[0001] La présente invention est relative à un échappement à détente pour pièce d'horlogerie comprenant une roue d'échappement, un balancier sur l'axe duquel est fixé un grand plateau équipé d'une palette d'impulsion et d'un premier doigt d'actionnement, un bloqueur en forme de bascule articulée sur un axe, ce bloqueur portant une palette de repos, un second doigt d'actionnement et un palpeur terminé par un bec, ledit échappement comprenant encore un organe élastique agissant sur l'un des doigts d'actionnement pour entraîner l'autre doigt et actionner le bloqueur quand le plateau tourne dans un premier sens et pour contourner ledit autre doigt sans l'entraîner quand le plateau tourne dans un second sens opposé au premier,
l'axe du balancier portant en outre un petit plateau dans le pourtour circulaire duquel est pratiquée une entaille dans laquelle pénètre le bec du palpeur quand la palette de repos se dégage de la roue d'échappement.
[0002] Un échappement à détente répondant à la description ci-dessus a déjà été proposé et décrit dans l'ancien brevet suisse CH-3299 dû à Emile James. La fig. 1 de la présente description illustre l'arrangement proposé qui montre une détente-bascule pivotée à l'une de ses extrémités selon une construction classique de ce genre d'échappement.
[0003] L'axe 40 du balancier porte un grand plateau 41, un premier petit plateau 42 portant une entaille 43 et un second plateau 44 portant un doigt d'actionnement 45. La détente-bascule 46 est pivotée sur un axe 47. Elle porte une palette de repos 48, une goupille 49, un bec 50 et un ressort-lame 51.
La détente-bascule 46 est ramenée au repos par un ressort spiral de repos 53.
[0004] Au moment où le doigt d'actionnement 45 soulève la détente-bascule 46 à l'aide du ressort-lame 51, le bec 50 pénètre dans l'entaille 43 en même temps que la roue d'échappement 52 avance d'un pas. Pendant l'arc supplémentaire le bec 50 est dégagé de l'entaille 43 et se trouve à proximité du pourtour circulaire 54 du premier petit plateau 42 dans la position illustrée sur la figure.
[0005] Cette disposition a l'avantage d'empêcher qu'une dent de la roue 52 ne quitte la palette de repos 48 lorsque la pièce d'horlogerie reçoit un choc.
A ce moment en effet, le bec 50 vient appuyer un court instant contre le pourtour circulaire 54 du premier petit plateau 42 ce qui arrête la détente-bascule 46 qui est tout de suite ramenée au repos par le ressort spiral de rappel 53.
[0006] Cette même description met le doigt sur une faiblesse affectant l'échappement à détente, à savoir celle d'être sensible aux chocs aussi cet échappement est-il réservé surtout aux chronomètres de marine peu sollicités mécaniquement, cet échappement ayant la réputation de ne pas bien convenir aux montres-bracelet.
[0007] Si l'on revient au brevet suisse cité, on remarque cependant que l'extraction du bec 50 hors de l'entaille 43 n'est possible que grâce au ressort spiral 53 qui exerce un effort de rappel sur la détente-bascule 46.
Sur la figure de l'art antérieur on observe que l'entaille 43 porte des flancs abrupts, quasi radiaux empêchant toute sortie du bec qui serait provoquée par la seule rotation du plateau lui-même.
[0008] On pourrait ainsi faire l'économie du ressort de rappel si l'on conformait l'entaille et le bec qui vient s'y introduire de telle façon que le rappel de la détente soit provoqué par la rotation même du plateau.
C'est le but que se propose d'atteindre la présente invention.
[0009] Ainsi l'échappement à détente de la présente invention, en plus qu'il répond à la définition du premier paragraphe de cette description, est-il remarquable en ce que le retour de la palette en position de repos est provoqué par un flanc montant de ladite entaille arrangé de telle façon que ledit bec escalade ledit flanc quand le petit plateau tourne dans ledit premier sens.
[0010] L'invention va être expliquée maintenant en détail ci-dessous par un mode d'exécution donné à titre d'exemple, cette exécution étant illustrée par les dessins annexés dans lesquels:
<tb>la fig. 1<sep>montre un échappement à détente de l'art antérieur discuté dans le préambule de cette description,
<tb>la fig. 2<sep>est une vue en plan d'un mode d'exécution de l'échappement selon l'invention,
<tb>la fig. 3<sep>est une vue en perspective de l'échappement montré en fig. 2,
<tb>la fig. 4<sep>est un agrandissement de la zone IV de la fig. 3,
<tb>les fig. 5 à 11<sep>sont des vues en plan explicitant plusieurs phases de fonctionnement de l'échappement selon l'invention.
[0011] Les fig. 2, 3 et 4, illustrent l'échappement à détente objet de la présente invention. L'échappement comprend une roue d'échappement 2 munie de dents 3. Sans que cela soit représenté, la roue d'échappement est entraînée par le rouage de la montre qui reçoit sa force motrice du barillet. Les figures montrent un grand plateau 4 monté sur l'axe 16 d'un balancier (non représenté). Le grand plateau 4 est équipé d'un premier doigt d'actionnement 14 et d'une palette 5 recevant des impulsions par les dents 3 de la roue 2. Le système montre encore un bloqueur 6 en forme de bascule articulée sur un axe 8. Le bloqueur 6 porte une palette de repos 7, un second doigt d'actionnement 11 et un palpeur 20 terminé par un bec 21.
La palette de repos coopère avec les dents 3 de la roue 2. L'échappement comprend encore un organe élastique 12 agissant sur l'un des doigts d'actionnement - dans le cas des fig. 2 à 4 sur le doigt 14 - pour entraîner l'autre doigt - en l'occurrence le doigt 11 - et actionner le bloqueur 6 quand le plateau 4 tourne dans un premier sens a et pour contourner ledit autre doigt - ici le doigt 11 - sans l'entraîner quand le plateau tourne dans un second sens b opposé au premier.
[0012] On trouve donc là le principe de tout échappement à détente dans lequel l'impulsion au balancier n'est donnée qu'une fois par oscillation pendant laquelle la roue d'échappement tourne d'un pas angulaire tandis que, dans l'échappement à ancre, ladite roue avance d'un demi-pas à chaque alternance.
On mesure ici un des avantages apporté par l'échappement à détente puisque l'énergie perdue par suite de l'inertie de la roue d'échappement n'intervient qu'une fois par oscillation au lieu d'une fois par alternance.
[0013] Les fig. 2 à 4 montrent en outre que l'axe 16 du balancier porte un petit plateau 23 dans le pourtour circulaire 24 duquel est pratiquée une entaille 22. Comme cela sera montré plus loin, le bec 21 du palpeur 20 pénètre dans l'entaille 22 quand la palette de repos 7 se dégage des dents 3 de la roue d'échappement 2.
[0014] Plus précisément les fig. 2 à 4 montrent que le bloqueur 6 comporte une première branche 9 qui porte la palette de repos 7 et une seconde branche 10 qui porte le second doigt d'actionnement et le palpeur 20 terminé par le bec 21.
Plus précisément aussi, ces mêmes figures suggèrent que l'organe élastique 12 agit sur le premier doigt d'actionnement 14. En cela la construction illustrée aux fig. 2 à 4 diffère de celle montrée en fig. 1 représentant l'art antérieur.
[0015] Comme cela a été dit plus haut, l'art antérieur prévoit aussi un petit plateau coopérant avec un palpeur pour rendre l'échappement résistant aux chocs exercés sur la pièce d'horlogerie, mais ne fait pas l'économie d'un ressort spiral ramenant le bloqueur en position de repos. C'est le but de la présente invention de proposer une construction qui se passe de tout ressort de rappel en mettant à profit la rotation du plateau pour effectuer ce rappel.
Dans cette perspective, l'échappement de la présente invention est remarquable en ce que le retour de la palette 7 en position de repos est provoqué par un flanc montant 25 de l'entaille 22 pratiquée dans le pourtour 24 du petit plateau 23, ce flanc étant incliné de telle façon que le bec 21 terminant le palpeur 20 escalade ledit flanc 25 quand le petit plateau tourne dans le premier sens a.
[0016] Le mode d'exécution décrit montre un organe élastique 12 situé entre les grand et petit plateaux 4 et 23. Cet organe ne sera pas décrit ici en détail car il peut se présenter sous différentes formes, son rôle essentiel étant d'agir sur le premier doigt 14 pour entraîner le second doigt 11 dans un sens de rotation a des plateaux et pour s'escamoter ou contourner ce doigt 11 dans le sens de rotation opposé b.
On observera ici que l'organe élastique pourrait être disposé sur le bloqueur 6 et agir sur le doigt 11 dudit bloqueur. A ce moment le doigt 14 serait un doigt implanté fixement sur le plateau 4.
[0017] Enfin l'invention pourrait être appliquée à l'échappement décrit plus haut dans l'art antérieur, à condition que le premier petit plateau 42 porte une entaille 43 à flanc correctement incliné, ce qui permettrait de se passer du ressort spiral de rappel 53 (voir fig. 1).
[0018] On va décrire maintenant en détail le fonctionnement de l'échappement à détente en s'aidant des fig. 5 à 11 qui illustrent différentes phases de ce fonctionnement.
[0019] En fig. 5, le plateau 4 tourne dans le sens de la flèche a. Le second doigt 14 sur lequel agit l'organe élastique 12 entre en contact avec le premier doigt 11 du bloqueur 6.
La palette de repos 7 du bloqueur 6 est engagée à fond dans la dent 60 de la roue d'échappement 2 qui est bloquée. Le bec 21 du palpeur 20 se présente à l'entrée de l'entaille 22.
[0020] En fig. 6, le plateau 4 continue sa course dans le sens de la flèche a. Le second doigt 14 entraîne le premier doigt 11 du bloqueur 6 et fait basculer ce dernier dans le sens de la flèche c, amenant la palette de repos 7 à la limite du dégagement de la dent 60. Le bec 21 s'enfonce dans l'entaille 22.
[0021] En fig. 7, la roue d'échappement 2 est libre et tourne dans le sens de la flèche c. Sa dent 61 entre en contact avec la palette 5 du grand plateau 4, ce qui a pour effet de donner une nouvelle impulsion audit plateau qui tourne dans le sens de la flèche e avec le balancier qui lui est lié.
Le second doigt 14 est sur le point de décrocher d'avec le premier doigt 11.
[0022] En fig. 8, l'impulsion de la dent 61 sur la palette 5 est en cours; le second doigt 14 a décroché d'avec le premier doigt 11 entraînant le bec 21 du palpeur au début du flanc 25 de l'entaille 22 pratiquée dans le petit plateau 23.
[0023] La fin de l'impulsion est présentée en fig. 9. La dent 61 est sur le point de quitter la palette 5. Le petit plateau 23 a été entraîné par la dent 61 dans le sens de la flèche a, ce qui a provoqué l'escalade forcée du bec 21 sur le flanc 25 et obligé la palette de repos 7 à s'introduire dans l'espace séparant les dents 60 et 62, le bloqueur 6 tournant alors dans le sens de la flèche f.
[0024] En fig. 10, la dent 62 vient d'entrer en contact avec la palette de repos 7.
L'énergie cinétique de la roue 2 s'exerce alors sur la palette 7 par la dent 62 ce qui oblige la palette 7 à s'arrêter au fond de la dent 62 et le bloqueur 6 à venir buter contre une goupille d'arrêt 63 comme le montre la fig. 11. Dès cet instant le bloqueur 6 - plus précisément sa branche 10 - est maintenue contre la butée de limitation 63 avec une certaine force. Il s'agit là d'un dispositif de sûreté de maintien du bloqueur pendant que le balancier exerce son arc d'oscillation supplémentaire, dispositif appelé tirage qui oppose une résistance au dégagement de la palette 7 lors de chocs appliqués à la pièce d'horlogerie.
Le tirage est généralement défini par un angle a formé par le plan de repos 70 de la palette 7 et une perpendiculaire 71 élevée sur un rayon 72 du bloqueur, au point de contact 73 de la dent 60 et de la palette 7 (voir fig. 2).
[0025] La fig. 11 montre encore que le bec 21 du palpeur 20 est sorti de l'entaille 22. On voit que dans cette situation le bec 21 qui termine le palpeur 20 est arrangé pour être immobile à proximité du pourtour circulaire 24 du petit plateau 23 mais sans toucher ce dernier. Les plateaux 4 et 23 sont dès lors totalement libres de parcourir leur oscillation supplémentaire, soit une alternance dans le sens de la flèche a puis une alternance dans le sens opposé après quoi un cycle recommence avec la situation présentée en fig. 5.
[0026] On remarquera pour finir que l'entaille 22 présente une ouverture en forme de V.
Le flanc d'entrée ou descendant 80 devra être conformé pour ne pas gêner l'introduction du bec 21 quand la palette de repos 7 se dégage de la roue d'échappement 2.
[0027] De façon analogue le flanc de sortie ou montant 25 devra être conformé de façon à être sûr qu'à la fin de la fonction impulsion, la palette de repos 7 soit sur la trajectoire d'une dent de la roue d'échappement afin de l'intercepter puis de l'arrêter.