« Procédé de transfert d'une couche mince comprenant une perturbation contrôlée d'une structure cristalline"
SNTRODUCTiON
Cadre général de l'invention - techniques de transfert
La présente invention concerne de manière générale le traitement des matériaux, et plus particulièrement de substrats pour la microélectronique, l'optique ou l'optoélectronique.
Plus précisément, l'invention concerne un procédé de transfert de couche mince d'un substrat donneur vers un substrat receveur, ledit procédé comprenant la création d'une zone de fragilisation dans le substrat donneur pour délimiter dans ledit substrat donneur une couche à transférer.
Et comme on le verra, une application particulièrement avantageuse de l'invention est sa mise en œuvre dans le cadre d'une méthode de type Smart-Cut™.
Par ailleurs, comme on le verra également, selon un aspect particulier l'invention concerne également une méthode de transfert permettant de réaliser le collage de couches dans des conditions avantageuses.
On connaît déjà des procédés de transfert tels que mentionnés ci- dessus.
Ces procédés qui permettent de réaliser des tranches multicouches mettent en œuvre une étape de collage du substrat donneur (qui comprend la couche à transférer) et du substrat receveur (sur lequel la couche sera transférée).
Le retrait ultérieur d'une partie supérieure du substrat donneur permet de finaliser le transfert et de former la tranche multicouche finale, qui comprend ainsi la couche transférée (dont l'épaisseur est de quelques centaines d'Angstrom à quelques microns), la couche formée par le substrat receveur (dont l'épaisseur est typiquement de plusieurs centaines de
microns), et généralement une couche intermédiaire intercalée entre les deux couches mentionnées ci-dessus (et dont l'épaisseur est typiquement entre quelques centaines d'Angstrom et quelques milliers d'Angstrom),
Pour réaliser le transfert de seulement une couche mince du substrat donneur vers le substrat receveur, il est possible de coller ledit substrat donneur au substrat receveur, et de supprimer la partie du substrat donneur opposée à la couche à transférer (par exemple par meulage et/ou attaque chimique de la face exposée du substrat donneur). Dans ce cas le substrat donneur est entièrement consommé par le transfert.
II est également possible de créer préalablement au collage du substrat donneur avec le substrat receveur une zone de fragilisation dans l'épaisseur du substrat donneur, de coller le substrat donneur au substrat receveur et de réaliser le transfert par fracture du substrat donneur au niveau de la zone de fragilisation
Cette zone fragilisée peut être obtenue par implantation d'espèce atomique comme de l'hydrogène et/ou des gaz rares (cas de la technologie Smart Cut™), ou par la formation d'une zone poreuse (cas de la technologie ELTRAN IM), On pourra se référer à "Silicon-On-Insulator Technology; Materials fo VLSI", 2nd Edition by J -P Colinge, édité par Kluwer Académie Publishers, pages 50 and 51 pour une plus ample description de ces techniques,
Ce type de technique de transfert avec création d'une zone de fragilisation définit le cadre général dans lequel ("invention s'inscrit.
De telles techniques de fabrication de substrats sont typiquement employées pour la formation de tranches multicouches de type SeOI (semi¬ conducteur sur isolant) dont la forme Ia plus commune est le SOI (silicium sur isolant).
Lors de la fabrication de telles tranches, on forme une couche d'isolant sur la face du substrat donneur et/ou la face du substrat receveur qui sont mis en contact intime lors de l'étape de collage.
Cette couche d'isolant peut être obtenue par traitement d'un des substrat (par exemple par oxydation thermique) ou encore par dépôt. Elle formera au final la couche d'isolant enterrée du substrat SeOI.
Et plus généralement, ces techniques de transfert peuvent permettre de constituer tous types de tranches rnulticouches, avec ou sans couche intermédiaire d'isolant. L'invention s'applique ainsi comme on va le voir à la fabrication de tous types de tranches multicouches.
Zone de fracture
On a dit que l'invention s'inscrivait dans le cadre des techniques de transfert par fracture au niveau d'une zone de fragilisation.
Plus précisément, les techniques concernées par l'invention sont celles dans lesquelles on crée la zone de fragilisation en introduisant dans le substrat donneur une ou plusieurs espèces (par exemple de l'hydrogène ou de I hélium). On précise que dans la suite de ce texte on évoquera « les espèces » pour désigner tous les cas de figure - y compris ceux dans lesquels un seul type d'espèce est introduit)
Cette « introduction » d'au moins une espèce peut être réalisée par implantation. D'autres techniques peuvent éventuellement être envisagées (par exemple introduction d'espèces par diffusion - notamment en exposant le substrat donneur à un plasma, etc .).
Dans tous les cas, il est important de définir aussi précisément que possible la position dans l'épaisseur du substrat donneur de la zone de fragilisation obtenue par introduction d'espèces.
Les espèces introduites dans le substrat donneur sont en effet réparties dans l'épaisseur de ce substrat autour d'une profondeur correspondant à un pic de concentration, et suivant une répartition Gaussienne (en première approximation).
La fracture qui suivra se produira (suite à un apport d'énergie sous forme thermique, mécanique, .. ,) à proximité de cette profondeur
correspondant au pic de concentration des espèces introduites - cette profondeur définissant un maximum de fragilisation du substrat.
Cependant, après la fracture on constate de part et d'autre du plan de fracture (donc sur la partie supérieure de la couche qui a été transférée sur le substrat receveur, ainsi que sur la face exposée de la partie prélevée du substrat donneur) une zone endommagée qui peut s'étendre sur plusieurs dizaines d'Angstrom,
Ces zones endommagées devront être traitées spécifiquement (par exemple par polissage et/ ou traitement thermique), sur la tranche multicouche finale ou sur le reliquat du substrat donneur en vue de son recyclage.
Et ii serait intéressant de supprimer - ou à tout le moins de minimiser - de tels traitements.
US 6, 756,286 décrit des méthodes visant à minimiser l'épaisseur de la zone endommagée mentionnée ci-dessus, en favorisant la localisation des espèces implantées autour de zones prédéfinies du substrat donneur (on peut désigner ces zones par le terme d' « inclusions »),
Ce document enseigne ainsi notamment de :
• constituer une zone d'inclusion dans un substrat en déposant sur celui-ci une couche de silicium fortement dopée en Bore,
• recouvrir ensuite cette couche par le dépôt d'une couche contenant la couche à transférer,
• implanter avec de l'hydrogène le substrat donneur ainsi constitué, les paramètres de ladite implantation étant définis pour qu'un maximum d'hydrogène soit implanté au niveau de la couche d'inclusion formée par la couche dopée en Bore Par affinité chimique, l'hydrogène implanté se localisera préférentieliement dans cette couche.
Une telle technique permet de réduire sensiblement la dispersion de l'hydrogène implantée dans l'épaisseur du substrat donneur, et on observe après un traitement thermique de fracture que les zones endommagées sur la surface de la tranche multicouche créée et sur le substrat donneur
résiduel issu de la fracture sont sensiblement moins importantes qu'avec une implantation classique.
Un objet de la présente invention est de fournir une nouvelle solution, simple et performante, qui permette de réduire l'épaisseur de la zone endommagée suite à une fracture pratiquée au niveau d'une zone de fragilisation qui a été créée par introduction d'espèces dans un substrat donneur
Le document WO2004/008514 décrit un procédé de formation d'une zone de fragilisation a l'intérieur d'un substrat donneur monocristallin par diffusion d'hydrogène. Ce procédé vise à former la zone de fragilisation plus rapidement qu'avec les procédés de formation d'une zone de fragilisation par diffusion qui préexistaient (cf page 5 lignes 1 à 4 de WO2005/004514)
Le document US2002/0187619 décrit un procédé pour le piégeage de contaminants métalliques (cf. page 1 paragraphe [001 OJ de US2002/0187619). Ce procédé comprend une étape de formation d'une zone de fragilisation par implantation d'espèce (hydrogène) dans le substrat donneur, à une première profondeur îl comprend en outre la formation d"une couche de piégeage à une deuxième profondeur
Comme on le verra, les procédés enseignés par les deux documents ne divulguent ni ne suggèrent les caractéristiques que l'invention propose pour atteindre l'objet mentionné ci-dessus.
Par ailleurs, comme on va le voir l'invention vise également à permettre des progrès dans le domaine du collage de deux couches.
Problématique liée au collage
Les techniques de transfert de couche comprennent une étape de collage lors de laquelle les surfaces de deux couches sont mises en contact intime.
Dans toutes les techniques de transfert de couche, la qualité du collage (caractérisée en particulier par l'énergie avec laquelle les deux
substrats coflés sont liés l'un à l'autre) aura un impact direct sur la qualité final de la tranche multicouche obtenue.
Ainsi, la planéité des substrats à coller, la présence sur leurs surfaces à coller de particules ou de contaminants, le degré d'hydrophilie de ces surfaces conditionne directement l'énergie avec laquelle les deux substrats seront liés ensembles après mise en contact intime.
On a généralement observé qu'une couche intermédiaire (appelée couche de collage) suffisamment épaisse (épaisseur typiquement supérieure à 500 Angstrom) placée entre deux substrats monocristallins à coller facilitait le collage et limitait l'apparition des défauts (tels que des cloques) à l'interface de mise en contact,
On pourra se rapporter à l'article « Wafer direct bonding: tailoring adhésion between brittle materials » de Andréas Plossl, Gertrud Krauter, Materials Science and Engineering, #25, Nos, 1-2, 10 March 1999 pour plus de détail sur cette étape de collage.
Dans le cas de la fabrication de SeOI, la couche d'isolant qui est formée sur l'un au moins des deux substrats et qui formera l'isolant enterré de la tranche multicouche finale permet également de faciliter et de limiter les défauts de collage, Cette couche d'isolant est ainsi susceptible de constituer elle-même une « couche de collage ».
Mais iî existe des situations dans lesquelles on souhaite obtenir une tranche multicouche qui ne comporte pas de couche d'isolant enterrée. Et de manière plus générale, on peut souhaiter éviter de recourir à une couche intermédiaire de collage (dont on notera que l'adjonction correspond en tout état de cause à une étape additionnelle de procédé).
Dans ce type de situation, on souhaite pouvoir transférer directement la couche du substrat donneur sur le substrat receveur, sans couche intermédiaire (qu'elle soit isolante ou non).
C'est le cas par exemple lorsque l'on veut optimiser la conduction thermique entre la couche transférée (dans laquelle des composants
microélectroniques seront formés) et îe substrat receveur afin d'évacuer un maximum de chaleur généré par les composants lors de leur utilisation.
C'est également le cas lorsque l'on souhaite obtenir au final une tranche dans laquelle la couche transférée et le substrat receveur ont des propriétés distinctes sans que l'on souhaite pour autant les isoler électriquement.
On connaît par exemple les tranches formées d'une couche de Si monocristallin associée via une interface électriquement conductrice à un substrat support de SiC polycristallin. Ces tranches ont été développées afin d'offrir une alternative bon marché aux substrats de SiC monocristallin, et ce pour différents diamètres de tranches.
Pour réaliser de telles tranches, un collage direct de la couche de Si sur le substrat receveur est souvent souhaitable.
Il pourrait également être désirable de combiner une couche transférée de silicium directement sur un substrat de silicium, le substrat et la couche ayant des orientations cristallines différentes afin d'optimiser les performances des transistors qui pourraient être formés respectivement dans ces deux éléments de la tranche multicouche ainsi constituée.
On pourra à cet égard se référer à la publication « Mobility Amsotropy of électron in inversion layers on oxidized silicon surfaces », Physical Review, Vol 4, N6, september 1971 pour ce qui concerne les différences de caractéristiques électriques du silicium selon son orientation cristalline,
On peut également envisager de réaliser des tranches multicouches comprenant une fine couche de silicium ou de Germanium ou encore de Silicium Germanium contraint élastiquement en tension ou en compression, directement sur un substrat en silicium massif.
Les exemples détaillés ci-dessus peuvent impliquer le collage direct (c'est à dire sans couche intermédiaire) de deux substrats ayant des orientations -- ou plus généralement des caractéristiques - cristallines différentes
Or un te! collage peut se révéler problématique, car les structures cristallines des deux substrats à coller tendraient après collage à s'influencer mutuellement, et une région dont Ia structure cristalline serait perturbée serait créée entre les deux substrats.
En effet, le collage direct de deux substrats présentant des caractéristiques cristaliines différentes (par exemple des mailles cristallines différentes de sorte que les réseaux cristallins des deux substrats ne peuvent être alignés) est à l'origine de défauts cristallins qui peuvent se propager dans l'un des substrats, ou dans les deux substrats.
Dans le cadre du transfert d'une couche mince d'un substrat donneur vers un substrat receveur pour l'obtention d'une tranche multicouche, ces défauts, et particulièrement quand ils se propagent dans l'épaisseur de la couche mince, peuvent rendrent la tranche multicouche obtenue non utilisable pour la formation de composants microélectroniques
On notera par ailleurs concernant le collage de deux substrats qu'il existe deux grandes familles de collage.
Le collage dit « hydrophile » implique avant le collage lui-même des opérations de nettoyage qui sont susceptibles de favoriser l'oxydation des surfaces à coller (nettoyage avec des solutions de type SC1. SC2, , .),
Le collage dit « hydrophobe » implique quant à lui par exemple un nettoyage avec une solution du type HF,
Ces types de collage peuvent certes être mis en œuvre pour réaliser des collages directs tels que mentionnes ci-dessus
Mais ces types de collages sont relativement lourds à mettre en œuvre, et peuvent en outre générer des défauts qui devront ensuite être traités spécifiquement.
En effet, lorsqu'une technique de collage hydrophile ou hydrophobe est utilisée, certaines espèces - par exemple des molécules d'hydrogène (H2) et/ou des molécules d'eau (H2O) et/ou d'autres contaminants - se forment à l'interface de mise en contact pendant le traitement thermique de fracture qui, dans le cadre d'une méthode de type Smart Cut™, se fait à
une température de l'ordre de 5000C alors que ces espèces disparaissent à une température de l'ordre de 9000C,
La présence de ces espèces (H2 et/ou H?O et/ou autres contaminants) à l'interface de mise en contact induit la formation de défauts de type « manque » (ou « voîd » selon la terminologie anglo-saxonne) ou « cloques » (ou « biister » selon la terminologie anglo-saxonne) à l'interface de mise en contact entre la couche transférée et le substrat receveur,
II est donc nécessaire d'effectuer un traitement spécifique de ces défauts.
Il apparaît ainsi qu'il existe un besoin pour permettre de réaliser le collage direct de substrats (notamment des substrats ayant des caractéristiques, par exemple cristallines, différentes).
La réalisation de tels collages serait ainsi avantageuse dans le cadre de la mise en œuvre de techniques de transfert de couche, notamment les techniques avec fracture au niveau d'une zone de fragilisation qui ont été mentionnées ci-dessus.
Un objet de l'invention est de permettre de réaliser de tels collages, de manière simple et efficace.
Afin d'atteindre les objets qui ont été mentionnées ci-dessus, l'invention propose un procédé de transfert de couche mince d'un substrat donneur vers un substrat receveur, ledit procédé comprenant la création d'une zone de fragilisation dans le substrat donneur pour délimiter dans ledit substrat donneur une couche à transférer, ledit substrat donneur présentant une structure cristalline ordonnée, procédé caractérisé en ce qu'il comprend les étapes consistant à .
• Perturber (a structure cristalline d'une région de surface du substrat donneur, afin de créer dans l'épaisseur dudit substrat donneur une région superficielle perturbée, et définir ainsi une interface de perturbation entre ladite région perturbée et la région sous-jacente du substrat donneur dont la structure cristalline est conservée.
• Soumettre ledit substrat donneur à un recuit de recristallisation en vue de provoquer : y une recristallisation au moins partielle de ladite région perturbée, à partir de la structure cristalline de ladite région sous-jacente du substrat donneur,
> et la création d'une zone de défauts cristallins dans le plan de ladite interface de perturbation,
• Introduire une ou plusieurs espèces dans l'épaisseur du substrat donneur pour y créer ladite zone de fragilisation, les paramètres de l'introduction d'espèces étant ajustés pour introduire un maximum d'espèces au niveau de ladite zone de défauts cristallins.
Des aspects préférés, mais non ϋmrtatîfs de ce procédé sont les suivants :
• ladite recristallisation partielle permet d'ordonner le réseau cristallin du substrat donneur dans une région recristallisée s'étendant entre ladite zone de défauts cristallins et la surface du substrat donneur.
• ladite perturbation de la structure cristalline d'une région de surface du substrat donneur consiste à rendre cette région amorphe,
• ladite introduction d'espèces est réalisée par implantation d'espèces,
• lesdites espèces comprennent au moins deux espèces de sortes différentes,
• les paramètres dudit recuit de recristallisation sont contrôlés de manière à recristalliser uniquement une partie désirée de l'épaisseur du substrat donneur située à proximité de ladite interface de perturbation, et à conserver une région superficielle dudit substrat donneur dont la structure cristalline est perturbée,
• le procédé comprend une étape de collage dudît substrat donneur avec ledit substrat receveur, puis une étape de fracture du substrat donneur au niveau de la zone de fragilisation,
• les paramètres dudit recuit de recristallîsation sont contrôlés de manière à conserver dans le substrat donneur une région superficielle amorphe en vue de faciliter ledit collage,
• ledit collage est un collage direct, ne faisant intervenir entre le substrat donneur et le substrat receveur aucune couche intermédiaire de collage,
• le procédé comprend une étape de traitement du substrat donneur et/ou du substrat receveur en vue d'améliorer le collage entre le substrat donneur et le substrat receveur,
• le procédé comprend une étape de perturbation de Sa structure cristalline d'une région de surface du substrat receveur, afin de créer- dans l'épaisseur dudit substrat receveur une région superficielle perturbée :
• la perturbation de la structure cristalline d'une région de surface du substrat receveur consiste à rendre cette région amorphe. D'autres aspects, buts et avantages de l'invention apparaîtront mieux à fa lecture de la description suivante de formes de réalisation de l'invention et en regard des dessins annexés donnés à titre d'exemples non limitatifs et sur lesquels :
. la figure 1 représente schématiquemeni des étapes selon un mode de réalisation possible du procédé selon l'invention,
. la figure 2 représente schématiquement l'évolution de la structure d'un substrat donneur après différentes étapes du mode de réalisation illustré à la figure 1.
Aspect général - contrôle de la zone de fragilisation
Selon une caractéristique générale, et en référence aux figures 1 et 2, le procédé selon l'invention est comme on Ta dit un procédé de transfert de couche mince d'un substrat donneur vers un substrat receveur, ledit procédé comprenant la création d'une zone de fragilisation dans le substrat
donneur pour délimiter dans ledit substrat donneur une couche à transférer, ledit substrat donneur présentant une structure cristalline ordonnée.
Dans le cas de l'invention, le procédé comprend plus précisément les étapes consistant à :
• Perturber la structure cristalline d'une région de surface du substrat donneur (étape 10 du mode de réalisation illustré à la figure 1 ), afin de créer dans l'épaisseur dudit substrat donneur une région superficielle perturbée, de manière à définir une interface de perturbation entre ladite région perturbée et la région sous-jacente du substrat donneur dont la structure cristalline est conservée,
• Soumettre ledit substrat donneur à un recuit de recrîstallîsation (étape 20 du mode de réalisation illustré à la figure 1 ) en vue de provoquer r- une recristallisation au moins partielle de ladite région perturbée à partir de la structure cristalline de ladite région sous-jacente du substrat donneur, r- et la création d'une zone de défauts cristallins dans Ie plan de ladite interface de perturbation,
• Introduire une ou plusieurs espèces dans l'épaisseur du substrat donneur pour y créer ladite zone de fragilisation (étape 30 du mode de réalisation illustré à la figure 1 ), les paramètres de l'introduction d'espèces étant ajustés pour introduire un maximum d'espèces au niveau de ladite zone de défauts cristallins.
La perturbation de la structure cristalline d'une région de surface du substrat donneur peut notamment être réalisée par une implantation dans le substrat donneur d'espèces lourdes - par exemple des espèces telles que Si, Ge.
Cette « perturbation » peut notamment correspondre à une amorphisatîon de la région du substrat donneur qui est traversée par une telle implantation d'espèces lourdes,
Les paramètres d'une telle implantation d'espèces lourdes (en particulier l'énergie et les doses d'implantation) sont définies pour contrôler
la profondeur d'implantation de ces espèces lourdes, qui vont définir dans l'épaisseur du substrat donneur une région superficielle perturbée.
Cette région perturbée correspond ainsi typiquement à une région superficielle amorphe du substrat donneur, alors que le reste du substrat donneur conserve la structure d'origine de ce substrat, qui était ordonnée.
Le substrat donneur est en effet par exemple un substrat 100 en matériau monocristallin.
Et la création d'une région superficielle perturbée 110 définit ainsi une interface de perturbation 120. entre ladite région superficielle perturbée 110 et la région sous-jacente 130 du substrat qui conserve sa structure cristalline
Et Ia profondeur de cette interface de perturbation 120 est définie par les paramètres de l'implantation d'espèces lourdes - qui sont eux- mêmes comme on l'a dit contrôlés, de sorte que la profondeur de l'interface de perturbation 120 mentionnée ci-dessus est elle-même contrôlée.
On définira ainsi les paramètres de l'implantation d'espèces lourdes - et plus généralement de la perturbation - pour que la profondeur de l'interface de perturbation 120 corresponde à la profondeur souhaitée dans le substrat donneur pour la zone de fragilisation.
Cette profondeur souhaitée est typiquement égale, ou légèrement supérieure, à l'épaisseur désirée pour la couche mince que l'on désire transférer du substrat donneur sur le substrat receveur
La recrîstallisation - qu'elle soit partielle ou totale - permet de réordonner le réseau cristallin du substrat donneur dans une région recristallisée, comprise dans la région superficielle perturbée.
Cette région recristallisée s'étend entre ladite interface de perturbation 120 et la surface 140 du substrat donneur.
En effet, la recristallisation -- qui est obtenue par un recuit dit de recristallisation - est réalisée sur la base de I' « empreinte » de la structure cristalline la plus proche de Ia région à recristalliser. Et cette structure cristalline la plus proche est celle de la région sous-jacente 130 du substrat
receveur, dont la structure n'a pas été altérée par le traitement de perturbation.
En fonction des paramètres du recuit de recristallisation (en particulier en fonction du budget thermique qu'il apporte à la tranche), la recristallisation gagnera une épaisseur plus ou moins importante de la région dont la structure a été perturbée,
Et il est ainsi possible de contrôler les paramètres de ce recuit de recristallisation pour recristalliser tout ou partie de la région perturbée
On peut ainsi obtenir soit un substrat donneur 150 dont la région perturbée a été totalement recristallisée, soit un substrat donneur 160 dont seulement une partie 170 de la région perturbée est recristallisée.
On verra que ce contrôle de la recristallisation peut être exploité avantageusement dans la perspective du collage du substrat donneur avec le substrat receveur
Le recuit de recristallisation provoque ainsi une recristallisation d'une région du substrat donneur qui s'étend à partir de l'interface de perturbation vers la surface de ce substrat, et dont l'épaisseur est contrôlée.
Ce recuit de recristallisation provoque également un deuxième effet, qui est avantageusement exploité dans le cadre de l'invention.
Ce recuit provoque en effet la création d'une zone de défauts cristallins 180 (de types dislocations) dans le plan de ladite interface de perturbation 120. Cette zone s'étend selon une profondeur constante dans l'épaisseur du substrat donneur, selon le plan de l'interface de perturbation 120.
Ce deuxième effet est obtenu que les paramètres du recuit de recristalîîsation provoquent une recristallisation partielle, ou totale, de la région perturbée.
L'invention peut être mise en œuvre avec profit dans le cadre général d'une méthode de type Srnart~GutI M,
On peut ainsi créer la zone de fragilisation par implantation d'une ou plusieurs espèces. Au contraire des espèces utilisées pour perturber la
structure cristalline du substrat donneur, les espèces utilisées pour une telle implantation de fragilisation sont des espèces légères telles que H ou He.
Une telle implantation de fragilisation est réalisée de manière avantageuse dans le cadre de l'invention
En effet, dans le cas de l'invention on a préalablement à cette implantation de fragilisation constitué dans l'épaisseur du substrat donneur une zone de défauts cristallins 180, à l'issue du recuit de recristallisation
Et les défauts cristallins de cette zone 180 constituent des pièges pour les espèces légères qui seront implantées dans le substrat donneur en vue d'y créer sa zone de fragilisation.
Cet effet de pîégeage se traduit en pratique par deux effets avantageux :
• Premièrement, et comme l'illustre la figure 2, dans le cas 190as 190b de la présente invention, les espèces légères implantées sont plus concentrées autour de leur pic de concentration (en fonction de ia profondeur dans le substrat donneur) que dans le cas 200 d'une implantation d'espèces légères dans un substrat donneur non préalablement traité,
• En outre, la profondeur dans le substrat donneur de l'implantation maximum des espèces légères - et donc la profondeur de la zone de fragilisation - est finement contrôlée, car elle est définie par la profondeur de la zone de défauts cristallins.
Ces deux effets concourent à une meilleure maîtrise de la création de la zone de fragilisation - - et en particulier ils permettent de ne produire après fracture au niveau de cette zone que des régions superficielles faiblement perturbées.
Ainsi, le procédé selon ['invention permet de réduire sensiblement ia dispersion des espèces légères introduites dans l'épaisseur du substrat donneur pour la formation de fa zone de fragilisation
II en résulte qu'avec le procédé selon l'invention, la répartition gaussienne 195a. 195b des espèces introduites dans l'épaisseur du
substrat donneur présente un écart type sensiblement inférieur à l'écart type de la répartition gaussienne 205 des espèces légères obtenue avec les procédés de l'art antérieur.
Ceci est illustré de manière schématique sur la figure 2,
En réduisant sensiblement la dispersion des espèces introduites dans l'épaisseur du substrat donneur, le procédé selon l'invention permet de limiter l'épaisseur de la zone de fragilisation
II est a noter que cette réduction de dispersion peut être favorisée par un traitement thermique, comme par exemple lors du traitement thermique postérieur de fragilisation.
On notera que les documents WO2005/004514 et US2002/0187619 ne concernent pas les problèmes visés par l'invention, et ne suggèrent aucunement ses caractéristiques particulières (ni même de manière beaucoup plus générale le problème de dispersion des espèces légères introduites dans l'épaisseur du substrat donneur)
Pour former la zone de fragilisation, les procédés décrits dans les documents WO2005/004514 et US2002/0187619 ne comprennent pas d'étape de perturbation d'une région du substrat donneur, ni d'étape de recuit de recrîstallîsation d'une partie ou de la totalité de la région perturbée.
Dans WO2005/004514. la zone de fragilisation est formée en plaçant le substrat donneur dans un plasma d'hydrogène, en effectuant un premier traitement thermique à une température ne dépassant pas 250 0C, puis en effectuant un deuxième traitement thermique à des températures plus élevées ne dépassant pas 400 0C. A la fin du deuxième traitement thermique, la zone de fragilisation est formée (cf. page 11 lignes 5 à 9 de WO2005/004514) Aucune recπstallisation qui serait liée à la formation de la zone de fragilisation n'est effectuée.
Dans US2002/0187619 la zone de fragilisation est formée à une première profondeur par implantation d'hydrogène (cf. page 1 paragraphe [0011] de US2002/0187619), et une zone de pîégeage est constituée à une deuxième profondeur pour capter des contaminants métalliques.
Revenant à l'invention, on précise que les espèces légères peuvent également être introduites dans le substrat donneur par une technique autre que l'implantation (diffusion plasma ou autre). En tout état de cause l'effet de piégeage mentionné ci-dessus, et ses avantages associés, demeurent.
Exploitation de l'invention dans la perspective d'un collage
On a dit qu'on pouvait dans le cadre de l'invention contrôler les paramètres du recuit de recristallisation pour sélectivement recristalliser tout ou partie de la région superficielle du substrat donneur dont la structure cristalline a été perturbée. il est ainsi possible de contrôler ces paramètres pour que la recristallisation ne soit que partielle, et permette de conserver en surface du substrat donneur une région dont la structure cristalline est perturbée (typiquement : amorphe).
Une région située sous cette région perturbée s'étend jusqu'à l'interface de perturbation, et sa structure a quant à elle été réordonnée par le recuit de recristallisation.
Une telle région perturbée de surface peut être exploitée avantageusement dans la perspective d'un collage,
Une telle région permet en effet un collage direct du substrat donneur avec un autre substrat - par exemple le substrat receveur — sans qu'il soit besoin d'intercaler une couche d'isolant - ou quelque couche de collage que ce soit.
La région superficielle perturbée (dont on rappelle qu'elle est typiquement amorphe) constitue en effet une région du substrat donneur qui remplit elle-même la fonction qui serait remplie par une couche de collage.
La surface de cette région superficielle est en effet dépourvue du relief de surface d'une couche ordonnée telle qu'une couche monocristalline -il est ainsi connu qu'une couche amorphe est apte à remplir une fonction de « couche de collage ».
On précise enfin qui! est également possible, en vue de favoriser encore un collage direct du substrat donneur et du substrat receveur, d'amorphiser une région superficielle du substrat receveur avant le collage.
On pourra ainsi coller un substrat donneur et un substrat receveur qui présentent chacun une surface amorphisée.
La présence d'une couche amorphe, en particulier lorsqu'elle est présente sur une surface de chacun des substrats (donneur et receveur), permet de faire disparaître plus rapidement les contaminants piégés à l'interface de mise en contact des substrats par absorption dans les substrats
• EQβ^JIM^deJ[ΕiteïïM[É^M,£ΦM[MlÊceγeur
On va dans cette section apporter un complément à propos d'une possibilité de traitement du substrat receveur - ce traitement pouvant être mis en oeuvre :
• en combinaison avec les éléments exposés ci-dessus et qui concernent le substrat donneur,
• ou indépendamment de ces éléments, dans le cadre d'un procédé de transfert de couche mince d'un substrat donneur vers le substrat receveur.
Un tel traitement du substrat receveur permet en particulier de piéger les défauts qui peuvent être générés lors du collage du substrat receveur avec le substrat donneur.
Un tel traitement du substrat receveur comprend la création d'une zone de défauts cristallins enterrés dans le substrat receveur pour créer une zone de pîégeage de contaminants, ledit substrat receveur présentant une structure cristalline ordonnée, le procédé comprenant les étapes consistant à :
• Perturber la structure cristalline d'une région de surface du substrat receveur, afin de créer dans i'épaisseur dudit substrat
receveur une région superficielle perturbée, et définir ainsi une interface de perturbation entre ladite région perturbée et la région sous-jacente du substrat receveur dont la structure cristalline est conservée,
* Soumettre ledit substrat receveur à un recuit de recristallisatïon en vue de provoquer r- une recristallisatïon au moins partielle de ladite région perturbée, à partir de la structure cristalline de ladite région sous-jacente du substrat receveur, y et la création d'une zone de défauts cristallins dans le plan de ladite interface de perturbation (pour le piégeage de défauts cristallins créés lors du collage).
Comme rappelé plus haut, le collage direct d'une couche mince de silicium présentant une première orientation sur un substrat receveur en silicium massif présentant une deuxième orientation cristalline différente de Sa première orientation cristalline - ou plus généralement tous réseaux cπstallins qui ne seraient pas précisément positionnés en regard l'un de l'autre - est à l'origine de défauts cristallins - notamment de type dislocation dite « traversante »,
La création d'une zone de défauts cristallins enterrés dans le substrat receveur (par perturbation, puis recristallisation tel qu'explicité à la page précédente) permet d'éviter la propagation, dans l'épaisseur de la couche mince, des défauts générés lors du collage
En effet, les défauts générés lors du collage sont générés et piégés préférentieilement dans le substrat receveur, au niveau de cette zone de défauts cristallins enterrés.
Exemples particuliers de mise en oeuvre
• Tranche multicouche hybride parβotlage Si-Si
Selon un premier exemple particulier de mise en oeuvre de ['invention, on réalise les opérations suivantes * r- Préparation d'un substrat donneur par exemple en Silicium. Ce substrat peut être d'orientation cristalline quelconque ((100), (110), , . ,). Ce substrat peut être oxydé en surface pour préparer les étapes d'implantation mais dans ce cas l'oxyde de surface ainsi créé sera retiré avant collage, afin d'obtenir au final un collage direct Si-Si, r- Amorphisation d'une couche superficielle par implantation dans le substrat donneur. L'épaisseur de la couche amorphisée correspond à l'épaisseur de la couche à transférer,
^ Cette amorphisation peut être obtenue par implantation par exemple de Si avec une énergie suffisante pour définir un pic de concentration d'implantation à proximité de l'épaisseur de la couche à transférer,
• par exemple pour une épaisseur désirée pour la couche à transférer de l'ordre de 0.1 micron à 2 microns, l'énergie d'implantation du Si sera de l'ordre de 50 à 250 keV.
• Plus précisément encore pour une énergie d'implantation de 180 keV, Ia profondeur d'implantation s'étend à environ 0 4 mscrons). s L'implantation d'amorphisation est par ailleurs effectuée avec une dose suffisante pour amorphiser la couche traversée par le Si implanté (dose de l'ordre 1014 à 1018 atomes/cm2 pour du Si implanté dans du silicium),
0- Recuit de recristallisation partiel et de création des défauts cristallins enterrés au niveau de l'interface de perturbation. Ce recuit est typiquement de l'ordre de 4000C à 10000C de 30 mn à 6 heures dans une atmosphère non oxydante. La durée et la température exactes de recuit vont dépendre de l'épaisseur de la région superficielle perturbée et de l'épaisseur perturbée que l'on désire préserver, > Implantation de fragilisation par exemple d'hydrogène à 60 keV à une dose de 5*1016 atomes/cm2 de manière à localiser le pic de
concentration d'hydrogène au niveau de la zone de défauts cristallins enterrés,
> Préparation d'un substrat receveur d'orientation cristalline quelconque, préférentiellement différente de celle du substrat donneur, ledit substrat receveur comportant lui-même éventuellement en surface une zone amorphisée pour faciliter encore le collage avec le substrat receveur,
>- Optionnellement, étape de prétraitement (étape 40 du procédé illustré à la figure 1 ) du substrat donneur et/ou du substrat receveur pour améliorer le collage entre le substrat donneur et le substrat receveur, tel qu'un traitement plasma, ou un traitement thermique 35O0C pendant environ 2 heures, ou un traitement de recuit thermique visant à renforcer l'interface de collage tel que décrit dans le document WO2005/004233, ou tout autre traitement connu de l'homme de l'art permettant d'améliorer le collage entre le substrat donneur et le substrat receveur, r Collage du substrat donneur directement sur le substrat receveur par ['intermédiaire de la/des couche(s) amorphe(s) de surface à coller (étape 50 du procédé illustré à la figure 1 ),
> Traitement thermique de fracture (étape 60 du procédé illustré à la figure 1 ) à 4007600
0C environ pendant 2 à 8 heures pour réaliser la fracture au niveau de la zone de fragilisation, et obtenir une tranche multicouche comprenant le substrat receveur et la couche transférée du substrat donneur. r- Finition de ia tranche multicouche obtenue. Cette finition est limitée à une finition légère car seule une faible épaisseur de la surface de la tranche correspond à une zone endommagée lors de la fracture. Cette finition peut par exemple être réalisée par un recuit rapide (RTA), ou une oxydation sacrificielle, et/ou polissage, Une finition réalisée sous la forme d'un recuit - surtout à haute température (plus de 1Q0Q°C) - pourrait conduire à recristalliser entièrement la (les) région(s) amorphisée(s).
II peut être désiré de recristaliiser Ia totalité de la région superficielle perturbée (typiquement amorphisée).
Dans ce cas, les paramètres du recuit de recristallisation sont définis de manière à conduire à une recπstallisation totale de la couche amorphe.
Dans un tel cas, la zone de défauts cristallins enterrés qui résulte du recuit de recristallisation sera particulièrement bien marquée, car les effets de ce recuit sur la création de ces défauts se feront sentir de manière très marquée.
Le recuit de recristallisation peut par exemple combiner une première étape de recristallisation à moyenne température autour de 6000C pendant environ 4 heures» suivie par un second recuit à plus haute température (autour de 10000C) pendant également 4 heures environ afin de bien développer les dislocations de piègeage enterrées dans le substrat donneur,
II peut être particulièrement intéressant de prévoir dans ce cas d'amorphiser une région de surface du substrat receveur avant son collage avec le substrat donneur, dans le but de faciliter ce collage.
On pourra dans ce cas choisir d'implanter du Germanium dans le substrat donneur, pour y créer la région superficielle perturbée.
Le lecteur appréciera que certaines étapes du procédé peuvent être réalisées dans un ordre différent. Par exemple, dans un mode de réalisation, les étapes relatives à la formation de la zone de fragilisation (étape 10, 20, 30 du mode de réalisation illustré à la figure 1 ) sont réalisées après le collage (étape 50 du procédé illustré à la figure 1 ) du substrat
donneur sur ie substrat receveur et avant l'étape 60 de fracture (en référence au mode de réalisation illustré à la figure 1 , les étapes du procédé selon l'invention sont alors réalisées dans l'ordre suivant (40-50-10-20-30- 60),