L'invention se rapporte à un procédé de fabrication d'une frange à glands, de préférence de plusieurs couleurs, à un métier pour dentelle au crochet pour la mise en oeuvre de ce procédé et à la frange obtenue par ce procédé.
Un tel métier comprend un bâti auquel est fixée, transversalement, une barre ou peigne d'abattage, portant des dents entre certaines desquelles sont guidées des aiguilles en forme de crochet qui, toutes, sont solidaires d'un support, dit lit d'aiguilles , qui est parallèle à la barre d'abattage et associé au bâti de maniére à pouvoir se rapprocher ou s'écarter parallèlement au peigne pour, soit faire pénétrer au maximum les aiguilles dans le peigne, soit les en dégager. Ces aiguilles sont servies en fil de chaîne par des aiguilles à oeillet, ou passettes , pour former des points réalisant des piqûres en chaînettes parallèles au sens d'avance de l'ouvrage.
Le bâti porte, en outre, transversalement et au-dessus des aiguilles, des barres de trame, sur lesquelles se fixent des guide-fils de trame. Ces barres de trame peuvent être déplacées parallèlement à leur axe, sous diverses commandes de la machine, telles que des chaînes à dessins placées sur un tambour et travaillant à la manière de cames avec rappel par ressort, ou, pour des déplacements plus importants, à l'aide de commandes par pignons et crémaillères.
Le mouvement de va-et-vient ainsi imprimé aux barres de trame permet le dépôt de la trame, par exemple en zigzag ou selon une sinusoïde, cette trame étant maintenue dans cette disposition par formation des piqûres parallèles à l'avance de l'ouvrage à l'aide des aiguilles à crochet citées ci-avant.
Pour le ruban de tête de frange, c'est généralement un pliage en zigzag très serré qui est adopté, alors que pour la formation des glands ce sont des zigzags de grande amplitude qui, pour leur association au ruban de tête, soit recouvrent partiellement ce ruban de tête auquel ils se fixent par les piqûres parallèles précitées (brevet américain N" 2222944), soit s'engagent dans des boucles de fil de trame formées périodiquement sur le côté correspondant du ruban de tête (brevet américain NO 2653230).
Dans ces deux modes de réalisation, des piqûres parallèles au ruban de tête s'effectuent près des deux extrémités des zigzags.
La piqûre au pied des zigzags est provisoire, elle tient la mèche pendant l'opération de coupe des glands à la longueur voulue, alors que la piqûre de tête, généralement exécutée avec du fil élastique sous tension, subsiste mais est coupée entre chaque gland pour que chaque tronçon forme la ligature que lesdits glands comportent près de leur tête.
Malheureusement, la disposition en zigzag vue plus haut, c'est-à-dire formant une succession ininterrompue d'angles alternativement saillants et rentrants, empêche de réaliser des franges à pompons de différentes couleurs et, pour ce faire, jusqu'à ce jour, il fallait encore réaliser ces dernières franges manuellement.
Par ailleurs, lors du piquage du fil de chaîne, au moins un point se forme dans chaque gland et déforme celui-ci, ce qui le rend inesthétique.
Un résultat que l'invention vise à obtenir est la réalisation de franges avec des glands de couleurs différentes.
Est également un but de l'invention, I'obtention d'une tête de gland, ligaturée par du fil de chaîne, sans piqûre dans le corps du gland.
Le procédé, objet de l'invention, pour la fabrication d'une frange à glands comportant un ruban de tête et des glands constitués chacun par une mèche fixée au ruban de tête, selon lequel on dépose, sur un métier pour dentelle au crochet, de la trame continue en zigzag, on exécute des piqûres selon des lignes parallèles au sens longitudinal du ruban et l'on réalise les glands en même temps que le ruban de tête par un dépôt de trame séparé, est caractérisé en ce que l'on exécute une piqûre de tête parallèle au ruban à proximité de celui-ci, sur les mèches formant les glands, sans que cette piqûre ne présente de point à l'intérieur du gland, le fil réalisant une ligature n'étant travaillé par le crochet que dans ses portions entre deux glands successifs,
et la piqûre étant ensuite coupée au milieu de ces portions pour isoler les glands les uns des autres.
Le métier pour dentelle au crochet pour la mise en oeuvre de ce procédé, dont le bâti comporte, d'une part, pour le travail de fils de chaîne, une barre d'abattage guidant en translation des aiguilles en forme de crochet, normalement solidaires d'un support dit lit d'aiguilles qui est parallèle à la barre d'abattage, dans les dents de laquelle peuvent s'engager plus ou moins lesdites aiguilles qui sont servies en fil de chaîne par des aiguilles à oeillet afin de leur permettre de réaliser chacune une piqûre en chaînette parallèle au sens d'avance de l'ouvrage, et, d'autre part, pour le travail en trame, des guide-fil au travers desquels passent les fils ou mèches de trame formant soit les glands, soit le ruban de tête de frange, ces différentes trames étant fixées dans la position où elles sont déposées, par lesdites piqûres,
réparties au pied et à la tête des glands ainsi que sur le ruban de tête, chaque guide-fil étant supporté par l'une des barres de trame qui sont portées par le bâti parallèlement à la barre d'abattage et déplaçables séparément en translation au moyen d'une came dont le mouvement est synchronisé avec celui du métier, est caractérisé selon l'invention en ce que l'aiguille formant la piqûre de tête de gland est agencée pour pouvoir coulisser axialement dans le lit d'aiguilles, et en ce qu'il comporte un moyen de commande du coulissement de ladite aiguille pour la maintenir en retrait pendant le passage du gland, pour qu'aucun point ne traverse le corps de ce gland en formation, et pour, ensuite, la ramener en position opérationnelle.
L'invention a également pour objet la frange obtenue à l'aide de ce procédé.
Elle sera bien comprise à l'aide de la description ci-après faite, à titre d'exemple, en regard du dessin ci-annexé qui représente:
- fig. 1: la frange terminée,
- fig. 2: les barres de trame et leur guide-fil,
- fig. 3: le montage des aiguilles à crochet,
- fig. 4: le dispositif évitant la piqûre dans le corps du gland,
- fig. 5: le parcours de la mèche formant les glands,
- fig. 6: la frange en cours de finition,
- fig. 7 à 9: une variante de réalisation du dispositif évitant la piqûre dans le corps du gland, lequel dispositif est représenté dans diverses positions.
En se reportant fig. 1, on remarque que le résultat final est une frange à glands, comprenant un ruban de tête 1 et des glands 2 et 3 de couleurs différentes, chacun constitué par une mèche soit engagée dans une boucle 4 du ruban de tête et repliée sur ellemême, puis maintenue en place par une ligature 5, soit directement fixée sur le ruban de tête.
Le ruban de tête est fabriqué de manière connue sur un métier pour dentelle au crochet déposant de la trame continue 6 en zigzag serré, maintenue en place par des piqûres 7 exécutées selon des lignes parallèles au sens d'avance de l'ouvrage et donc sécantes avec les parcours de la trame 6.
Un même ruban est généralement formé de plusieurs trames distribuées chacune par un guide-fil différent 8 ou 9; pour ce déplacement en zigzag, chaque barre 10, 11, 12, 13 portant les guide-fil est montée libre en translation dans des coulisses 14, 15 du bâti et reçoit sa poussée au moyen d'une came 16, telle qu'un tambour avec une chaîne à dessins, dont la rotation est synchronisée avec la vitesse d'avance du métier. Le rappel de chaque barre de trame, vers la came, se fait généralement à l'aide d'un ressort 17. On comprend alors que l'avance de l'ouvrage, par action sur des rouleaux d'appel, ainsi que le va-et-vient des guide-trame, font que le dépôt de la trame s'effectue selon le trajet en zigzag évoqué plus haut.
Pour fixer la trame dans cette position, au moyen des piqûres 7 citées plus haut, le bâti 18 du métier porte une barre d'abattage 19 (fig. 3 et 4) dont la face supérieure est crénelée parallèlement à l'axe longitudinal du métier pour loger et guider en translation des aiguilles 20 en nombre égal au nombre de piqûres à réaliser. Ces aiguilles 20 ont leur pied 21 saisi dans un support 22 portant le lit d'aiguilles 23 et sa plaquette de couverture 24. Ce pied 21 réalise avantageusement une butée en translation dans le lit d'aiguilles dont le support 22 est associé au bâti 18 de manière à pouvoir, sous une commande adéquate, se rapprocher ou s'écarter de la barre d'abattage 19, dans laquelle coulissent les aiguilles 20 dont la tête 25, en forme de crochet, est servie en fil de chaîne 26 par une aiguille à oeillet ou passette 27.
Pour la réalisation des éventuelles boucles latérales 4, il suffit que le guide-fil correspondant, au moment voulu, ait un déplacement latéral plus important, en agissant pour cela de manière connue sur les moyens propres au métier pour déterminer la commande du déplacement transversal des barres de trame.
Pour réaliser les glands en même temps que le ruban de tête, il faut évidemment prévoir un dépôt de trame par un autre guide fil28.
Les éléments qui viennent d'être décrits et leur mode de fonctionnement sont connus et n'ont été rappelés que pour mieux situer l'invention.
Selon une caractéristique essentielle de l'invention, la machine comprend, pour la formation des glands, plusieurs guide-fil 28, 29 portés par des barres de trame distinctes 12, 13, commandées par des cames 16 du type précité, également distinctes, les dessins de chacune de ces cames étant répartis de manière que la barre ne soit poussée vers le ruban de tête qu'à l'endroit où le gland correspondant doit être placé, puis reviendra aussitôt à l'opposé du ruban où le guide-fil déposera la mèche parallèlement à ce ruban jusqu'au prochain déplacement (fig. 5).
Chaque barre 12 ou 13 ne déposant pas la trame selon une succession ininterrompue d'angles alternativement rentrants et saillants, il est de ce fait possible de prévoir, entre chaque gland ainsi formé par cette première barre, un ou plusieurs glands formés par une ou plusieurs autres barres commandées comme la précédente pour suivre un parcours identique mais déphasé, permettant ainsi le garnissage du ruban par des mèches différentes pouvant donc former des glands de couleurs différentes.
Comme pour le ruban de tête, et comme cela est connu en soi, cette mèche, formant les glands, doit être maintenue en place par des piqûres 30, 31 parallèles à l'avance de l'ouvrage et réalisées comme les précédentes au moyen d'aiguilles 32, 33, guidées par la barre d'abattage et associées au lit d'aiguilles 23.
Toutefois, selon une autre caractéristique importante de l'invention, alors que les aiguilles 32, de piqûre du pied du gland, et les aiguilles 20, du ruban de tête, sont solidaires du lit d'aiguilles 23,1'aiguille 33, de piqûre de tête, est avantageusement munie d'une rallonge arrière 34 et ne présente aucune butée pouvant ainsi librement coulisser axialement dans son logement 35 exécuté dans le lit d'aiguille 23.
Cette commande de l'aiguille 33 permet son retrait lors du passage des glands afin que la piqûre en chaînette ne se fasse qu'entre les glands et non à travers eux. Chaque gland sera alors simplement ligaturé par le fil passant autour de lui et qui est de préférence en matériau élastique pour assurer le serrage.
Pour cette commande, divers moyens peuvent être utilisés. Par exemple, le pied de cette aiguille s'articulera (36) en bout du bras d'une manivelle 37, solidaire en rotation d'un arbre 38 commandé en rotation, par exemple à l'aide d'un électro-aimant 39, dont le noyau plongeur 40 agit sur une manivelle 41 calée sur l'arbre 38.
Dans un mode préféré, l'arbre 38 a ses supports 38a solidaires du mouvement du lit d'aiguilles afin que l'électro-aimant 39 n'ait à commander que le retrait de l'aiguille lors du passage d'un gland en formation, ce qui peut facilement être déterminé par une came dont le mouvement est synchronisé avec celui de l'avance du métier, par exemple en la calant avec les cames 16 de commande des barres de trame, cette came commandant un microrupteur contrôlant le circuit 42 d'alimentation de cet électro-aimant 39.
Dans une variante de réalisation, la partie antérieure 34 de l'aiguille spéciale 33 est fixée à une barre transversale 62 située audessus du lit d'aiguilles 23 et dont la face supérieure est crénelée selon le même pas que la barre d'abattage 19.
Pour sa fixation sur cette barre 62, la partie antérieure 34 de l'aiguille spéciale est pliée en forme de U large 63 puis, I'extrémité de la branche étant libre, est à nouveau pliée en U 64, plus étroit, pour venir pincer la barre transversale 62 par l'avant après l'avoir contournée par le dessus.
Cette barre 62 peut évidemment recevoir plusieurs aiguilles de ce type lorsque le métier réalise plusieurs franges à la fois.
La barre 62 est solidaire de deux consoles 65 portées par des tiges 66 pouvant coulisser parallèlement à l'axe longitudinal du métier, ces tiges 66 étant guidées en translation dans des manchons 67 solidaires du bâti 18. Cette barre 62 est sollicitée vers les manchons 67 par des ressorts 68 tendus entre un point d'attache 69 solidaire du bâti et un point d'attache 70 solidaire, en translation, de la barre 62. Le recul de la barre 62 vers les manchons 67 provoque évidemment le retrait de l'aiguille spéciale 33 (fig. 8 et 9) qui est fixée à cette barre. Entre les passages des glands, afin de ramener cette aiguille en position opérationnelle (fig. 7 et 8), il est prévu entre la barre transversale 62 et le lit d'aiguilles 23, un moyen de verrouillage faisant que, lors du déplacement du lit d'aiguilles 23, la barre 62 suit le même mouvement.
Ce moyen de verrouillage est simplement dégagé pour les passages des glands. Il comprend une platine 71 fixée par rapport au lit d'aiguilles 23 à l'aide de boulons 72. Légèrement au-dessus de cette platine 71, est prévue une plaquette 73 rendue solidaire en translation de la barre 62 au moyen de boulons 74 fixés sur une traverse 75 portée par les consoles 65 précitées. La plaquette 73 et la platine 71 sont toutes deux percées d'un trou selon le même axe vertical lorsque la barre 62 est en position telle que l'aiguille spéciale 33 est au même niveau que les autres aiguilles 20 et 32.
Le verrou proprement dit est formé par le noyau plongeur 40 de l'électro-aimant 39, qui coulisse dans le trou 76 de la plaquette 73 et pénètre dans le trou 77 de la platine 71. I1 se prolonge à l'opposé de la platine 71 pour porter une masse 78 provoquant sa chute par son propre poids dès que le circuit 42 d'alimentation de l'électro-aimant n'est plus sous tension, ce qui associe temporairement l'aiguille spéciale 33 aux autres aiguilles 20, 32 dans leur mouvement de va-et-vient.
Lorsque la frange est terminée, en ce qui concerne le travail des crochets, elle se présente (fig. 6) avec ses glands réunis entre eux tant par le fil 30 de ligature des têtes de glands que par les fils 31 réunissant les bases de glands ainsi que par les mèches de fils de couleurs 58, 59 laissées en attente comme exposé plus haut.
La coupe des glands peut alors être réalisée automatiquement à l'aide de ciseaux 60 montés sur la machine, juste sous les aiguilles.