L'invention concerne un procédé pour protéger contre la
corrosion un substrat en acier ou en alliage d'aluminium et lui conférer des
propriétés tribologiques prédéterminées (propriétés de surface telles que dureté,
résistance à l'abrasion et, en particulier, ajustement du coefficient de frottement).
L'invention s'étend aux substrats protégés conformément au procédé précité.
Dans de nombreux secteurs de la technique, on cherche à
réaliser des pièces ayant à la fois de bonnes résistances à la corrosion et des
propriétés de surface prédéterminées selon l'application, en particulier dureté
élevée, bonne résistance à l'abrasion et à l'usure ou propriétés lubrifiantes de
surface. Pour obtenir une protection contre la corrosion, une des solutions
actuelles consiste à réaliser sur le substrat en acier ou en alliage d'aluminium le
dépôt d'un revêtement métallique, en particulier un revêtement en alliage
standard Zinc/Nickel. Cet alliage, très utilisé notamment dans l'industrie
mécanique, est un alliage biphasé comportant une teneur massique en nickel
comprise entre 6 et 8 %. Un tel revêtement joue le rôle de couche sacrificielle
subissant la corrosion à la place du substrat.
Les métallurgistes ont mis en évidence un autre alliage de
Zinc/Nickel qui peut également servir de couche sacrificielle : cet alliage est un
alliage monophasé présentant une proportion de nickel de l'ordre de 14%, mais il
est très peu utilisé à l'heure actuelle pour la protection de pièces mécaniques,
l'alliage standard biphasé à 6-8% de Nickel correspondant à 99% des utilisations.
Par ailleurs, le brevet JP-5 033 162 propose d'inclure des
particules non métalliques dures dans un revêtement en vue d'en améliorer les
propriétés de résistance mécanique. Ce brevet préconise l'utilisation d'un
revêtement en un alliage de Zinc et de Fer, et de particules en oxydes de silicium
SiO2 ou nitrure de titane TiN.
La présente invention se propose de fournir un procédé de
protection d'un substrat en acier ou en alliage d'aluminium permettant d'obtenir
une protection du substrat contre la corrosion plus efficace que les procédés
connus, et de lui conférer des propriétés tribologiques prédéterminées, en
particulier des propriétés lubrifiantes.
Un objectif de l'invention est en particulier de fournir des
revêtements ayant des performances anti-corrosion et des propriétés lubrifiantes
(faible coefficient de frottement) équivalentes à faibles charges à celles des
revêtements de cadmium, en vue de permettre une substitution de ce dernier
composé aux fins de protection de l'environnement, et très supérieures à celles de
ces revêtements de cadmium à charges élevées (on sait en effet que le coefficient
de frottement du cadmium croít rapidement avec la charge appliquée, en raison
de la ductilité de ce métal).
A cet effet, le procédé visé par l'invention est du type dans
lequel on dépose sur le substrat en acier ou en alliage d'aluminium, un
revêtement composite d'épaisseur supérieure à 3 microns formé, d'une part, d'au
moins une matrice en alliage de zinc/nickel Zn-Ni adhérant audit substrat, d'autre
part, de particules dispersées dans ladite matrice. Selon la présente invention, le
revêtement composite est réalisé avec au moins une matrice en un alliage
monophasé Zn-Ni dans lequel la teneur massique en nickel est sensiblement
comprise entre 12% et 20%, les particules dispersées dans ladite matrice étant
choisies de nature adaptée aux propriétés tribologiques de lubrification
recherchées.
Avantageusement et selon l'invention, les particules
dispersées dans la matrice en alliage monophasé de Zn-Ni sont des particules de
polymères organiques, en particulier des particules de polytétrafluoroéthylène
PTFE, ou des particules minérales possédant des propriétés lubrifiantes, en
particulier d'un ou des composés du groupe suivant : sulfures, oxydes, nitrures,
notamment sulfure de molybdène MoS2, nitrure de bore BN. Ces particules ont
de préférence une granulométrie telle que la dimension moyenne D50 desdites
particules soit sensiblement comprise entre 0,01 et 0,5 microns pour les
particules de polymères organiques, et sensiblement comprise entre 0,01 et 5
microns pour les particules minérales.
Les expérimentations ont permis de constater que les
performances anti-corrosion du revêtement conforme à l'invention étaient très
supérieures à celles obtenues avec un revêtement de type connu (alliage standard
biphasé Zn-Ni de même épaisseur). En outre, des essais comparatifs ont mis en
évidence que le coefficient de frottement d'un substrat doté du revêtement
composite conforme à l'invention était abaissé à des valeurs de l'ordre de 0,1,
alors que le coefficient de frottement de l'alliage monophasé seul est de l'ordre
de 0,4. (De façon habituelle, le coefficient de frottement est défini par le rapport
entre la force tangentielle mesurée qui s'oppose au déplacement, et une force
appliquée de 5 Newtons normale à la surface, la vitesse de déplacement étant
égale à 3,5 cm/s). Dans le cas d'un revêtement en alliage standard biphasé, ce
coefficient n'est abaissé par l'incorporation des particules qu'à des valeurs de
l'ordre de 0,2 à 0,25 (le coefficient de l'alliage biphasé seul étant de l'ordre de
0,3). Ce saut inattendu de performances est difficilement explicable à l'heure
actuelle. On peut penser que, dans le revêtement conforme à l'invention, les
particules lubrifiantes, généralement de forme lamellaire, sont libérées au fur et à
mesure de l'usure de façon continue et homogène, alors que dans le revêtement
au Zi-Ni standard, ces particules sont refoulées à l'intérieur de la matrice plus
plastique sans libération aussi marquée en surface.
Dans le cas où l'on recherche, à la fois, des propriétés
tribologiques de lubrification et des propriétés de surface de dureté et de
résistance à l'abrasion et à l'usure, les particules dispersées dans la matrice
comprennent, d'une part, des particules de polymères organiques ou des
particules minérales possédant des propriétés lubrifiantes, et d'autre part, des
particules céramiques de dureté supérieure à celle de ladite matrice.
Avantageusement et selon l'invention, les particules
céramiques de dureté supérieure à celle de ladite matrice sont choisies parmi : les
carbures, notamment carbure de silicium SiC, et les oxydes, notamment alumine
Al2O3 ou zircone ZrO2. On choisit de préférence pour lesdites particules une
granulométrie telle que la dimension moyenne D50 desdites particules soit
sensiblement comprise entre 0,01 et 5 microns.
Les expérimentations ont permis de constater qu'un tel
revêtement, conforme à l'invention, outre de conférer au substrat des propriétés
de lubrification exceptionnelles, lui assure également des propriétés de
lubrification exceptionnelles, une durée de vie plus de trois fois plus longue que
celle obtenue par un revêtement de type connu réalisé au moyen d'un alliage
standard biphasé Zn-Ni de même épaisseur. De plus, la résistance à l'abrasion du
revêtement composite conforme à l'invention est de l'ordre de 5 à 7 fois
supérieure à celle d'un revêtement standard biphasé Zn-Ni comportant les mêmes
particules céramiques dures. En termes de dureté, là aussi, une explication est
difficile à donner à l'heure actuelle ; on peut penser que, dans le cas de
l'invention, les particules dures enchâssées dans la matrice monophasée de
Zinc/Nickel sont bloquées de façon plus rigide, alors qu'elles peuvent subir des
déplacements.
Le dépôt du revêtement composite sur le substrat peut être
réalisé de façon connue en soi par voie électrolytique en utilisant un bain de zinc
et de nickel contenant les particules en suspension, les teneurs des espèces
métalliques dudit bain et les paramètres électriques étant ajustés pour obtenir un
alliage monophasé contenant entre 12% et 20% de nickel, en particulier entre
14% et 17%. Dans un tel procédé électrolytique, la présence des particules
présente l'avantage d'accroítre la teneur en nickel de la matrice par rapport à
celle obtenue à partir d'un bain sans particule : ceci est du au fait que les
particules en suspension modifient la cinétique de réduction des espèces au
voisinage des électrodes, le dépôt du nickel étant privilégié (il s'agit d'un constat
difficile à expliquer).
Dans la plupart des applications, le pourcentage volumique
de particules dispersées dans la matrice en alliage monophasé de Zn-Ni est choisi
sensiblement compris entre 1% et 20%. Ce pourcentage sera ajusté en fonction
des caractéristiques des particules (taille notamment) de façon à obtenir à la fois,
d'une part, une efficace protection contre la corrosion et les propriétés
tribologiques de lubrification recherchées, d'autre part, une bonne cohésion du
revêtement.
Dans le cas où l'on recherche un revêtement contenant un
pourcentage volumique élevé de particules dispersées dans la matrice, en
particulier un pourcentage sensiblement compris entre 10% et 20%, le
revêtement peut être réalisé par le procédé électrolytique ci-dessus rappelé, en
confinant les particules en suspension dans le bain électrolytique à proximité de
la surface du substrat grâce à une membrane poreuse.
L'invention s'étend aux substrats en acier ou en alliage
d'aluminium protégés par mise en oeuvre du procédé précédemment défini. Selon
un premier mode de réalisation, un tel substrat comprend en surface un
revêtement composite d'épaisseur supérieure à 3 microns formé, d'une part, d'au
moins une matrice en alliage de zinc-nickel Zn-Ni adhérant audit substrat,
d'autre part, de particules dispersées dans ladite matrice, et est caractérisé en ce
qu'au moins une matrice du revêtement est en alliage monophasé Zn-Ni dans
lequel la teneur massique en nickel est sensiblement comprise entre 12% et 20%,
en particulier entre 14% et 17%, les particules dispersées dans ladite matrice
étant des particules de polymères organiques ou des particules minérales
possédant des propriétés lubrifiantes, en particulier des particules de
polytétrafluoroéthylène PTFE, de sulfure de molybdène MoS2 ou de nitrure de
bore BN.
Selon un autre mode de réalisation, le substrat est pourvu
d'un revêtement du type défini ci-dessus, comprenant à la fois des particules de
polymères organiques ou des particules minérales possédant des propriétés
lubrifiantes, et d'autre part, des particules céramiques de dureté supérieure à celle
de ladite matrice. Lesdites particules céramiques sont avantageusement choisies
parmi : les carbures, notamment SiC, et les oxydes, notamment Al2O3 ou ZrO2.
Bien entendu le revêtement composite déposé sur le
substrat conformément à l'invention peut subir toute opération courante de post-traitement
ou de finition (conversion de l'alliage pour lui conférer une teinte
donnée ou des propriétés améliorées notamment anti-corrosion...).
Les exemples comparatifs qui suivent, en référence aux
dessins annexés, illustrent des modes de mise en oeuvre du procédé de l'invention
et les caractéristiques et performances des substrats revêtus obtenus ; sur le
dessin, la figure unique schématise une installation pilote dans laquelle ont été
réalisés les divers revêtements étudiés.
Les co-dépôts de zinc-nickel avec occlusion de particules
ont été réalisés dans les exemples au moyen d'une cuve pilote d'une capacité de
14 litres de type de celle schématisée à la figure 1.
La pièce ou substrat à recouvrir est fixée au centre de la
cuve à un support d'éprouvette 1 et portée à un potentiel cathodique. Deux
anodes de nickel 2 et 3 sont situées de part et d'autre et à équidistance de celle-ci.
La densité de courant cathodique est le paramètre contrôlé par l'opérateur, qui
permet de contrôler la vitesse de croissance des dépôts. L'électrolyte
thermorégulé dans un compartiment extérieur est introduit dans la partie
supérieure de la cuve à l'aide d'une rampe de distribution 4. Pour limiter le
phénomène de diffusion des espèces chargées en solution et optimiser la
répartition des co-dépôts, la pièce est animée d'un mouvement périodique défini
en fonction de sa forme. L'uniformité du flux de suspension à la surface de la
pièce dont dépend la concentration locale en éléments électroactifs et en
particules, peut nécessiter dans certains cas d'aménager en périphérie de celle-ci
des cathodes ou anodes spécifiques ainsi que des distributeurs localisés de
suspension.
Les exemples donnés ci-après en I et II sont relatifs à des
dépôts obtenus à partir de suspensions de particules, respectivement de carbure
de silicium (I) et de PTFE (II) dans des électrodes Zn-Ni alcalins.
I/ DÉPÔT DE Zn-Ni/SiC
Particules :
Le carbure de silicium est fourni par la société NEYCO
(marque déposée). Sa pureté est de 99,9%, sa taille moyenne de 660 nm et la
surface spécifique est de 10,4 m2/g. La teneur théorique en carbone est de
29,96% alors que la teneur mesurée est de 29,75%. Ce léger décalage traduisant
un défaut en carbone est le reflet de la présence de SiO2 en surface mis en
évidence par diffraction des rayons X. Les principales impuretés sont le fer
(0,03%), l'aluminium (0,02%) et le vanadium (0,02%).
Electrolytes :
Plusieurs électrolytes alcalins ont été testés pour constituer
les suspensions de dépôt. Ces électrolytes alcalins sont constitués à partir
d'oxyde de zinc et de solution concentrée de nickel complexé dans de la soude.
Les surfaces anodiques sont des anodes de nickel. Afin d'établir des
comparaisons entre les revêtements à matrice monophasée Zn-Ni 12-15% et à
matrice biphasée 6-8%, des dépôts monophasés de zinc-nickel/SiC à 12-15% et
des dépôts biphasés 6-8% en nickel ont été élaborés à partir des électrolytes
commerciaux Enviralloy (marque déposée) Ni 12-15 et Reflectalloy (marque
déposée) 200 Ni-J dont les compositions sont décrites dans les tableaux suivants :
Enviralloy Ni 12-15® | Réflectalloy 200 Ni-J |
ZnO | 13g/l | ZnO | 11g/l |
NaOH | 145g/l | NaOH | 120g/l |
Sel métallique Ni 12-15 | 12ml/l | Sel métallique Ni-S | 28ml/l |
Complexants Ni 12-15CX-Rack | 85ml/l | Complexant Ni-T | 100ml/l |
Stabilisant Ni 12-15STR | 87ml/l | Additif ZN 200A | 8ml/l |
Brillanteur Ni 12-15 base | 1ml/l | Additif 75 | 2ml/l |
Brillanteur Ni 12-15 | 1,7ml/l | Ni2+ | 1,9 g/l |
Brillanteur Ni 12-15 LCD | 1ml/l | Zn2+ | 9g/l |
Mouillant Ni 12-15 | 0,1ml/l |
Ni2+ | 1g/l |
Zn2+ | 10g/l |
Préparation des substrats avant dépôt :
La préparation de surface comporte plusieurs phases dont
les principales sont :
- le dégraissage qui consiste à éliminer les huiles et les
graisses de la surface des pièces,
- le décapage qui consiste à dissoudre les composés
chimiques formés entre les espèces métalliques constituant le substrat et
l'environnement de celui-ci (oxydes, carbures, ...),
- le pré-dépôt, nécessaire dans certains cas pour favoriser
l'adhérence, consiste à déposer une ou plusieurs couches intermédiaires par des
procédés chimiques. Cette étape permet de limiter la réactivité des substrats
pendant l'étape de dépôt du composite et d'établir un gradient d'accommodation
des propriétés mécaniques entre le substrat et le revêtement.
Alliages d'aluminium :
Quatre types d'alliages définis par la norme AFNOR A 02-104
ont été utilisés :
- 2024T3 (Al/Cu) utilisé dans les applications
aéronautiques,
- AS9U3 (Al/Si/Cu), alliage de fonderie sous pression
utilisé dans l'automobile, l'électroménager, les pièces mécaniques complexes,
- AS7G06 (Al/Si/Mg), alliage de fonderie coulé en coquille
à haute résistance mécanique utilisé dans l'automobile, l'armement,
l'aéronautique et le spatial,
- AU5NKZr (Al/Cu/Ni/Co/Zr), alliage utilisé à des
températures de l'ordre de 250°C (moteurs diesels).
Aciers :
Deux familles d'acier ont été utilisées, des aciers non alliés
comme l'acier de nuance XC 10 ou des aciers alliés comme 35 NCD16 et 15
CDV6 (selon la norme NF EN 10 020).
Elaboration de revêtements composites ZnNi/SiC :
Les conditions d'élaboration du revêtement sont fournies
ci-dessous :
Electrolyte | [SiC] bain (g/l) | pH | T (°C) | Q pompe (l/h) | V (tr/min) | J(A/dm2) |
Zn-Ni 12-15 | 40 à 120 | 13,5 | 30 | 50 | 50 à 400 | 1 à 5 |
Le taux d'incorporation des particules dépend des
conditions hydrodynamiques, de la densité de courant et de la concentration en
particules dans le bain.
Caractéristiques des revêtements zinc-nickel/carbure de
silicium obtenues :
Sont données dans le tableau ci-dessous, les
caractéristiques des revêtements zinc-nickel/carbure de silicium obtenues :
Durée | 74 mn | 148 mn | 222 mn |
| 50rpm | 125rpm | 50rpm | 75rpm | 100rpm | 125rpm | 150rpm | 75rpm | 100rpm |
2024T3 | 15µm 3,5%SiC | 9µm / | 40µm 0%SiC | 20µm 4,3%SiC | 17µm 2,9%SiC | 13µm 3,1%SiC | | 38µm 3,2%SiC | 37µm 3%SiC |
AS9U3 | | | 40µm 0%SiC | 38µm 4,9%SiC | 35µm 3,2%SiC | 37µm 5,1%SiC | 35µm 5,9%SiC | 50µm 4,6%SiC | 55µm 4%SiC |
AS7GO6 | | | 40µm 0%SiC | | 38µm 4,4%SiC | | 35µm 6,9%SiC |
AU5NKZ r | | | 40µm 0%SiC | | 35µm 6,4%SiC | | 33µm 6,1%SiC |
14%Si | | | 40µm 0%SiC | | | | 45µm 7,3%SiC |
Il convient de noter que la nature du substrat a peu
d'influence sur les caractéristiques macroscopiques du revêtement. Comme déjà
indiqué, la présence de particules dans l'électrolyte entraíne, quel que soit le
dépôt, un enrichissement en nickel de la matrice de 1 à 2%.
Les variations structurales des revêtements composites à
matrice zinc-nickel dépendent essentiellement de la teneur en nickel de l'alliage.
Si on fait varier la teneur en ions nickel de la suspension, on obtient un
diagramme de phase des alliages électrodéposés, différent de celui obtenu à
l'équilibre thermodynamique, où apparaissent des phases métastables. Jusqu'à
une teneur en nickel de 6%, l'alliage est constitué uniquement de la phase
hexagonale η sursaturée et déformée du zinc. Au-delà, la proportion de phase η
diminue alors que la phase cubique centrée γ commence à cristalliser, puis
devient rapidement importante. Au-delà de 12%, l'alliage est monophasé γ.
Dans le domaine d'existence de la phase η, on observe des
faciès de grains géométriques de forme quasi-hexagonale, alors que dans celui de
la phase γ les dépôts sont lisses (Ra<0,3), uniformes et présentent un aspect
brillant.
PROPRIETES DES REVÊTEMENTS Zn-Ni/SiC OBTENUS
Les caractéristiques en corrosion et tribologiques des
dépôts composites ZnNi/SiC monophasé à 12-16% en nickel sont fournies ci-après
et comparées à celles des dépôts biphasés à 6-8% en nickel dans la matrice.
a - propriétés anticorrosion
Les dépôts étudiés sont de 10µm d'épaisseur sur un
substrat en acier XC10. Ces revêtements ont subit un traitement de finition
chromique et un traitement thermique de 8 heures à 190°C.
Le tableau ci-après met en évidence une grande différence
en terme de résistance à la corrosion (temps d'apparition de la rouille rouge) pour
les deux types de dépôts. (Caractérisations en brouillard salin selon la norme
NFX41-002). Les dépôts monophasés, dont la teneur en nickel est comprise entre
12 et 16%, possèdent une résistance à la corrosion nettement supérieure à ceux
biphasés contenant 6-8% en nickel. Il faut souligner que la présence d'une rayure
ne modifie en rien le temps d'apparition de la rouille rouge dans le cas des
revêtements à 12-15% de nickel.
Dépôt ZnNi/SiC | Apparition de la rouille blanche | Apparition de la rouille rouge |
12-16% Ni | avec rayure | 48h | >750h |
sans rayure | 96h | >750h |
6-8% Ni | avec rayure | 24h | 200h |
sans rayure | 48h | 264h |
b - Propriétés tribologiques :
Le tableau ci-après met bien en évidence l'augmentation de
dureté avec la teneur en nickel du dépôt et la présence de particules. Pour
comparer les propriétés tribologiques des deux revêtements Zn-Ni/SiC, l'étude a
été limitée à celle de la résistance à l'abrasion. Les essais ont été réalisés sur des
éprouvettes circulaires en acier 35 NCD 16 revêtues de dépôts zinc-nickel/SiC de
20µm d'épaisseur.
Dureté Zinc-nickel(Hv) | Dureté Zinc-Nickel/SiC (Hv) |
Epaisseur (µm) | 6-8% | 12-16% | 6-8% | 12-16% |
20 | 150 à 200 | 400 à 500 | 250 à 300 | 650 à 800 |
(Mesure de la micro-dureté Vickers des dépôts zinc-nickel et zinc-nickel/SiC). |
Le tableau ci-après donne les indices TABER des différents
revêtements pour 10000 cycles d'abrasion sous une charge de 1kg. Ces essais
montrent une grande différence de résistance à l'abrasion des deux revêtements.
Le dépôt composite biphasé à faible teneur en nickel possède un indice TABER
de 15,5 alors que celui monophasé à haute teneur en nickel est de 2,5 et présente
donc une résistance à l'abrasion très supérieure.
Dépôt | Indice TABER (10000 cycles) | Amélioration de l'indice TABER par la présence de SiC |
ZnNi | 12-16% Ni | 6 |
ZnNi/SiC | 12-16% Ni | 2,5 | 58% |
ZnNi | 6-8% Ni | 18 |
ZnNi/SiC | 6-8% Ni | 15,5 | 14% |
COMPARAISON DES PROPRIETES DES REVÊTEMENTS
COMPOSITES MONOPHASES ZnNi/SiC 12-16% EN Ni AVEC CELLES
D'AUTRES REVÊTEMENTS
a - Anticorrosion :
Ces essais ont pour objectif de comparer la résistance à la
corrosion accélérée en atmosphère saline du revêtement conforme à l'invention à
des revêtements obtenus par différents traitements connus, à épaisseurs égales
correspondant aux épaisseurs couramment exigées par les normes aéronautiques.
Les éprouvettes ont été retirées du brouillard salin dès l'apparition des première
piqûres, à une distance de plus de 5mm des bords.
Substrats | Traitements | Epaisseur mesurée (µm) | Apparition de la rouille rouge |
Acier | Ni-P | 9,9 | 24h |
20,4 | 24h |
27 | 48h |
Ni-P traité 400°C | 10 | 24h |
19,5 | 24h |
29,5 | 48h |
Nickel électro | 32 | 96h |
Chrome dur | 40 | 96h |
80 | 750h |
Zn-Ni/SiC (invention) | 10 à 14 | 1000h |
17 à 22 | 1500h |
27 à 33 | 2000h |
Aluminium | OAD | 26 à 32 | 336h |
32 à 41 | 336h |
54 à 66 | 336h |
Zn-Ni/SiC (invention) | 8 à 12 | 1000h |
17 à 22 | 1500h |
27 à 33 | 2000h |
(durée de tenue en brouillard salin des revêtements selon la norme NF X 41-002) |
On peut observer sur le tableau ci-dessus que les durées
d'exposition en brouillard salin avant apparition de l'attaque du substrat sont très
largement supérieures pour les revêtements conformes à l'invention.
b - Résistance à la rayure :
Chacun des dépôts a été rayé sur une machine d'essai
spécifique. Les paramètres de l'essai sont:
- longueur de la rayure 2mm,
- charge 500g,
- vitesse de rayage 20µm/s,
- indentateur de type micro-dureté Vickers.
On a ensuite mesuré avec un rugosimètre 3D les
profondeurs et largeurs de rayures effectuées dans les mêmes conditions sur les
différents traitements. Il suffit dès lors de calculer leur aire et l'on obtient une
indication sur la capacité de résistance à la rayure des dépôts (aire =
largeur*hauteur*1/2). Les résultats sont reportés dans le tableau ci-après.
Substrats | Traitements | Epaisseur mesurée (µm) | Profondeur de la rayure (µm) | Largeur de la rayure (µm) | Surface de la rayure (µm2) |
Acier | Ni-P | 9,9 | 6 | 60 | 180 |
27 | 3,5 | 40 | 70 |
Ni-P traité 400°C | 10 | 4 | 40 | 80 |
29,5 | 2 | 30 | 40 |
Nickel électro | 32 | 3 | 30 | 45 |
Zn-Ni/SiC (invention) | 10 à 14 | 7 | 50 | 175 |
17 à 22 | 4,5 | 60 | 143 |
27 à 33 | 6 | 60 | 151 |
Aluminium | OAD | 26 à 32 | 9 | 80 | 300 |
32 à 41 | 8 | 80 | 320 |
54 à 66 | 11 | 90 | 495 |
Zn-Ni/SiC (invention) | 8 à 12 | 7 | 60 | 210 |
17 à 22 | 5 | 55 | 137 |
27 à 33 | 4,5 | 55 | 124 |
Il faut d'abord noter que les moyennes des valeurs obtenues
sur les revêtements conformes à l'invention, qu'ils soient élaborés sur acier ou
sur aluminium, respectivement 156µm2 et 157µm2, sont identiques, ce qui permet
de penser que le substrat a peu d'influence. Avec une surface de rayure moyenne
de 156µm2, le revêtement conforme à l'invention a mieux supporté cette
sollicitation que l'OAD (370µm2). Par contre, si le nickel chimique n'a pas des
performances très supérieures avec 125µm2, le nickel chimique traité et le nickel
sulfate sont bien plus résistants, respectivement 60 et 45µm2.
c - Essais pion-disque
Quand un corps glisse sur un autre, il oppose une résistance
au mouvement appelée frottement, caractérisée par un coefficient de frottement
et un taux d'usure (mesuré notamment par une perte de masse). Dans l'objectif
de comparer les performances des revêtements de Zn-Ni/SiC avec celui des
autres revêtements retenus, une série de tests a été réalisée sur les différents
échantillons à l'aide d'un tribomètre « pion-disque » en mesurant les pertes de
masse. Les essais ont été réalisés sans lubrification sous une charge de 1kg, et
une vitesse de rotation du disque de 2m/s à température ambiante, avec comme
antagoniste des pions hémisphériques en acier 30 CD nitruré. La perte de masse
est mesurée après 1000 et 10000 cycles. Les paramètres de l'essai ont été fixés
par une pré-série de tests permettant d'obtenir un résultat représentatif sur
l'ensemble des couples pion/revêtement. Les résultats des caractérisations sont
reportés dans le tableau suivant :
Substrats | Traitements | Epaisseur mesurée (µm) | Perte de masse après 1000 cycles (mg) | Perte de masse après 10000 cycles (mg) |
Acier | Ni-P | 20,4 | 65,7 | 81 |
27 | 148,8 | 179,5 |
Ni-P traité 400°C | 19,5 | 0,3 | -0,4 |
29,5 | -1 | -1,3 |
Nickel électro | 32 | 2 | -0,9 |
Chrome dur | 15 à 30 | / | 1 |
40 à 60 | / | 1,2 |
80 à 100 | / | 3 |
Zn-Ni/SiC (invention) | 10 à 14 | 5,4 | 14,6 |
17 à 22 | 1 | 13,8 |
27 à 33 | 15,2 | 15,2 |
Aluminium | OAD | 26 à 32 | 37,5 | 82,2 |
32 à 41 | 38,6 | 66,58 |
54 à 66 | 20,1 | 120,9 |
Zn-Ni/SiC (invention) | 8 à 12 | 3,6 | 11,3 |
17 à 22 | 3,8 | 12,6 |
27 à 33 | 6,6 | 28,9 |
(Le signe - correspond à un transfert de matière) |
Si l'on observe les valeurs obtenues après 10000 cycles, sur
aluminium tout d'abord, la perte de masse moyenne du Zn-Ni/SiC de l'invention
est de 17,6mg, contre plus de 89mg pour l'oxydation anodique dure. La
résistance à l'usure du Zn-Ni/SiC conforme à l'invention est donc la plus élevée.
Sur acier, la résistance à l'usure du nickel électrolytique, du chrome dur et du
nickel chimique traité thermiquement apparaít très élevée. Au cours du test et
surtout après 10000 cycles, la perte de masse est négligeable, les dépôts sont très
peu altérés (pour ces revêtements, il se produit un transfert de masse, et c'est le
pion qui subit le phénomène d'usure).
d - Caractérisation des propriétés anti-corrosion sur pièces
mécaniquement dégradées.
Ces essais ont pour but de caractériser les performances en
corrosion après une dégradation mécanique des revêtements. Il a donc été
effectué sur chacune des éprouvettes deux sollicitations mécaniques : une rayure
jusqu'au substrat, technique qui présente l'avantage de correspondre à un mode
d'usure fréquemment rencontré, mais qui a l'inconvénient de ne pas être
reproductible, et des dégradations mécaniques contrôlées effectuées par
indentation en macro-dureté HRC sous 150kg sur acier et 45kg sur aluminium.
Deux résultats par éprouvette ont ainsi été obtenus : le nombre d'heures avant
apparition de la rouille rouge (acier) ou blanche (aluminium) dans la rayure et au
niveau de l'indentation.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Substrats | Traitements | Epaisseur mesurée (µm) | Apparition de la rouille sur rayure | Apparition de la rouille sur indentation |
Acier | Ni-P | 9,9 | 24h | 24h |
20,4 | 24h | 24h |
27 | 24h | 24h |
Ni-P traité 400°C | 10 | 24h | 24h |
19,5 | 24h | 24h |
29,5 | 24h | 24h |
Nickel électro | 32 | 24h | 24h |
Chrome dur | 80 à 100 | 24h | 24h |
Zn-Ni (12-16% de Nickel) | 8 à 12 | 864h | 336h |
17 à 22 | 1500h | 336h |
28 à 35 | 2000h | 700h |
Zn-Ni/SiC (invention) | 10 à 14 | 792h | 648h |
17 à 22 | 3500h | 1000h |
27 à 33 | 4500h | 1500h |
Aluminium | OAD | 26 à 32 | 24h | 24h |
32 à 41 | 24h | 336h |
54 à 66 | 24h | 168h |
Zn-Ni/SiC (invention) | 8 à 12 | 864h | 600h |
17 à 22 | 864h | 1000h |
27 à 33 | 3500h | 1500h |
De la rouille rouge apparaít en moins de 24h sur les rayures
quel que soit le revêtement, à l'exception des Zn-Ni et Zn-Ni/SiC conformes à
l'invention (l'anomalie du nickel électrolytique pour lequel les piqûres dans la
rayure sont apparues après celles dans les indentations est à attribuer au fait que
le substrat n'était très certainement pas atteint par le sillon). De façon
surprenante, l'apparition des piqûres dans les indentations relevées sur les
revêtements Zn-Ni/SiC conformes à l'invention se sont produites
systématiquement bien après celles du zinc-nickel seul. Le mode de sollicitation
étant ici parfaitement reproductible, on a ainsi mis en évidence l'amélioration des
propriétés de résistance à la corrosion de revêtements conformes à l'invention
lorsqu'ils sont dégradés.
II - DÉPÔT DE Zn-Ni/PTFE
Les caractéristiques en corrosion et tribologiques de dépôts
composites zinc-nickel/PTFE à matrice monophasée 12-16% en nickel sont
comparées à celles de dépôts à matrice biphasée 6-8% en nickel. Les paramètres
d'élaboration identiques à ceux précédemment utilisés conduisent à des
compositions, structures et performances en corrosion identiques.
Dépôts | Epaisseurs (µm) | Coef. de frottement |
ZnNi/PTFE 12-16% Ni
(invention) | 20 | 0,15 |
ZnNi 12-16% en Ni | 20 | 0,35 |
Le tableau ci-dessous établit une comparaison avec d'autres
dépôts connus.
Dépôts | Epaisseurs (µm) | Coef. de frottement |
ZnNi/PTFE 12-16% Ni
(invention) | 20 | 0,15 |
Chrome | 90 | 0,10 |
Cadmium | 20 | proche de 1 |
Les coefficients de frottement ont été mesurés dans les
conditions déjà définies (force appliquée : 5 Newtons, vitesse de déplacement :
3,5 cm/s).
Ainsi, on obtient dans le cas de l'invention un coefficient
de frottement du même ordre de grandeur que celui d'un revêtement au chrome
quatre fois plus épais (en-dessous de 90µm d'épaisseur, le revêtement au chrome
perd ses propriétés protectrices contre la corrosion en raison de sa fissuration).
Pour le revêtement au cadmium, le coefficient de frottement est proche de 1 en
raison de la force élevée appliquée lors des essais et mesures.
La résistance à la corrosion était similaire pour les trois
revêtements du dernier tableau.