'adhérence qui s'interposent dans l'aire de contact, notamment des liquides en films (humidité) ou en flaques (mouillage). Grâce à ce mécanisme, il se crée alors à chaque pas de l'utilisateur une surface de contact sec, suffisamment étendue pour obtenir une adhérence améliorée. Toutefois, les recherches des demandeurs ont montré à cet égard qu'il convenait d'utiliser des motifs qui non seulement possèdent les caractéristiques intrinsèques de forme et d'angle invoquées ci-dessus, mais qui sont suffisamment petits pour multiplier les points d'attaque dans la substance intermédiaire glissante. On a ainsi mis en évidence que les motifs précédemment décrits sont particulièrement efficaces dans des dimensions qui restent inscrites à l'intérieur d'un cercle dont le diamètre maximum est de 20 millimètres et de préférence au plus égal à 10 millimètres et au moins égal à 4 millimètres.
[0028] Selon l'invention, on choisit en outre de combiner ces caractéristiques avec une distribution dense des pains de la sculpture de la semelle. Dans ce but, on détermine un taux d'entaillement relativement faible, c'est à dire inférieur à quarante cinq pourcents et de préférence égal ou inférieur à quarante pourcents pour favoriser l'étendue potentielle des contacts adhérents à sec.
[0029] De façon surprenante, on obtient avec ce type de caractéristiques des sculptures de semelle de chaussure dont la surface se caractérise par une sensation très particulière au toucher,
différente, toutes choses égales par ailleurs, de celle des semelles de l'art antérieur comme par exemple celle illustrée par la figure 1. Les multiples pointes terminant les étraves des pains fournissent une sensation inhabituelle et inattendue de rugosité douce et d'accrochage "velouté".
BRÈVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0030] La figure 1 représente une vue en plan d'une sculpture de semelle de chaussure antidérapante de l'état de la technique.
[0031] La figure 2, est une vue en plan, d'un premier exemple de sculpture suivant l'invention pour une semelle antidérapante.
[0032] Les figures 3 A et 3B sont deux représentations, l'une vue en plan et l'autre en perspective, de motifs de sculpture suivant l'invention arrangés selon un mode d'organisation différent de celui de la figure 2.
[0033] La figure 4A représente une vue en plan détaillée d'un pain de la sculpture de la figure 3, la figure 4B montre schématiquement une vue de profil de ce pain et la figure 4C illustre un positionnement possible de ce pain dans une semelle antidérapante.
[0034] La figure 4D montre trois pains de sculpture d'une semelle illustrant des couplages étrave- retrait.
[0035] La figure 5 est une vue de détail de l'agencement des pains des figures 3 et 4 dans une portion circulaire de semelle V-V identifiée sur la figure 6.
[0036] La figure 6 représente une vue en plan de l'aspect général d'une sculpture réalisée à l'aide des pains des figures 3 à 5 dans une semelle de chaussure.
[0037] Les figures 7A, 7B, 7C et 7D représentant quatre variantes de réalisation d'une sculpture utilisant des pains analogues à ceux des figures 4A et 4B.
[0038] Les figures 8A et 8B illustrent de manière plus détaillée une réalisation d'une semelle de chaussure utilisant le motif de sculpture de la figure 2, la figure 8A vue de trois-quarts supérieure et la figure 8B en perspective filaire.
[0039] La figure 9 représente encore un autre mode de réalisation d'une surface offrant des propriétés antidérapantes avec une variante de sculpture suivant l'invention.
[0040] Les figures 10 A à 10 F illustrent les explications sur une problématique du coincement de corps étrangers dans les rainures entre les pains d'une semelle de chaussure.
5 [0041] Les figures 11 et 12 représentent schématiquement deux solutions de ce problème conformément à l'invention.
[0042] Les figures 13A, 13B et 13C représentent, vue en plan, la mise en œuvre de trois solutions d'anti coincement dans un agencement de pains à étraves selon l'invention.
î o DESCRIPTION D 'UN OUPL USIEURS EXEMPLES DE RÉALISA TION
[0043] Une sculpture de semelle est représentée figure 1, qui reproduit au moins approximativement celle du document de modèle déposé aux Etats-Unis d'Amérique N° US D446912S, mentionné au début du présent mémoire comme illustratif d'un état de la technique. Elle est composée de pains de gomme, de forme carrée 11 , qui font saillie vers la face
15 inférieure de la semelle à partir d'un substrat 12 qui possède une épaisseur et une souplesse adaptée au type d'usage auquel la semelle est destinée. Les pains 11 sont divisés chacun en quatre pavés élémentaires 14 par deux fentes ou lamelles ou entailles 15 croisées à angle droit. Les pains 11 sont séparés entre eux par deux jeux de ramures orthogonales 16 parallèles aux fentes 15, qui sont dimensionnées pour permettre une bonne circulation du liquide déplacé par la semelle au
20 contact du sol. La largeur de ces ramures est normalement plusieurs fois celle des fentes 15 internes à chaque pain 11.
[0044] Dans la figure 1 , la direction longitudinale de la chaussure est orientée du bas vers le haut de la feuille. Tous les pavés ont donc une diagonale dans la direction longitudinale L de la chaussure. Les pavés 11 forment des lignes parallèles dans cette direction. Les diagonales d'une
25 même ligne sont alignées. Chaque pavé présente une pointe de gomme à chacune de ses extrémités avant et arrière sur cette diagonale qui sous le poids d'un utilisateur forme chacune un point de concentration de contraintes perpendiculaires au sol et susceptibles de briser un film de liquide recouvrant la surface de celui-ci. Des pointes semblables sont alignées dans la direction 1 perpendiculaire à la longitudinale L. L'organisation qui vient d'être présentée a des mérites mais
30 souffre encore parfois d'une insuffisance d'adhérence. En effet, la pénétration du film liquide par
les pains de la sculpture n'est pas toujours efficace et elle n'est pas suivie d'un essuyage de la surface du sol suffisant pour chasser le liquide de la surface en train d'être recouverte par le pain considéré et d'établir ainsi un contact sec avec le sol, condition d'une bonne adhérence pour éviter de glisser.
[0045] La figure 2 illustre une réalisation de sculpture qui met en œuvre les principes de l'invention dans laquelle chaque pain de gomme 21 qui fait saillie par rapport à un substrat de semelle a la forme d'une étoile comportant six branches qui se terminent chacune en forme d'une étrave 22 dirigée vers l'extérieur du pain 21. La réalisation de ces pains sera discutée plus en détail ci-après. On constate que si la direction longitudinale de la chaussure (indiquée par la flèche L) s'étend du bas vers le haut de la feuille, les pains forment des alignements dans cette direction. Chaque alignement est séparé de l'alignement voisin par une ramure au profil ondulé 24. Les pains 21 sont également alignés suivant la direction (indiquée par la flèche 1) perpendiculaire à la direction longitudinale L et forment des rangées séparées les unes des autres par un jeu de ramures ondulées 25 dans cette direction.
[0046] Dans cet exemple la largeur de chaque rainure ondulée varie assez largement. Dans des détroits tels que 25-1, qui séparent chacun une pointe d' étrave 22 et un retrait 28 entre deux étraves d'un pain voisin, la largeur ne dépasse guère 1 millimètre. A l'inverse elle s'élargit jusqu' à quelques 5 millimètres dans des bras 25-2 dans des zones où l'espacement entre les étoiles voisines est maximal. On verra que cet agencement n'est pas considéré comme optimal pour la mise en œuvre de l'invention. On se contente d'observer ici que la largeur moyenne des canaux dessinés par les ramures dans cet exemple varie donc entre 1 et 5 millimètres pour une moyenne de 3 millimètres. D'un autre côté chaque pain peut être inscrit dans un cercle de 8 millimètres de diamètre. Ces chiffres donnent une première idée de la densité élevée de la distribution d'arêtes de pains de gomme dans la surface de la sculpture en même temps que le taux d'entaillement de la sculpture représentée reste inférieur ou égal 45%. Ceci laisse encore un surface de gomme considérable disponible pour établir un contact efficace d'adhérence avec le sol après que le liquide recouvrant le sol a été déplacé par les pains de gomme sous l'effet de la progression des pas de l'utilisateur. Concernant la densité d'arêtes on notera également que chaque pain 21 est divisé en trois pavés élémentaires 26 par un jeu de trois fentes, entailles ou lamelles 23 qui partent toutes du centre du motif en étoile et aboutissent chacune dans un retrait 28 entre des arêtes adjacentes sur le pourtour du pain 21.
[0047] On constate en outre qu'un pain sur deux présente deux étraves telles que 22 orientées dans la direction longitudinale L et une seule étrave pointant dans la direction transversale 1. En outre chaque pain 21 est suivi dans chacune des directions longitudinale L et transversale 1 par un pain dont les étraves ont des orientations décalées angulairement de 30° par rapport à celle du pain 21 pris ici à titre de référence. En conséquence les pains de cette sculpture forment un ensemble dont les étraves pointent dans douze directions différentes et confèrent ainsi à une semelle équipée de cette sculpture une capacité de résistance multidirectionnelle conséquente vis- à-vis des risques de glissade d'un utilisateur engagé sur un sol glissant.
[0048] Dans l'organisation illustrée par la figure 3, si l'on conserve les mêmes conventions d'orientation du motif par rapport aux directions longitudinale L et transversale 1 de la semelle, on constate que dans cet exemple tous les pains 31 en forme d'étoile à six branches possèdent chacun deux étraves 32 orientées principalement vers de la direction longitudinale, dans chaque sens, et une étrave 33 qui est orientée dans la direction transversale dans chaque sens également. Mais si les pains 31 sont alignés comme on le verra plus loin, les deux réseaux d'alignement qu'ils forment ne sont pas longitudinaux et transversaux. Comme expliqué précédemment, les étraves 32 sont susceptibles de réaliser une concentration de contraintes vis-à-vis de la surface sol et des impuretés éventuelles qui le recouvrent, telles qu'un film d'eau, d'huile ou de sang par exemple. Avec cette organisation, la densité de pointes d'étraves aptes à amorcer le perçage d'un voile ou film glissant recouvrant la surface du sol en réponse à un effort principalement longitudinal est plus élevée que dans l'organisation précédente où l'orientation des pains était différente. L'intérêt de cette disposition est de produire des ramures ayant une section relativement constante. Pour les faibles taux d'entaillement surfaciques, cette disposition est préférée pour des raisons de facilité de circulation des pollutions (essentiellement des fluides). La figure 3B permet de se faire une meilleure idée de l'aspect d'une surface anti- dérapante constituée conformément à l'invention.
[0049] En se référant à la figure 4A, on voit qu'un pain 31 de la sculpture de la figure 3, comportant six étraves telles que 32 et 33, est divisé en trois pavés élémentaires 36 par trois fentes 34 procédant radialement vers l'extérieur à partir du centre 37 du pain 31. Chacune de ces fentes 34 débouche dans une ramure 35 séparant le pain 31 de ses voisins en un point en retrait 38 situé à la jonction de deux étraves adjacentes 32 ou 33 sur le contour du pain 31. Chaque pavé élémentaire 36 comporte lui-même deux étraves adjacentes 32 ou 33 disposées en chevron. La figure 4B représente une vue en coupe du pain 31 de la figure 4A qui fait saillie d'un substrat ou support 30 de semelle de chaussure. Les fentes 34 qui divisent le pain 31 se rejoignent en son
centre 37 en une fente unique, visible en 37 dans la figure 4B. On note en outre que la profondeur h des fentes telles que 34 est inférieure à la profondeur H des rainures 35.
[0050] Un contour de semelle de chaussure 41 selon l'invention est montré sur la figure 4C à l'intérieur duquel un motif de pain 31 tel que décrit précédemment a été délibérément grossi pour faire ressortir l'orientation des étraves 32 et 33 par rapport aux directions longitudinale L et transversale 1.
[0051] La figure 5 permet de comprendre l'agencement réciproque des pains à six étraves du type discuté dans les exemples précédents. Les mêmes numéros de référence qu'employés pour les figures 3 et 4 ont donc été repris. Si l'on se réfère à un pain 31 -A dans la figure 5, son étrave 32-1 dont une arête est parallèle à la direction L "pénètre" dans un creux ou retrait formé entre deux étraves 32-3 et 32-4 d'un pain 31 -B voisin du pain 31 -A dans la direction L. De façon inverse, l'étrave 32-4 de ce pain 31 -B pointe dans la direction L, mais en sens inverse, et « pénètre », dans le creux formé entre les deux étraves 32-1 et 32-2 du pain 31 -A. Il y a donc une sorte d'emboîtement, imparfait, entre les pains 31 -A et 31 -B qui se répète pour tous les autres pains de la sculpture dans cette direction. La même observation peut être formulée pour les étraves 33 dans la direction transversale 1.
[0052] On remarque ainsi que les rainures 35 entre les faces en regard des étraves qui se succèdent dans l'une ou l'autre direction dans cette structure ont une largeur relativement uniforme et communiquent les unes avec les autres en formant un réseau de canaux ondulés ou en zigzags dans lesquels les liquides ou autres impuretés chassés de la surface de contact entre les pains et le sol peuvent circuler et être évacués hors de la semelle. La disposition décrite favorise la création de canaux dont la largeur est relativement, mais non totalement uniforme. On remarque en effet qu'à chaque extrémité d'une rainure telle que 35- B à flancs parallèles, il existe un élargissement tel que 43 en forme de triangle bordé par trois pains différents. Les essais pratiqués montrent que cette irrégularité n'est pas critique à la condition que la capacité de contenance et d'évacuation du réseau de canaux soit suffisante pour recueillir et évacuer la totalité des liquides ou autres matières chassées par la progression des pains à la surface du sol.
[0053] La figure 5 est un agrandissement de la sculpture contenue dans un secteur circulaire repéré par V-V dans la figure 6 qui est une représentation plus globale d'une portion de semelle garnie par le même motif. L'observation de cette figure 6 montre que les pains 31 sont en fait alignés de manière rigoureuse, c'est-à-dire qu'on peut obtenir le motif de chaque pain par simple déplacement ou translation d'un autre pain de la même ligne. Dans le cas de la figure 6 les pains
de la sculpture sont alignés suivant deux directions repérées par les flèches 45-45 et 46-46. La direction 45-45 forme un angle de soixante degrés avec la direction 46-46, aucune de ces deux directions ne coïncidant d'ailleurs avec l'une des directions principales L et 1 de la semelle. Ceci permet d'optimiser dans une certaine mesure la régularité de la largeur des creux ou ramures entre les motifs. D'autres exemples d'optimisation de l'uniformité des ramures pour chaque motif sont exposés un peu plus loin avec le réglage de l'orientation des étoiles les unes par rapport aux autres (fig. 7A et 7B). En outre, le choix du nombre de fentes dans chaque pain de sculpture et de leurs orientations à l'intérieur de chaque étoile offre également un facteur d'ajustement des performances de la sculpture.
[0054] Revenant aux figures 4 A, B et C, on peut expliciter le fonctionnement de la sculpture ici décrite par exemple lorsqu'un utilisateur fait un pas vers l'avant. La prise de contact d'un pain 31 avec le sol s'effectue de l'arrière vers l'avant et les deux étraves 32 tournées vers l'arrière de la semelle commencent à s'écraser sous le poids du marcheur. L'écrasement progresse vers la partie élargie de l'étrave. Si la pointe 41 d'une étrave 32 située vers l'arrière du pain 31 de la figure 4A perce le film d'impuretés et prend contact avec la surface sèche du sol, on comprend qu'au fur et à mesure de l'écrasement de cette étrave ses arêtes 42 et 43 découpent le film. L'étrave 41 de la figure 4A appartient à un pavé élémentaire 36-1 qui comprend un deuxième étrave et est séparé des autres pavés élémentaires 36 du pain 31 par une fente en forme de chevron 34. Sous l'effet de la pression transmise par l'écrasement de la gomme de ce pain, les substances étrangères du film situé sous l'étrave 41 sont chassées vers l'avant mais aussi sur les côtés vers la rainure environnante et la gomme du pain établit progressivement un contact sec avec le sol. Celui-ci entraîne une augmentation de l'adhérence. On note en outre que lorsque l'écrasement de la gomme progresse vers le centre du pain 31, la gomme en bordure de fente ou lamelle 34 se dilate et vient fermer cette fente. Le pavé élémentaire 45 s'adosse contre la paroi des deux autres pavés élémentaires adjacents de ce pain, ce qui limite la déformation des pains et permet de maintenir le contact sec ainsi établi avec une pression de contact suffisante. Le fonctionnement indiqué ci- dessus est valable pour toutes les directions.
[0055] Avec la figure 4D, on veut expliciter ce qui est sous entendu ici par relation de couplage étrave-retrait. Cette figure 4D montre trois pains 211, 212, 213 de forme étoilée régulière à six branches ou étraves dont les extrémités radialement les plus éloignées des centres géométriques Pl, P2, P3 desdits pains sont situées sur un cercle circonscrit (respectivement Cl, C2, C3) à chaque pain. On voit que le pain 212 est dans une relation de couplage avec le pain 211 puisque l'une de ses étraves 212E est proche d'un retrait 21 IR formé entre deux étraves 21 IE du pain 211
et à l'intérieur du cercle Cl circonscrit audit pain 211. De même, le pain 213 est dans une relation de couplage avec le pain 212 puisque l'une de ses étraves 213E est positionnée dans un retrait 212R et à l'intérieur du cercle C2 circonscrit au pain 212. En limite, on considère que le pain 211 a une étrave 21 IE' dont l'extrémité est placée sur le cercle C2 circonscrit au pain 212.
[0056] On a constaté que l'agencement de pains de sculpture imbriqués les uns par rapport aux autres présente un autre avantage sur le plan de la sécurité de la semelle dans les situations de coincement de corps étrangers entre les parois d'une rainure de la sculpture. La figure 10 A illustre la vue d'une section de semelle comportant deux pains 88A et 89A séparés par une ramure 9OA. La largeur de cette rainure par rapport à sa profondeur est telle qu'aucun corps étranger tel qu'une pierre ne peut rester longtemps coincé dans la ramure. La figure 10B illustre le cas inverse où la ramure 9OB est plus profonde et moins large que la rainure 9OA. On comprend qu'il est facile au caillou 93B de rester coincé pendant une durée qui peut être longue avant de se libérer, éventuellement, par suite des efforts divers auxquels est soumise la semelle à l'usage. Dans ce dernier cas, la présence d'un caillou va affecter la performance de non glissement sur un sol glissant. La figure 10 C montre une vue de dessus de la portion de semelle de la figure 10B avec une ramure 9OC qui borde deux pains parallèles épais qui exerce des efforts équilibrés de part et d'autre du caillou 93C qui se trouve coincé dans la ramure. La figure 10 D illustre par contraste une situation identique avec une ramure bordée conformément à une disposition selon l'invention par deux étraves 88B et 89D disposées sensiblement tête-bêche. On conçoit à l'observation de cette figure qu'un caillou tel que 93D coincé dans la partie supérieure de la figure 10D soit soumis à des efforts latéraux déséquilibrés de la part des parois de la rainure 9OD pendant la marche. Ce déséquilibre a pour effet de causer rapidement l'expulsion du caillou 93D hors de la ramure 9OD. Il en va de même dans l'autre cas représenté où le caillou 93 'D est coincé dans la partie inférieure de la rainure 9OD sur la figure 10D; les contraintes exercées par l' étrave 89D, plus épaisse au niveau du caillou, sont supérieures à celle de l' étrave 88D, moins épaisse, et le caillou va tôt ou tard se décoincer.
[0057] La figure 1 OE illustre une disposition selon une variante de l'invention pour lutter contre la rétention de caillou. Les parois 91E et 92E de la ramure 9OE sont inclinées par un angle de dépouille en regardant vers le haut de la figure ; l'angle de dépouille, mesuré par rapport à une perpendiculaire à la surface de contact du pain, est supérieur à 0 degré. Elles forment un angle obtus par rapport à la base 80E. Le caillou 93E coincé dans un entonnoir tend à être chassé par les parois inclinées vers la sortie de la ramure. Un résultat analogue est obtenu dans le cas de la figure 10F où le fond de la rainure est garni d'un bossage d'élastomère 94F qui agit comme chasse-pierre
à l'égard de tout objet tel que 93F qui viendrait se coincer entre les parois 91F et 92F. Cette dernière disposition est surtout appropriée dans les espaces où il n'est pas aisé de créer des dépouilles comme au carrefour des ramures ainsi qu'on le verra un peu plus loin.
[0058] La figure 11 montre schématiquement une vue perspective d'un ensemble de deux étraves 96-1, bordée par une paroi 95-1 inclinée avec un angle de dépouille constant, et 96-2, bordée par une paroi de ramure 95-2 inclinée également avec un angle de dépouille constant. Les deux étraves sont disposées tête-bêche conformément à l'organisation selon l'invention et séparés par une ramure. La figure 12 montre schématiquement dans une vue en plan qu'il est possible, et parfois avantageux, de créer des parois 99 dont l'angle de dépouille varie le long de la rainure 97 qu'elles délimitent. Dans le cas présenté l'angle de dépouille de la paroi augmente le long de la ramure jusqu'à l'extrémité de l'étrave.
[0059] Les figures 13A, 13B et 13C montrent des vues en plan analogues à celles des figures 2, 3, 6 et 7, par exemple, dans lesquelles les parois des rainures entre les pains présentent : un angle de dépouille constant pour les variantes montrées avec les figures 13 A et 13 C et un angle de dépouille variable à la figure 13B. Les traces desdites parois dans la base de la semelle qui définit le fond de chaque rainure sont visibles en 180 et 181 entre les pains 182 et 183 pour la figure 13 A, en 190 et 191 entre les pains 192 et 193 pour la figure 13B. Dans la figure 13C on voit la trace d'un chasse pierre 195 formé au carrefour des rainures qui laissent un espace substantiel de la base de la semelle non recouvert par les parois inclinées des ramures.
[0060] Les figures 7A, 7B, 7C et 7D illustrent quelques variantes possibles de mise en œuvre de l'arrangement préférentiel qui vient d'être décrit en référence aux figures précédentes et notamment pour adapter le taux d'entaillement de la sculpture conformément à l'invention. Ainsi dans la figure 7A, un motif de pain en étoile à six branches 51 identique à celui des figures 3 à 6 est traité de façon différente en ce sens que les étoiles possèdent toutes une étrave 52 dirigée selon l'axe L et deux étraves 53 possédant une composante principale dans la direction de l'axe 1. On remarque que les centres 57 de chaque groupe de trois pains 31 voisins sont situés aux sommets d'un triangle équilatéral 58. Ceci est comparable au cas de la figure 5, dans laquelle les centres 37 des pains voisins 31 sont situés sur un triangle équilatéral 48 en traits mixtes dont les côtés sont orientés respectivement à 45 degrés, 105 degrés et 165 degrés par rapport à la direction longitudinale L. Dans la disposition de la figure 7A les côtés du triangle équilatéral 58 ont la même orientation que ceux du triangle 48. En revanche les rapports entre les distances des centres des pains et la longueur (c'est à dire distance de l'extrémité de l'étrave au centre du pain) de leur
étraves sont différentes. Il en résulte comme on peut le vérifier visuellement un écartement plus grand des bords d'étraves voisines parallèles de part et d'autre d'une rainure et un certain resserrement des canaux formés par les ramures au niveau des pointes d'étraves.
[0061] Si l'on considère maintenant la figure 7B, pour des motifs de pains 61 une fois de plus identiques, on remarque que leurs centres 67 sont situés aux sommets de triangles équilatéraux 68 dont les côtés font respectivement des angles de 15 degrés, 75 degrés et 135 degrés avec la direction longitudinale L. Considérant que les dimensions des pains 61 et des triangles 68 sont identiques à celles des pains 51 et des triangles 58 de la figure 7A, on vérifie aisément que la disposition de la figure 7B permet d'obtenir, pour un taux d'entaillement certes plus élevé que celui de la figure 7A, une uniformité de la largeur des rainures de sculpture quasi parfaite.
L'orientation du triangle de maillage desjnains constitue donc un paramètre intéressant de réglage de l'uniformité de rainures et du taux d'entaillement.
[0062] Dans les figures 7C et 7D on a représenté une méthode permettant de diminuer le taux d'entaillement de la sculpture des figures 3 à 6 précédentes et donc d'augmenter la densité des pains en rognant les pointes d'étraves tout en conservant une largeur substantielle de ramure pour l'évacuation des substances du film intermédiaire à éliminer. On aurait pu aussi arrondir ou émousser les pointes d'étraves pour parvenir au résultat illustré. On remarque que cette disposition permet avec une organisation identique à celle de la figure 7B d'augmenter la taille des étoiles (cf. longueur d'étrave E telle que définie ci-dessus) comme démontré sur la figure 7C et encore davantage comme représenté à la figure 7D dans un cas où la capacité d'évacuation requise de la part des ramures est moins importante. On sait que la diminution du taux d'entaillement est un facteur permettant, toutes choses égales par ailleurs, de diminuer la pression de contact sur la surface support. Dans le cas d'une semelle travaillant sur un sol ceci permet à la fois d'augmenter l'adhérence en condition de contact sec et de diminuer l'usure. Ces performances sont en général considérées comme prépondérantes dans la conception d'applications antidérapantes.
[0063] Conformément à l'invention qui vise notamment des applications à des contacts antidérapants entre le sol et les pied d'un utilisateur, on cherche à produire une sculpture qui permette de pénétrer et chasser de façon efficace des substances intermédiaires, destructrices du coefficient d'adhérence, entre le sol et l'utilisateur, tout en conservant une surface de contact sec maximale une fois le premier objectif atteint à chaque pas de l'utilisateur. Les recherches des demandeurs ont montré à cet égard qu'il convenait d'utiliser des motifs qui non seulement possèdent les caractéristiques intrinsèques décrites précédemment, mais utilisent des motifs suffisamment petits
pour multiplier les points d'attaque des substances intermédiaires, le tout avec un taux d'entaillement relativement faible c'est à dire inférieur à soixante pourcents (60%) et au plus égal à trente pourcents (30%). On a découvert que les motifs précédemment décrits sont particulièrement efficaces dans des dimensions qui restent inscrites à l'intérieur d'un cercle dont le diamètre maximum est de 10 millimètres et de préférence compris entre 2 et 8 millimètres. Enfin ces motifs se prêtent particulièrement à la prévention des rétentions de cailloux ou autres objets dans la semelle, qui peuvent constituer des facteurs additionnels de risque de dérapage.
[0064] On obtient, de façon surprenante, avec ce type de caractéristiques des sculptures dont la surface se caractérise par une sensation très particulière au toucher de la semelle, différente toutes choses égales par ailleurs de celles des semelles de l'art antérieur telles que par exemple celle illustrée par la figure 1. Les multiples pointes terminant les étraves des pains fournissent une sensation inhabituelle et inattendue de rugosité douce et d'accrochage "velouté".
[0065] Une telle impression est fournie par exemple par une sculpture telle que décrite à propos de la figure 5 pour une semelle de chaussure de travail réalisée dans une gomme de caoutchouc ou autre matériau élastomérique, dont le module de rigidité élastique à 10% d'allongement est 2,7 MPa. La distance entre les pointes de deux étraves opposées est de 8 millimètres et l'angle d'ouverture des étraves est de soixante degrés. L'extrémité de chaque étrave est légèrement arrondie. La largeur des fentes 34 est dans cet exemple de 0,3 millimètre et leur longueur d'environ 2 millimètres. La distance entre deux arêtes parallèles de deux étraves de pain en bordure d'une même rainure sur la figure 5 est de 0,9 mm. La hauteur de sculpture (ou profondeur de ramure) est de 3 millimètres et celle des fentes 34 de 2 millimètres. Le taux d'entaillement surfacique dans cet exemple est de 40 pourcents.
[0066] Les figures 8A, et 8B illustrent un mode d'arrangement du motif en étoile à six branches des figures 4A et 4B approprié pour améliorer l'isotropie des propriétés d'adhérence de la sculpture. Chaque pain 81 possède six branches qui se terminent en forme d' étrave. On considère l'un des pains 81-1 et l'on repère deux étraves voisines 82-1 et 83-1 appartenant à deux pavés élémentaires 86-A et 86-B distincts dans le pain 81-1. Si l'on se reporte maintenant à l'un des pains 81-2 voisin sur la droite de la figure 8A et l'on observe les étraves 82-2 et 83-2 des deux pavés élémentaires correspondants 86-A et 86-B du pain 81-2 on peut considérer qu'elles ont été obtenues par un déplacement de la trace du pain 81-1 comportant une translation de cette trace vers le haut à gauche de la figure et une rotation autour de l'axe du pain d'un angle de 30. De la même façon on peut vérifier sur cette figure 8 A que le pain 81-3 peut être obtenu par translation
de la trace du pain 81-2 dans la même direction et rotation de 30° autour de son axe. En conséquence les pains voisins 81-1 à 81-3 situés sur un alignement de droite à gauche vers le haut présentent des étraves orientées dans des directions différentes. On retrouve la même structure dans les alignements situés immédiatement vers le bas et vers le haut de la figure 8A. Cette structure permet donc de multiplier les directions d'effort dans lesquelles les pains sont susceptibles d'agir avec une efficacité maximale pour entamer une pellicule ou un film de matière interposée entre la semelle et le sol.
[0067] La figure 8B donne une vue plus imagée de la constitution d'un pain 81-1 en saillie par rapport au substrat de la semelle 80, avec ses étraves 82-1 et 83-1 et les fentes 84 -1 de profondeur inférieure à celle des ramures 85-1. On remarque que chaque pain tel que 81-1 possède deux étraves opposées qui pointent dans la direction de deux retraits 88-1 et 88-2 appartenant respectivement à deux pains voisins de part et d'autre du pain 81-1 dans un même alignement (ici de droite à gauche vers le haut). Inversement le pain 81-1 présente deux retraits opposés 88-3 et 88-4 vers lesquels pointent deux étraves des pains voisins de part et d'autre du pain 81-1 dans un second alignement (ici de gauche à droite du bas vers le haut des figures 8A et 8B).
[0068] On peut réaliser une sculpture selon l'invention avec des pains qui différent par l'arrangement des fentes ou lamelles telles que 34 dans leur orientation ou dans leur nombre de fentes dans chaque pain pour améliorer l'isotropie de la sculpture, c'est-à-dire pour uniformiser ses performances dans toutes les directions ou sa réponse à des sollicitations de directions différentes. On peut aussi choisir délibérément de différencier ou de privilégier certaines propriétés de la sculpture dans certaines directions, par exemple dans le sens de la marche avant pour une chaussure. Ainsi, dans les figures 7C et 7D on voit que chaque pain en étoile 71 présente six fentes radiales 74 analogues aux fentes 34 des figures 3 à 5, et concourantes au centre 75 de chacun des pains 71.
[0069] II est non seulement possible de changer l'orientation des motifs en étoile en passant d'un pain à un pain voisin mais aussi de juxtaposer des pains de dimensions différentes dans la sculpture en fonction des performances recherchées. La figure 9 représente une forme de réalisation d'une sculpture avec des pains en étoile à six branches du type représentés aux figures précédentes 3 à 5, entre lesquelles sont intercalés des pains 92 qui ont un profil de triangle équilatéral et qui viennent s'insérer dans la sculpture. Ces pains 92 présentent donc chacun trois sommets 96 qui viennent s'engager dans des espaces ouverts par des retraits 98 entre les étraves des pains 91 et sont chacun pourvus de trois fentes ou lamelles concourantes au centre du pain 94.
[0070] On peut évidemment concevoir d'autres schémas de conception et d'organisation de sculptures dans lesquels les motifs des pains voisins qui définissent la sculpture ont des formes différentes, par exemple des nombres de branches différentes et des tailles, des orientations, et des systèmes de fentes qui varient entre les pains de la sculpture.
[0071] L'invention peut ainsi être mise en œuvre avec des pains en forme d'étoiles comportant par exemple cinq, six, sept branches (voire plus).
[0072] L'expérience a montré que les dispositions précédentes sont favorables à une amélioration significative de l'adhérence des semelles de chaussures sur des sols humides ou mouillés ou recouvertes, en dehors de liquides tels que eau, huile, sang, par toutes autres impuretés propres à développer un contact glissant entre les matériaux communément utilisés pour les sols et/ou les semelles de chaussures. L'invention est particulièrement bien adaptée à la réalisation de semelles antidérapantes pour chaussures de travail et/ou des chaussures sportives.
[0073] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples décrits et représentés et diverses modifications peuvent y être apportées sans sortir du cadre défini par les revendications annexées.