Description
Titre : Utilisation cosmétique d’amidon riche en amylose comme agent filmogène à effets barrière et fixateur
Domaine technique
[0001] L’invention relève du domaine des agents filmogènes à usage cosmétique ou dermatologique, utilisés pour conférer à une préparation à usage topique des propriétés barrières aux pollutions environnementales, par exemple aux micro particules et aux composés organiques volatiles, et plus particulièrement à la pollution atmosphérique urbaine, et/ou des propriétés de fixation de ladite préparation à usage topique.
[0002] La présente demande apporte une solution à trois besoins actuels en cosmétique : fournir un produit le plus naturel possible ; protéger la peau des agressions environnementales au travers d’un produit cosmétique d’usage quotidien aisé et plaisant ; fixer les produits d’usage cosmétique sur la peau ou les phanères.
[0003] La pollution environnementale, et plus particulièrement celle atmosphérique connue sous le nom anglais de « smog » ou « urban dust », est composée de particules et de fibres inorganiques pouvant comprendre des métaux lourds, et des composés organiques toxiques ou cancérigènes tels que les composés hydrocarbonés aromatiques polycycliques, les furans, les aldéhydes, pouvant même aussi être associés à des microorganismes pathogènes. De telles particules ont des tailles allant de moins de 1 pm jusqu’à 500 pm. Plus ces particules sont de petite taille, plus leur toxicité est accrue. Selon une étude réalisée par L’Oréal, les particules de taille allant de 2,5 pm à 10 pm sont les plus nocives : elles pénètrent profondément dans l’épiderme où elles provoquent une dégradation chimique grave.
[0004] La pollution atmosphérique provoque un vieillissement prématuré de la peau. Il a été démontré que le processus de vieillissement est induit par des dysfonctionnements biologiques tels que ceux causés par cette pollution, comme par exemple la péroxydation des lipides de l’épiderme, l’altération des protéines, une perte en eau anormale, et aussi causés par le stress oxydatif, l’apoptose et
les dégâts cellulaires générés par les UVB. Ces dysfonctionnements occasionnant l’apparition de points noirs, une diminution de l’éclat de la peau, et une augmentation de la sensibilité de la peau.
[0005] La protection de la peau vis-à-vis de la pollution environnementale est ainsi une nouvelle cible cosmétique pour protéger l’aspect et la santé de la peau, tout en maintenant une texture agréable d’un point de vue sensoriel sur la peau, les ongles ou les cheveux.
[0006] Une autre demande des consommateurs est que les produits cosmétiques, notamment ceux d’usage quotidien tels que les produits de maquillage comme les fonds de teint, les rouges à lèvres, les mascaras, ou tels que les produits de coloration capillaire, restent en place une fois appliqués. Cela veut dire que le produit cosmétique doit rester, au moins partiellement, ou mieux totalement, sur la zone couverte le plus longtemps possible, idéalement au moins une journée, même lorsque la zone couverte est soumise à des frottements avec des textiles, tels que les vêtements, ou même avec la peau. Ce résultat de non-transfert est possible par la présence d’un agent fixateur dans le produit cosmétique.
Technique antérieure
[0007] Initialement, l’industrie a eu recours à des polymères d’origine naturelle pour la fonction filmogène à effet barrière anti-pollution. Pour autant, ces derniers présentaient un certain nombre d’inconvénients, notamment en terme de couleur, d’odeur, de pureté, de constance d’efficacité et de stabilité de viscosité. Ces raisons ont conduit à leur substitution par des polymères synthétiques ou semi- synthétiques. On connaît à ce titre les polymères ou copolymères de N- vinylimidazole, les composés siliconés ou les gommes de silicone, et enfin les carbomères, très employés en cosmétique. La gamme Carbopol® développée par la société Lubrizol en est un exemple. On peut citer en particulier le produit Carbopol® Ultrez 10NF qui est un copolymère de polyéthylène glycol et d’ester acide de longue chaîne alkyle, créé pour apporter des propriétés filmogènes à une grande variété de formules cosmétiques.
[0008] Pour leur fonction filmogène à effet fixateur, l’industrie a actuellement recours à des polymères de synthèse tels que les polymères d’acrylates ou copolymères d’acrylates et d’allyl-methacrylate (comme le Fixate™ G-100 de
Lubrizol), les copolymères de N-vinylpyrrolidone et d’acétate de vinyle, les polymères de methyl méthacrylate réticulés, les polyvinylpyrrolidones, les silicones, les huiles de castor hydrogénée PEG-40 ou PEG-60.
[0009] Selon le brevet EP1684731 , il est connu de d’utiliser l’amidon de pois hydroxypropylé prégélatinisé et fluidifié comme agent filmogène pour enrober ou pelliculer les formes solides pharmaceutique tels que les comprimés. Ce document ne divulgue pas l’utilisation d’amidon riche en amylose, et a fortiori d’amidon de pois hydroxypropylé, comme agent filmogène dans une préparation cosmétique. Problème technique
[0010] L’industrie des cosmétiques doit aujourd’hui faire face à des nouveaux enjeux en termes de sauvegarde de l’environnement, de préservation de nos ressources fossiles, d’empreinte carbone et de sécurité et de protection des consommateurs. De ce point de vue, elle reconsidère ses formulations et retourne autant que possible vers l’emploi de solutions d’origine naturelle pour la formulation de ses produits. La science et la technologie progressent dans ce domaine dans le but de proposer des solutions techniques, fiables, performantes, permettant au formulateur d’atteindre des fonctions filmogènes efficaces dans les produits qu’il réalise, avec des ingrédients naturels, hautement respectueux de l’environnement et du consommateur.
[0011] De façon surprenante et inattendue, la demanderesse a pu constater qu’il est possible, pour les besoins de la cosmétique, de disposer d’un amidon d’usage aisé, en particulier directement dispersible et soluble dans l’eau froide, tout en étant stable dans la préparation cosmétique. Elle a pu aussi constater qu’un tel amidon permet, après application d’une préparation cosmétique le comprenant, la création d’un film à effet barrière et/ou fixateur particulièrement efficace.
Objet de l’invention
[0012] Il est proposé une utilisation d’au moins un amidon, dans une préparation à usage topique, de préférence cosmétique ou dermatologique, comme agent filmogène à effet barrière à la pollution environnementale, et/ou à effet fixateur, dans laquelle ledit amidon présente :
- une teneur en amylose supérieure ou égale à 30 %, préférentiellement entre
30% et 75%,
- et une viscosité Brookfield en dispersion aqueuse à 25°C à 20 % en poids de matière sèche comprise entre 10 et 10 000 mPa.s, préférentiellement entre 20 et 5000 mPa.s, plus préférentiellement entre 50 et 1000 mPa.s, tout préférentiellement entre 75 et 500 mPa.s, et encore plus préférentiellement aux environs de 150 mPa.s.
[0013] Selon un autre aspect de l’invention, l’amidon utile à l’utilisation permet de former sur l’épiderme ou les phanères, un film qui protège de la pollution environnementale due aux microparticules en suspension dans l’air et/ou des composés organiques volatiles allergènes, tels que les parfums, ou nocifs ou toxiques pour la peau, et préférentiellement de celle due aux microparticules atmosphériques, tel que la poussière urbaine connue sous son appellation anglaise « urban dust ».
[0014] Selon un autre aspect de l’invention, l’amidon utile à l’utilisation permet de créer une barrière à des produits allergènes d’origine externe sous forme liquide ou volatile, comme les parfums, les huiles essentielles, les solvants organiques, ou sous forme de particules solides comme par exemple les pollens.
[0015] Selon un autre aspect de l’invention, l’amidon utile à l’utilisation permet de former un film à effet fixateur, qui permet d’augmenter la tenue de la préparation à usage topique, notamment des pigments, des colorants, des produits de coloration capillaire, ou qui permet d’augmenter la tenue de la coiffure ou la mise en forme des cheveux, des poils ou des cils, ou qui permet de donner une propriété de non transfert à la préparation à usage topique, par exemple non transfert des produits de maquillage.
[0016] Selon un autre aspect de l’invention, l’amidon utile à l’utilisation selon l’invention est un amidon de légumineuse, natif et/ou modifié thermiquement et/ou modifié chimiquement.
[0017] Selon un autre aspect de l’invention, l’au moins un amidon de légumineuse est le seul agent filmogène amylacé ou d’origine amylacée.
[0018] Selon un autre aspect, il est proposé une préparation à usage topique, de préférence cosmétique ou dermatologique, comprenant au moins un tel amidon, de préférence un amidon de légumineuse.
Brève description des dessins
Fig. 1
[0019] [Fig. 1 ] montre les photographies de la zone de peau non traitée, noté témoin, et la zone de peau recouverte d’un film formé par l’émulsion de référence A; avant application des émulsions (T0), après application des émulsions et de la poudre de charbon (T2), et après rinçage à l’eau (T3).
Fig. 2
[0020] [Fig. 2] montre les photographies de la zone de peau recouverte d’un film formé par l’émulsion de référence B, et la zone de peau recouverte par l’émulsion selon l’invention INV1 , avant application des émulsions (T0), après application des émulsions et de la poudre de charbon (T2), et après rinçage à l’eau (T3).
Fig. 3
[0021] [Fig. 3] montre la photographie des papiers tissu lors du test de non transfert du fond de teint selon l’invention. Description des modes de réalisation
[0022] Il est proposé une utilisation d’au moins un amidon, dans une préparation à usage topique, comme agent filmogène à effet barrière à la pollution environnementale, et/ou à effet fixateur, dans laquelle ledit amidon présente :
- une teneur en amylose supérieure ou égale à 30 %, préférentiellement entre 30% et 75%,
- et une viscosité Brookfield en dispersion aqueuse à 20 % en poids de matière sèche et à 25°C comprise entre 10 et 10 000 mPa.s, préférentiellement entre 20 et 5000 mPa.s, plus préférentiellement entre 50 et 1000 mPa.s, tout préférentiellement entre 75 et 500 mPa.s, et encore plus préférentiellement aux environs de 150 mPa.s.
[0023] Amidon utile à l’invention
[0024] Les deux caractéristiques essentielles de l’amidon utile à l’invention sont qu’il présente une teneur en amylose supérieure ou égale à 30 %, et une viscosité Brookfield en dispersion aqueuse à 25°C à 20 % en poids de matière sèche comprise entre 10 et 10 000 mPa.s.
[0025] La viscosité au sens de la présente invention est une viscosité Brookfield déterminée au moyen par exemple d'un viscosimètre Brookfield RDVD-I+ (Brookfield Enginéering Laboratories, INC. Middleboro, MA, USA) en utilisant une des broches référencées RV1 , RV2, RV3, RV4, RV5, RV6 ou RV7 et sans utilisation de l'équipement appelé "Helipath Stand". La rotation de la broche est fixée à 20 tours par minute. La broche, de RV1 à RV7, est choisie de manière à ce que la valeur de viscosité affichée soit comprise entre 10% et 100% de l'échelle totale de viscosité possible avec la dite broche, comme indiquée par le constructeur. Pour effectuer cette mesure de viscosité, 300 ml d’une suspension aqueuse ou solution aqueuse à 20 % en poids de matière sèche en amidon préparée à 25°C sous agitation mécanique, par exemple avec une pale défloculsues à 250 rpm durant 15 minutes, sont placés dans un bêcher de 400 ml de forme basse (diamètre environ 7,5 cm). La valeur de viscosité est prise à la fin de la 3 ème rotation. La mesure est effectuée en suivant toutes les recommandations données par le constructeur pour obtenir une mesure de viscosité fiable, par exemple dans le manuel "Operating Instructions, Manual N ° M/92-021 -M0101 , Brookfield Digital Viscometer, Model DV-I+).
[0026] En particulier, la teneur en amylose est comprise dans une gamme allant de 30 % à 75 %, de préférence de 30 % à 45%, et de préférence encore de 35 % à 42 %. Les pourcentages en amylose sont exprimés en poids sec par rapport au poids sec d’amidon, et déterminés avant tout traitement ultérieur tel qu’une hydrolyse et/ou une alkylation dudit amidon.
[0027] La viscosité Brookfield en dispersion aqueuse à 25°C à 20 % en poids de matière sèche est comprise entre 10 et 10 000 mPa.s, préférentiellement entre 20 et 5000 mPa.s, plus préférentiellement entre 50 et 1000 mPa.s, tout préférentiellement entre 75 et 500 mPa.s, et encore plus préférentiellement aux environs de 150 mPa.s. Ces gammes de viscosité Brookfield peuvent être combinées avec les gammes de teneur en amylose.
[0028] Selon un premier mode de réalisation de l’utilisation selon l’invention, il est proposé d’utiliser un amidon de légumineuse, natif ou modifié chimiquement.
[0029] Amidon de légumineuse natif ou modifié chimiquement
[0030] Par « légumineuse » au sens de la présente invention, on entend toute plante appartenant aux familles des césalpiniacées, des mimosacées ou des papilionacées et notamment toute plante appartenant à la famille des papilionacées comme par exemple, le pois, le haricot, la fève, la fèverole, la lentille, ou le lupin.
[0031] Ainsi l’amidon de légumineuse utile à l’utilisation selon l’invention peut être choisi parmi les amidons de pois, de pois chiches, de fèves, de féveroles, de haricots, de lupins, de lentilles, ou de lupin. Préférentiellement, l’amidon de légumineuse est choisi parmi les amidons de pois, tout préférentiellement est un amidon de Pisum sativum.
[0032] L’amidon de légumineuse peut être choisi parmi ceux qui sont natifs, ou ceux qui sont modifiés chimiquement. L’amidon de légumineuse modifié chimiquement est un amidon de légumineuse ayant subi au moins l’une des modifications chimiques suivantes : hydroxyalkylation, carboxyalkylation, succinylation, alkylation, acétylation, cationisation, anionisation. Ces modifications chimiques sont des modifications de stabilisation de l’amidon de légumineuse, autrement dit de stabilisation de la viscosité en solution aqueuse, en ce qu’elles permettent de réduire ou éliminer la rétrogradation d’un gel ou d’une solution aqueuse dudit amidon. Ainsi l’amidon de légumineuse modifié chimiquement peut être choisi parmi les amidons de légumineuse hydroxyalkylés, les carboxyalkylés, les octénylsuccinilés, les succinilés, les acétylés.De tels amidons sont généralement appelés des « amidons stabilisé » car ils ont une tendance à la rétrogradation réduite, nulle ou contrôlée.
[0033] L’amidon de légumineuse hydroxyalkylé utile à l’invention peut être un amidon de légumineuse hydroxyalkylé ayant une teneur en groupements hydroxyalkylés allant de 0,1 à 20% en poids sec par rapport au poids sec d'amidon hydroxyalkylé, préférentiellement de 1 à 10%.
[0034] Préférentiellement l’amidon de légumineuse est choisi parmi les amidons de légumineuse hydroxypropylés, les hydroxyéthylés, ou les carboxyméhylés, et tout préférentiellement est un amidon de légumineuse hydroxypropylé.
[0035] On entend par « amidon de légumineuse hydroxypropylé » au sens de la présente invention, un amidon de légumineuse substitué par des groupements
hydroxypropyle par toute technique connue de l'homme du métier, par exemple par réaction d'éthérification avec l'oxyde de propylène. Dans le cadre de l’invention, un amidon de légumineuse hydroxypropylé présente, de préférence, une teneur en groupements hydroxypropyle comprise entre 0,1 et 20% en poids sec par rapport au poids sec d'amidon hydroxypropylé, préférentiellement entre 0,5 et 15 % en poids, plus préférentiellement entre 1 et 10% en poids, encore plus préférentiellement entre 5 et 9% en poids, et tout préférentiellement proche de 7% en poids. Cette teneur est en particulier déterminée par spectrométrie par Résonance Magnétique Nucléaire du proton, en particulier selon la norme EN ISO 11543:2002 F.
[0036] Selon un deuxième mode de réalisation, il est proposé d’utiliser un amidon de légumineuse fluidifié, dextrinifié ou hydrolysé. Selon un troisième mode de réalisation, l’amidon de légumineuse est choisi parmi les amidons acétyles.
[0037] Amidon de légumineuse fluidifié
[0038] On entend par « amidon de légumineuse fluidifié » un amidon granulaire ayant subi un traitement acide léger en milieu sec ou anhydre, à faible température, généralement inférieure à 100°C, préférentiellement inférieure à 80°C. La fluidification ne provoque pas de modification du poids moléculaire de l’amidon, mais une déstructuration des liaisons intermoléculaires entre les macromolécules d’amylose et d’amylopectine, si bien que la viscosité d’une solution d’un tel amidon s’en trouve réduire par rapport à un amidon non fluidifié.
[0039] Amidon de légumineuse hydrolysé
[0040] On entend par « amidon de légumineuse hydrolysé » au sens de la présente invention, un amidon de légumineuse ayant subi une opération d'hydrolyse, c'est-à-dire une opération visant à réduire sa masse moléculaire moyenne. L'homme du métier sait comment obtenir de tels amidons, par exemple par des traitements chimiques tels que l'oxydation et les traitements acides, ou encore par des traitements enzymatiques. L’hydrolyse est généralement conduite sur un amidon gélatinisé ou liquéfié. L'homme du métier ajustera naturellement le niveau d’hydrolyse, en fonction de la viscosité souhaitée pour l’amidon.
[0041] Amidon de légumineuse dextrinifié
[0042] On entend par « amidon de légumineuse dextrinifié » un amidon de légumineuse ayant subi une opération de dextrinification. La dextrinification est une hydrolyse d’une poudre d’amidon réalisée en milieu sec ou anhydre. La dextrinification est un procédé de modification d’amidon à l’état de poudre qui utilise l’action conjointe de la chaleur, et généralement, d’un agent chimique capable d’hydrolyser les liaisons glucosidiques. Qu’ils soient discontinus ou continus, ces procédés font appel à des températures de transformation supérieures à 100°C et à la présence facultative d’un acide, d’un agent alcalin et / ou d’un agent oxydant, dans un milieu sec ou de faible humidité, généralement inférieure ou égale à 25%m, voire 15 %m. Comme l’hydrolyse, la dextrinification permet de réduire le poids moléculaire
[0043] Dans le cadre de l’invention, l'amidon de légumineuse hydrolysé ou dextrinifié a, de préférence, un poids moléculaire moyen en poids allant de 1 à 2 000 kDa, de préférence de 10 à 1 000 kDa, tout préférentiellement de 20 à 1 000 kDa, et encore plus préférentiellement de 100 à 1 000 kDa. Par exemple, le poids moléculaire peut être compris de 200 à 800 kDa, de 200 à 500 kDa, de 200 à 400 kDa ou encore de 200 à 300 kDa. Le poids moléculaire moyen en poids est déterminé par HPSEC-MALLS (chromatographie d'exclusion de taille à haute performance couplée en ligne avec une détection par diffusion de lumière laser à angles multiples).
[0044] Selon une variante préférée de ce mode de réalisation de l’utilisation selon l’invention, l’amidon de légumineuse modifié est un amidon de légumineuse hydrolysé et hydroxyalkylé. Une variante toute préférée est un amidon de légumineuse hydrolysé et hydroxypropylé.
[0045] Selon un troisième mode de réalisation, il est proposé d’utiliser un amidon de légumineuse modifié thermiquement.
[0046] Amidon de légumineuse modifié thermiquement
[0047] L’amidon de légumineuse utile à l'invention peut être un amidon de légumineuse modifié thermiquement. Ces modifications thermiques sont des modifications physiques, et sont celles choisies parmi les opérations de gélatinisation, prégélatinisation, extrusion, atomisation ou de séchage.
[0048] Les modifications thermiques énoncées ci-avant permettent d’augmenter la solubilité aqueuse de l’amidon de légumineuse, voire de le rendre totalement soluble dans l’eau. En particulier, l'amidon selon l'invention peut, de préférence, être rendu soluble. Il peut être rendu soluble par toute technique connue de l'homme du métier, notamment par traitement thermique et/ou mécanique, par exemple par une opération de cuisson en milieu aqueux, pouvant aller de la pré gélatinisation à la gélatinisation ou la solubilisation complète, éventuellement suivie d'une étape de séchage lorsque l'obtention d'un produit pulvérulent est souhaitée.
[0049] L'opération visant à rendre soluble l'amidon peut tout à fait intervenir de manière indifférente avant ou après la modification chimique et/ou l’hydrolyse de l'amidon, ou encore après son introduction dans la préparation à usage topique, par exemple en cuisant la préparation à usage topique au moment de sa production.
[0050] Combinaisons des modes de réalisation
[0051] L’amidon utile à l’invention peut être un amidon présentant au moins deux caractéristiques choisie parmi : être un amidon de légumineuse, être un amidon hydrolysé, être un amidon dextrinifié, être un amidon fluidifié, être un amidon modifié thermiquement, être un amidon modifié chimiquement.
[0052] L’amidon peut ainsi être un amidon de légumineuse hydroxyalkylé, et fluidifié ou hydrolysé, et prégélatinisé. Préférentiellement un tel amidon de légumineuse sera un amidon de pois hydroxypropylé, hydrolysé et prégélatinisé.
[0053] Lorsque l'amidon de légumineuse est alkylé ou hydroxyalkylé, et hydrolysé, il sera de préférence non granulaire. Il sera avantageusement rendu soluble dans l'eau par toute technique connue afin que la composition filmogène présente de très bonnes propriétés filmogènes.
[0054] Des amidons de pois prégélatinisés, hydrolysés et hydroxypropylés adaptés pour l’utilisation selon l’invention sont commercialement disponibles et sont proposés par la Demanderesse sous la marque Lycoat®, par exemple Lycoat® RS720 ou Lycoat® RS780.
[0055] Selon un autre mode de réalisation de l’utilisation selon l’invention, il est proposé d’utiliser un amidon de céréale ou de tubercule, riche en amylose.
[0056] Amidons de céréale ou de tubercule riche en amylose
[0057] Des amidons de céréale ou de tubercule utiles à l’invention peuvent être choisis parmi les amidons de céréale ou de tubercule riche en amylose, c’est-à- dire ayant une teneur en amylose supérieure ou égale à 30%, préférentiellement entre 30% et 75%.
[0058] Les céréales ou tubercules riches en amylose sont des céréales ou tubercules ayant été sélectionnés par croisement ou hybridation, ou ayant été modifiés génétiquement, pour augmenter la teneur en amylose dans leur amidon.
[0059] Un exemple connu de maïs riche en amylose est l’amylomaïs.
[0060] Comme pour les amidons de légumineuses décrits ci-avant, les amidons de céréale ou de tubercule riches en amylose utiles à l’invention peuvent être natifs ou modifiés. Les modifications peuvent être semblables à celles décrites pour les amidons de légumineuses ci-avant, à savoir des modifications thermiques comme la prégélatinisation, l’atomisation, et/ou des modifications chimiques comme les hydroxyalkylations, les acétylations, les cationisations, les anionisations, les carboxyalkylations. Tous les modes de réalisation évoqués pour un amidon de légumineuse peuvent être appliqués aux amidons de céréale ou de tubercule riches en amylose.
[0061] Modifications supplémentaires optionnelles
[0062] Outre les modifications thermiques et chimiques décrites ci-avant, l’amidon selon l’invention peut également avoir subi une ou plusieurs autres modifications physiques et/ou chimiques, tant que lesdites modifications n’interfèrent pas avec les propriétés désirées de l’amidon pour l’utilisation selon l’invention. Un exemple de modification chimique est notamment la réticulation.
[0063] D’autres modifications supplémentaires qui peuvent être appliquées à l’amidon sont les opérations de traitement par micro-ondes ou ultrasons, de plastification ou de granulation.
[0064] Préparation à usage topique
[0065] On entend par « préparation à usage topique » au sens de la présente invention toute composition destinée à être mise en contact avec la peau, humaine ou animale, préférentiellement humaine. Il peut ainsi s’agir d’une
composition cosmétique, d’une composition dermatologique, d’une composition pharmaceutique ou d’une composition vétérinaire.
[0066] La préparation à usage topique peut comprendre des teneurs massiques en amidon filmogène selon l’invention allant de 0,6 % à 50 % en poids par rapport à l’ensemble de la préparation à usage topique, préférentiellement de 2 % à 30 % en poids, plus préférentiellement de 5 % à 15 %, et tout préférentiellement aux environs de 10 %.
[0067] La teneur massique en amidon selon l’invention peut avantageusement être élevée, sans incidence néfaste notable sur la texture de la préparation à usage topique, notamment par l’utilisation d’un amidon selon l’invention ayant une viscosité faible, notamment une viscosité Brookfield allant de 50 mPa.s à 1000 mPa.s en solution aqueuse à 20 % en poids de matière sèche à 25°C.
[0068] Ces préparations à usage topique peuvent comprendre outre l’amidon précédemment décrit, d’autres ingrédients habituellement utilisés dans des préparations à usage topique, comme par exemple de l’eau, des humectants, des émulsifiants, des surfactants, des épaississants, des gélifiants, des agents lubrifiants, des émollients, des matières grasses, et notamment aussi des actifs cosmétiques, ou dermatologiques, et des adjuvants tels que des conservateurs, solubilisants ou des parfums. Parmi les actifs cosmétiques, elle peut comprendre des agents hydratants tels que l’isosorbide, la bétaine, la glycérine ou l’acétamidoéthoxyéthanol ou bien d’autres produits actifs ou à effets sensoriels vis-à-vis de la peau, comme par exemple de l’amidon autre que l’amidon spécifique décrit dans la présente demande.
[0069] Des exemples non limitatifs de préparations à usage topique comprennent les lotions, crèmes, sérums, gels, pommades, baumes, savons liquides ou gels douches, shampooings, mousses, fonds de teint, anti-transpirants et déodorants.
[0070] La préparation à usage topique, de préférence cosmétique, est choisie parmi les produits de soin pour la peau, préférentiellement choisis parmi les crèmes de jour, les crèmes solaires, les crèmes après-soleil, les autobronzants, les masques ; les produits de soin capillaires, préférentiellement choisis parmi les shampoings, les après-shampoings sous forme de crèmes ou masques ou lotions, les produits de coiffage sous forme de spray ou gels ou cires, les produits de
coloration; les produits de maquillage, préférentiellement choisis parmi les fonds de teints, les fards à paupières, les mascaras, les vernis à ongles, les rouges à lèvres, les fards à lèvres, les sirops à lèvres, les eyeliners ; les produits d’hygiène, préférentiellement choisis parmi les gels lavants, les lingettes nettoyantes ou démaquillantes, ou les solutions ou gels hydroalcooliques.
[0071] Selon un mode de réalisation, l’amidon utile à l’invention est le seul agent filmogène amylacé dans la préparation à usage topique.
[0072] Film à effet barrière à la pollution environnementale
[0073] L’utilisation d’un amidon, de préférence de légumineuse, selon l’invention permet à la préparation à usage topique, de former un film à la surface de la peau ou des cheveux ou poils, qui forme une barrière aux pollutions environnementales, nocives ou toxiques pour la peau. Ce film protège la peau, les cheveux ou les poils, de la pollution environnementale due aux microparticules et aux composés organiques volatiles allergènes en suspension dans l’air, en particulier celle des microparticules atmosphériques, par exemple la poussière connue sous le nom de « urban dust », ou les pollens de végétaux. Ce film protège aussi des polluants ou substance allergènes volontairement appliqués sur la peau, tels que les parfums. Il permet de réduire ou d’empêcher les microparticules atmosphériques en suspension dans l’air, et/ou les composés organiques, volatiles ou liés aux microparticules, d’entrer en contact avec la peau.
[0074] Concernant la pollution environnementale due aux microparticules, le film barrière obtenu selon l’invention permet de réduire l’adhésion desdites microparticules sur la peau. Il en résulte que la peau n’est pas au contact de ces microparticules, et que celles-ci ne peuvent donc pas nuire à la santé de la peau. La peau est donc protégée des dégradations métaboliques usuellement générées par les microparticules.
[0075] Concernant la pollution environnementale due aux substances organiques volatiles ou adhérées aux microparticules, le film barrière selon l’invention permet d’empêcher la diffusion desdites substances organiques jusqu’à la peau ou aux cheveux ou aux poils.
[0076] La demanderesse a en effet pu observer qu’une préparation à usage topique comprenant un amidon selon l’invention permet la protection cellulaire
partielle des cellules de l’épiderme et des kératinocytes. Par « protection cellulaire », on entend que l’utilisation permet de protéger les cellules de l’épiderme, c’est-à-dire de réduire leur mortalité, lorsqu’elles sont exposées à des micropolluants tels que la poussière urbaine et les métaux lourds, tels que l’arsenic, le cadmium, le cobalt, le chrome, le nickel, le plomb, le strontium, et l’antimoine. Autrement dit, l’utilisation selon l’invention permet de conserver une partie, voire une grande quantité, préférentiellement au moins 50%, des cellules de l’épiderme en vie quand elles sont soumises à des stress de pollution.
[0077] En absence d’une protection cellulaire selon l’invention, les cellules de l’épiderme et les kératinocytes sont quasiment toutes tuées par l’exposition à la poussière urbaine et aux métaux lourds. En présence d’un film barrière formé selon l’invention, les cellules de l’épiderme et les kératinocytes sont moins touchées par ces polluants, et montrent ainsi une mortalité cellulaire réduite d’au moins 60 % par rapport à une exposition en l’absence d’un tel film barrière.
[0078] Film à effet fixateur
[0079] Par « film à effet fixateur », la demanderesse entend que le film formé par la préparation à usage topique sur une partie de la peau ou des phanères d’un individu, a une adhérence à ladite partie, et/ou une cohésion mécanique intrinsèque, suffisantes pour résister à des frottements mécaniques d’une partie extérieure sur la partie recouverte du film à effet fixateur. A titre d’exemple de partie extérieure, on citera une partie peau de l’individu autre que la partie couverte, la peau d’un autre individu, les vêtements de l’individu porteur ou d’un autre, des lingettes. Des exemples de frottements mécaniques sont par exemple les frottements entre deux joues, entre une joue et une main, ou entre une joue et des lèvres, ou entre deux paires de lèvres. Lorsque le film à effet fixateur est ainsi frotté, il reste en place sur la peau, en gardant son intégrité physique, et en transférant peu ou pas de matière à la partie extérieure. Suite au frottement, la partie extérieure ne comporte que peu ou aucune trace de préparation à usage topique.
[0080] Le film à effet fixateur empêche le transfert de matière de la préparation à usage topique, par exemple d’une préparation à usage topique coloré, d’une partie du corps vers une partie externe telle qu’un vêtement. Il inclut aussi la réduction
d’un écoulement à la chaleur ou par de l’humidité, et donc une bonne tenue de la préparation à usage topique après application.
[0081] L’utilisation d’un amidon, préférentiellement de légumineuse, selon l’invention comme agent filmogène barrière permet la formation d’un film à effet fixateur. Ce film à effet fixateur permet de réduire ou éliminer le transfert des préparations à usage topique. En particulier, il permet de réduire ou éliminer le transfert des pigments et/ou des colorants de préparations à usage topique, telles que des produits de maquillage. Ce film à effet fixateur permet ainsi d’augmenter la tenue des pigments et/ou des colorants des produits de coloration capillaire. Ce film à effet fixateur permet aussi d’augmenter la tenue de la coiffure ou la mise en forme des cheveux, des poils ou des cils.
Exemples
[0082] Exemple 1 : préparation d’émulsions huile-dans-eau (H/E)
[0083] Cet exemple illustre la préparation de quatre émulsions huile-dans-eau (H/E) selon les compositions du tableau 1 :
- Emulsion Témoin : émulsion ne contenant que l’eau, l’huile, l’émulsifiant « Montanov L » de Seppic, et un conservateur « Sepicide HB » de Seppic,
- Emulsion A : selon l’état de l’art, émulsion contenant comme agent filmogène de la gomme de xanthane « Keltrol » de CP Kelco,
- Emulsion B : selon l’état de l’art, émulsion contenant un mélange filmogène Beauté by Roquette® DS112, constitué de gomme de xanthane « Keltrol » de CP Kelco, hydroxyethylcellulose « Natrosol 250 HHR » de Hercules, et amidon « Pregeflo CH40 » de Roquette.
- Emulsion INV1 : émulsion avec un amidon de pois « Lycoat® RS720 » de Roquette Frères utilisé selon l’invention.
[0084] Le mode opératoire de préparation d’une émulsion est le suivant : on prépare une phase aqueuse en dispersant l’agent filmogène dans l’eau à 35-40°C sous agitation avec une pâle défloculeuse à 1000 tours par minute pendant au moins 10 minutes. On ajoute ensuite l’émulsifiant sous agitation à 35-40°C. A part, on fait chauffer l’huile à 35-40°C. On émulsionne ensuite l’huile dans la phase aqueuse à 35-40°C sous agitation avec une pâle défloculeuse à 1500 tours par
minute pendant 15 minutes. On ajoute enfin le conservateur. On maintien l’émulsion sous agitation jusqu’à ce qu’elle soit à température ambiante.
[0085] [Tableau 1 ]
[0086] Exemple 2 : mesure in-vivo de la réduction de l’adhésion des microparticules
[0087] Cet exemple compare les performances des effets barrière antipollution par des microparticules pour les quatre émulsions préparées à l’exemple 1.
[0088] Pour ce faire, on a réalisé des tests sur des épidermes humains de 10 volontaires âgés de 18 à 65 ans, en utilisant comme modèle expérimental des particules de charbon de tailles comprises entre 1 pm et 5 pm, qualifiées de microparticules. Ces microparticules de charbon modélisent convenablement les microparticules polluantes réelles, telles que les particules de gaz d’échappement de moteur à explosion.
[0089] Préparation des microparticules de charbon :
[0090] Préalablement aux tests, on a préparé une quantité suffisante de microparticules de charbon en soumettant du charbon à l’action d’un broyeur ménager pendant 10 minutes. Ce broyage fournit des particules de taille micrométrique ayant une distribution de taille répartie majoritairement entre 1 pm et 5 pm.
[0091] Mode opératoire du test sur l’épiderme des volontaires :
[0092] Sur l’avant-bras de chaque volontaire, on a délimité quatre zones de 1 cm par 1 cm. Pour chaque zone ainsi délimitée, on effectue les deux mesures suivantes : une mesure de comptage du nombre de microparticules noires grâce à une photographie prise avec un microscope digital Dino-Lite puis traitée par analyse d’image, ainsi qu’une mesure de la colorimétrie avec un chromamètre Minolta© CR-200.
[0093] Comptage des microparticules :
[0094] Les photographies haute résolution prises avec le microscope digital Dino Lite sont traitées avec le logiciel de traitement d’image GIMP (GNU Image Manipulation Software). On a d’abord procédé à une projection selon un axe (noir et blanc) pour faire ressortir les microparticules noires, et standardiser les images. On a ensuite compté le nombre de pixels noirs avec le logiciel GIMP.
[0095] Mesure de la colorimétrie :
[0096] Le chromamètre Minolta CR-200 est un outil de mesure objective de la couleur des surfaces. Il fournit un résultat composé de trois coordonnées L*, a* et b* dans l’espace de colorimétrie CIE 1976 (aussi appelé espace de couleur CIELAB). On a exploité uniquement le paramètre L*, qui caractérise la clarté de la couleur : L*=0 correspond à la couleur noir, L*=100 indique une couleur blanche.
[0097] Conduite du test sur les volontaires :
[0098] Des mesures de comptage de microparticules et de colorimétrie sont effectuées avant l’application des émulsions, c’est-à-dire sur les peaux vierges (mesures T0).
[0099] On a recouvert trois zones avec les émulsions à tester, l’une avec l’émulsion A, l’une avec l’émulsion B, et l’une avec l’émulsion INV1. Pour cela, on a appliqué environ 2 mg d’émulsion par cm2 de peau en déposant la quantité requise avec une pipette, puis en étalant avec une spatule. Les volontaires ont ensuite attendu 20 minutes pour permettre à l’émulsion de sécher. La quatrième zone est conservée vierge afin de constituer la zone témoin. On a effectué des mesures (mesures T1 ).
[0100] On a appliqué les particules de charbon sur les quatre zones en les tamponnant avec une éponge à maquillage imprégnée de particules, puis on a effectué des mesures (mesures T2).
[0101] On a ensuite rincé les quatre zones en faisant ruisseler 100 ml_ d’eau sur toute la surface de chaque zone, puis on a effectué des mesures (mesures T3).
[0102] Le tableau 2 ci-dessous décompte le nombre moyen de pixels noirs.
[0103] [Tableau 2]
[0104] Le tableau 3 donne les mesures du paramètre L* moyen.
[0105] [Tableau 3]
[0106] Le tableau 4 indique les variations moyennes entre T3 et T2 (exprimées en %).
[0107] [Tableau 4]
[0108] Lorsque la peau a été recouverte par un film formé à partir d’une émulsion INV1 comprenant l’amidon selon l’invention, un lavage à l’eau subséquent à l’exposition à des microparticules de charbon, permet de réduire de 59 % le nombre de pixel noir, et d’augmenter de 95 % le paramètre L* Cela représente une réduction du nombre de pixel de 32 % supérieure, et une augmentation du
paramètre L* de 15 à 18 % supérieure, aux émulsions de référence A et B. La réduction du nombre de pixels noirs est la résultante directe de la réduction du nombre de particules noires ayant adhéré à la peau. L’augmentation du paramètre L* traduit une augmentation de la luminosité de la peau, qui résulte de la réduction du nombre de particules ayant adhéré à la peau. L’amidon utilisé selon l’invention permet donc effectivement de réduire efficacement l’adhésion des microparticules sur la peau.
[0109] Exemple 2 : mesure in-vitro de la protection cellulaire
[0110] Dans cet exemple, on détermine la capacité des émulsions A et INV1 de l’exemple 1 à protéger des cellules de l’épiderme des effets létaux de micropolluants, par un test in-vitro. Ce test in-vitro consiste en la comparaison de la viabilité cellulaire sur des échantillons d’épiderme reconstruits lorsqu’ils sont exposés à un mélange de micropolluants, sans ou avec l’application préalable d’une émulsion sur l’échantillon d’épiderme reconstruit.
[0111] Le tableau 6 présente les conditions de test de six échantillons d’épiderme reconstruits, afin de déterminer l’existence d’une protection cellulaire de l’émulsion INV1 , et celle d’une amélioration par rapport à la protection cellulaire atteinte avec l’émulsion A. Une première série d’échantillons est soumise au protocole sans les micropolluants. Une seconde série d’échantillons est soumise au protocole avec les micropolluants.
[0112] [Tableau 6]
[0113] L’épiderme reconstruit est celui commercialisé sous le nom « Episkin™ RHE / Reconstructed Human Epidermis» par Episkin.
[0114] Les micropolluants sont un mélange de métaux de lourds et de la poussière urbaine. Le mélange de métaux lourds est constitué d’arsenic, de cadmium, de cobalt, de chrome, de nickel, de plomb, de strontium, et d’antimoine. La poussière urbaine est la « Urban dust 1649b NIST® SRM®» répondant aux critères du « National Institute for Standards and Technology » SRM 1649b.
[0115] Le protocole est le suivant :
- On place de l’épiderme reconstruit dans un milieu physiologique
- On applique une émulsion à la surface de l’échantillon d’épiderme reconstruit à raison de 30 microlitres par échantillon pour former une couche homogène qui recouvre entièrement l’échantillon d’épiderme reconstruit,
- On soumet l’échantillon aux micropolluants selon le protocole d’exposition aux micropolluants ci-après,
- On détermine ensuite le taux de viabilité cellulaire selon le protocole MTT de viabilité cellulaire ci-après.
[0116] Protocole d’exposition au micropolluants
[0117] On applique 30 microlitres d’émulsion sur chaque échantillon d’épiderme reconstruit. On applique ensuite une dose de micropolluants sur chaque échantillon. On place les échantillons en étuve à 37°C, sous atmosphère contenant 5 % vol de dioxyde de carbone, pendant 24 heures. A la fin de la durée d’exposition aux micropolluants, la viabilité cellulaire de chaque échantillon est déterminée selon le protocole MTT avec trois répétitions.
[0118] Protocole MTT de viabilité cellulaire
[0119] Les échantillons d’épiderme reconstruits sont incubés dans une solution à 1 mg/mL en « MTT » qui est le 3-[4,5-dimethylthiazol-2-yl]-2,5-diphenyl tétrazolium bromide, pendant 3 heures à 37°C. On retire ensuite la solution, que l’on remplace par de l’isopropanol, et on incube pendant deux heures supplémentaires à 22°C. Deux aliquots de chaque échantillon d’épiderme reconstruits sont transférés dans chacun des 96 puits d’une microplaque. Sur chaque puits, on mesure ensuite l’absorbance à 570 nm avec un colorimètre équipé avec un lecteur de microplaque (Tecan modèle F200Pro).
[0120] La viabilité cellulaire est calculée selon la formule : % viabilité cellulaire = [absorbance à 570 nm de l’échantillon / absorbance à 570 nm du témoin négatif] x 100.
[0121] Les valeurs d’absorbance des six échantillons de la mesure de viabilité cellulaire sont présentées dans le tableau 7 suivant.
[0122] [Tableau 7]
[0123] Des données précédentes sont calculées les viabilités cellulaires des échantillons.
[0124] [Tableau 8]
[0125] En l’absence d’émulsion appliquée sur l’épiderme reconstruit, on constate une viabilité cellulaire de 17,3 %, ce qui traduit l’effet létal de l’exposition des cellules de l’épiderme reconstruit aux micropolluants. L’application de l’émulsion A permet d’augmenter la viabilité cellulaire à 35,5 %.
[0126] L’émulsion INV1 selon l’invention permet d’augmenter la viabilité cellulaire à 42,5 %, soit 7 % de plus par rapport à l’émulsion A, ce qui se traduit à une protection cellulaire 8 % supérieure.
[0127] Le film protège les expiants de la pénétration des micropolluants, et augmente ainsi le nombre de cellules qui reste viable d’environ 8 % par rapport à une émulsion selon l’état de l’art.
[0128] Exemple 3 : fond de teint selon l’invention
[0129] Un fond de teint selon l’invention est préparé selon la composition globale du tableau 8, en suivant le protocole ci-après.
[0130] [Tableau 8]
[0131] On commence par disperser le abulose SC611 dans l’eau nécessaire à la composition, à 22°C pendant 10 min par agitation avec une pale défloculeuse à vitesse moyenne. On disperse ensuite les pigments successivement jusqu’à obtenir un mélange homogène, par agitation à vitesse moyenne à la pale défloculeuse. Toujours à 22°C, on disperse ensuite l’amidon de pois selon
l’invention, le Lycoat® RS720, qui est un amidon de pois prégélatinisé, hydrolysé et hydroxypropylé. La phase A ainsi obtenue est chauffée à 80°C sous agitation douce pendant environ 20 minutes.
[0132] En parallèle à la préparation de la phase A, on prépare la phase B en pesant les masses requises des ingrédients de la phase B, et en les mélangeant entre eux. On chauffe ensuite l’ensemble de la phase B à 80°C.
[0133] Une fois les phases A et B prêtes et à la température de 80°C, on procède à l’émulsification de la phase B dans la phase A pendant agitation à la pale défloculeuse à une vitesse de 1500-2000 rpm pendant 15 min. On laisse ensuite l’émulsion huile-dans-eau obtenue refroidir jusqu’à 22°C sous agitation lente à la pale défloculeuse. On ajoute ensuite les conservateurs et le parfum de la phase C, puis on termine en ajustant le pH de l’émulsion à une valeur de 5,8 à 6,0 par ajout d’acide citrique dilué à 30%m dans de l’eau.
[0134] Test de non transfert
[0135] Afin de vérifier la propriété de non transfert du fond de teint selon l’invention, on procède à un test sur une volontaire. La volontaire s’applique le fond de teint selon l’invention sur une joue de son visage, et un fond de teint hors de l’invention préparé selon une composition du tableau sans Lycoat® RS720 en suivant le même protocole, sur l’autre joue. Elle attend ensuite deux minutes.
[0136] Sur chaque joue, la volontaire pose sans pression un papier tissu, puis applique une pression à l’aide de l’index ; puis elle répète cette opération avec un papier tissu neuf, en exerçant neuf fois une pression avec l’index. Les résultats de ce test sont visibles sur la figure 3.
[0137] On constate que le papier tissu appliqué sur la joue recouverte du fond de teint hors de l’invention, présente une tâche marquée de fond de teint suite à la première pression, et moins marquée suite à la série de neuf pressions suivantes. Une quantité visible de fond de teint a en effet été transférée sur le papier tissu : ce fond de teint hors de l’invention ne possède pas de propriétés de non transfert.
[0138] Concernant la joue recouverte du fond de teint selon l’invention, on constate qu’aucune trace de fond de teint n’est visible sur le papier tissu, que ce soit suite à la première pression, ou suite à la série de neuf pressions. Le fond de
teint selon l’invention n’a pas transféré de la peau sur le papier tissu : ce fond de teint selon l’invention possède une propriété de non transfert.
[0139] Avantages du fond de teint selon l’invention
[0140] Le fond de teint selon l’invention a une texture délicate, qui permet une couverture de moyenne à élevée. Ce fond de teint protège de la pollution environnementale, et offre une couleur de peau uniforme et matte, de longue durée, qui dure au moins toute une journée grâce à la fixation par le film d’amidon Lycoat® RS720.
[0141] Exemple 4 : mascara selon l’invention
[0142] On prépare un mascara selon l’invention selon la composition globale du tableau 9, en suivant le protocole ci-après.
[0143] [Tableau 9]
[0144] On prépare le mascara selon le protocole suivant.
[0145] On chauffe l’eau à 75°C, puis on ajoute lentement le silicate d’aluminium et de magnésium sous une forte agitation à la pale défloculeuse à 1500-2000 rpm. On maintient sous cette agitation jusqu’à obtenir un mélange homogène. On ajoute ensuite les autres constituants de la phase A, successivement, en attendant l’obtention d’un mélange homogène entre chaque ajout. On maintient la phase A ainsi obtenue à 75°C.
[0146] A part, on mélange tous les constituants de la phase B sous agitation, puis on chauffe à 75°C.
[0147] On émulsionne alors la phase B dans la phase A sous agitation à la pale défloculeuse à 1500-2000 rpm. On ajoute ensuite la phase C lentement sous agitation modérée 500 rpm jusqu’à atteindre un mélange homogène. On laisse ensuite refroidir à 22°C sous agitation modérée, puis on ajoute la phase D.
[0148] Avantages du mascara selon l’invention
[0149] Le mascara selon l’invention protège les cils sur lesquels il est appliqué, en formant un film barrière à la pollution environnementale. Il présente aussi une propriété de non transfert, c’est-à-dire que le mascara adhère si bien aux cils qu’il y reste lorsque les cils sont frottés avec les doigts, un papier, ou des vêtements.
[0150] Exemple 5 : sirop à lèvres selon l’invention
[0151] Un sirop à lèvres protecteur antipollution et de longue durée est préparé selon la composition globale du tableau 10, et en suivant le protocole ci-après.
[0152] [Tableau 10]
[0153] A 22°C, on commence par disperser l’amidon de pois Lycoat® RS720 dans l’eau en agitant doucement à la pale défloculeuse. On ajoute ensuite le sorbitol Beauté by Roquette PO 070, et le xylitol Beauté by Roquette PO 370, jusqu’à dissolution complète et obtention d’un mélange homogène, toujours sous agitation douce. On obtient la phase A1 +A2.
[0154] On disperse ensuite la gomme de xanthane dans la phase A1 +A2 jusqu’à atteindre un mélange homogène. On ajoute ensuite successivement les ingrédients de la phase C dans le tout, sous agitation douce.
[0155] On obtient ainsi un sirop à lèvres qui offre une texture de sirop grâce à la gomme de xanthane, et qui, grâce au Lycoat® RS720, offre une sensation glissante lors de l’application, et non collante une fois appliquée sur les lèvres. Le sirop à lèvres forme un film protecteur et fixateur sur les lèvres, qui les protège de la pollution environnementale, et qui permet aux agents humectants (sorbitol et xylitol) de bien hydrater les lèvres.